Tout l’esprit de Woodstock, ou presque !
Le Comédia propose un road trip musical et psychédélique, Welcome to Woodstock où une douzaine d’artistes de talent égrène sur scène les plus grands standards de la fin des années 1960. Au détriment d’une dramaturgie digne du célèbre festival.
Des ouvreurs en pattes d’éph et lunettes de soleil rondes, des ouvreuses en jupe courte et des fleurs dans les cheveux, pas de doute, le Comédia a découvert la machine à remonter le temps, direction 1969.
Mai 1968 n’est plus qu’un souvenir contestataire, les étudiants veulent faire à la fois la paix et l’amour et si possible, en musique. C’est tout le souhait de Paul, Tom, Martine, Francis et Florence, cinq jeunes amis qui fleurent bon la vingtaine et qui veulent se rendre à Woodstock pour le festival musical du siècle. Seule Corinne, studieuse et militante extrême, refuse de participer à cette odyssée qui s’annonce aussi pop, rock que psychédélique. Et c’est sur les tubes de la comédie musicale Tommy ou le titre culte Happy together des Turtles que les cinq intrépides frenchies débarquent à Woodstock. Ils y feront notamment deux rencontres déterminantes : Angelina, qui distribue des pastilles de LSD comme des bonbons et Jimi, sosie presque officiel de Jimmy Hendricks.
Plus de 28 chansons sont ainsi interprétées en live, avec un orchestre de rock sur scène au diapason. Les décors sont impressionnants (surtout celui de la forêt proche de Woodstock), avec des écrans géants qui proposent des images aussi léchées que travaillées, avec parfois des archives d’époque qui témoignent d’un événement libre et festif comme on n’en verra jamais plus. Les artistes sont tous excellents (mention spéciale à Magali Goblet, une révélation, à la voix éraillée et puissante et au jeu subtil) et les grands standards de la chanson américaine de la fin des années 1960 sont un régal à redécouvrir.
Mais Welcome to Woodstock n’est pas réellement une comédie musicale. Elle fait partie de la mouvance des jukebox musicaux (tels Jersey Boys ou Mamma Mia) où l’histoire n’est qu’un prétexte pour entonner des tubes ultra connus, comme autant de catalyseurs de souvenirs pour le public. On aurait ainsi préféré assister à une version concert pure et dure (avec quelques artifices des années 1960), comme les deux chansons finales le proposent avec force émotion. Car le livret n’est malheureusement pas à la hauteur du talent des artistes et des réorchestrations proposées. Les dialogues sont insipides, l’intrigue fait du surplace (il faudra attendre plus d’1h30 de spectacle pour que les personnages arrivent enfin au festival tant espéré) et la fin est expédiée par une pirouette scénaristique aussi énorme que peu crédible, au détriment de la dramaturgie mise en place. Un peu comme si l’auteur ne sachant comment terminer son œuvre décidait d’y apposer le mot fin par une bonne blague, en espérant que l’on n’y verrait que du feu. Dommage quand on a réussi à tout faire pour que l’on se trouve replonger dans une époque révolue et pourtant encore aussi fantasmée qu’acclamée.
Reste le plaisir de découvrir des talents de demain et d’entendre les titres emblématiques des artistes de Woodstock, presque comme si on y était !
Welcome to Woodstock
Jusqu’au 7 janvier 2018
Le Comédia
4 boulevard de Strasbourg
75010 Paris