Sophie Cornibert est à l’initiative de Fulgurances avec Hugo, puis Rebecca. Fulgurances.com est d’abord un site qui met à l’honneur la cuisine contemporaine. Suivent une revue, et un restaurant-résidence Fulgurances, l’Adresse. Le concept du restaurant est d’accueillir des jeunes chefs du monde entier entre 3 et 6 mois, comme une résidence d’artistes. Cela permet une diversité permanente et une belle créativité dans la cuisine. Voici son Paris.
Depuis quand êtes-vous à Paris ?
Je suis à Paris depuis 10 ans pile cette année.
Votre premier souvenir à Paris ?
Mon souvenir de Paris est complètement lié à l’enfance. Nous venions petits régulièrement avec mon frère et mes sœurs rendre visite à nos grands-parents à l’automne ou l’hiver. Nous allions dans les parcs, notamment au Parc Monceau, et ça reste un lieu auquel je suis très attachée. J’ai, depuis l’âge de 7 ans environ, envie de vivre à Paris. Ça a toujours été une évidence…
Paris vous le/ la définiriez comment ?
C’est une ville sublime, mais qui ne se donne pas à toi tout de suite. Il faut l’aimer passionnément pour qu’elle te donne son meilleur. L’aimer avec son aigreur, sa folie, son bruit, sa violence, pour qu’elle dévoile sa grâce, toujours en suspens, partout, tout le temps.
Quel est votre ou vos endroit(s) favori(s) à Paris ?
J’aime énormément le jardin des Tuileries. Et tout ce passage de la rive droite à la rive gauche. Ses ponts à traverser où parfois l’on est seuls. Les arcades du Louvre aussi, comme des passages secrets où parfois l’on entend au hasard des morceaux magiques de violon au loin. J’aime marcher dans Paris, éprouver chaque nouveau quartier, chaque parfum, ambiance, couleur de pierre… le Montmartre touristique avec ses petites maisons individuelles et ses rues pavées c’est si beau aussi. La vue depuis Belleville au printemps, quand les jours commencent enfin à rallonger, que Paris enlève son manteau gris d’hiver.
Quel est votre musée favori ?
Je vais surtout voir des expositions, le Grand Palais reste un lieu incontournable, complètement protéiforme. J’ai un souvenir dingue d’un parc d’attraction reconstitué avec des jeux anciens, mais aussi plus récemment l’immense comédie musicale Chantons sous la pluie, c’était fou ce dépaysement dans un lieu que je commence à bien connaître…
Un restaurant fétiche ?
Fulgurances bien sûr ! Notre restaurant, à Hugo, Rebecca et moi. Ça fait un peu plus de deux ans maintenant qu’il est né. Mais on l’avait en tête depuis beaucoup plus longtemps, on l’a tellement rêvé ! Il est un peu particulier car à l’instar d’une résidence d’artistes, nous accueillons des chefs venus du monde entier pour 3 à 6 mois à s’approprier notre espace comme si c’était leur restaurant. En ce moment nous avons un chef estonien, avant un australien. C’est notre lieu de vie à nous, on s’y sent bien, humainement on y vit des choses incroyables et d’un point de vue créatif et de cuisine, c’est extraordinaire.
Une boutique fétiche ?
Hum, j’ai découvert récemment les Voltigeuses, une boutique de fringues dans le 10ème grâce à ma petite soeur, et je dois dire que je pourrai y passer des heures; la sélection est parfaite, le lieu aéré, on s’y sent bien, entre contemplation et craquage !
Un salon de thé, un café, un brunch ou autre à recommander ?
Monsieur Caramel ! Un lieu complètement atypique, où on a l’impression d’être invité à boire le thé chez l’adorable Yohann qui fait un merveilleux Saint Honoré. Crémeux, croquant, les choux sont aériens. Si je ne vivais pas aussi loin, ce serait mon refuge. J’ai écrit un article dessus pour l’Instant Parisien, une délicieuse application elle aussi dédiée à Paris.
Quel est votre quartier préféré ?
J’aime bien plein de quartiers dans Paris pour différentes raisons : La Butte aux Cailles et le côté vieux Paris protégé, le 5ème et son Panthéon, le quartier des étudiants, des cinémas que j’adore, où je me baladais en me disant à l’époque : un monde de possibles est devant moi, le 11ème pour son côté vibrant et parce qu’on y a notre restaurant…Chaque arrondissement de Paris peut correspondre à mon humeur.
Comment vous déplacez-vous à Paris ?
À pied. Et en métro quand j’y suis vraiment obligée, faute de temps.
Que diriez-vous à Paris ?
Je lui dirais : « Paris, t’es belle même quand tu ne souris pas ».
Si Paris était une chanson / une musique ?
Hum, je pourrais citer une chanson qui parle de Paris, mais elle ne me correspondrait pas tout à fait. Je dirais « Take this waltz » de Leonard Cohen.
Si Paris était une odeur ?
Hum, l’odeur après les marchés le dimanche vers 13h30. Tantôt agréable, poulets grillés en perspective, tantôt pestilentielle.
Votre saison préférée à Paris ?
Le printemps je crois.
Un bar préféré, un lieu la nuit ?
J’aime beaucoup les bars à vins. Moins impliquant qu’un restaurant entre amis, l’idée de pouvoir discuter des heures autour d’une bonne bouteille. J’ai une tendresse particulière pour Le Siffleur de ballons dans le 11ème. Même si nos copains tauliers n’y travaillent plus aujourd’hui, c’est un lieu de ralliement, avec mes proches, ce n’est pas très cher, on s’y sent bien, on a envie d’échanger avec les autres clients, tout peut arriver.
Paris le matin ?
J’adore le matin en général. Et j’aime voir la ville gentiment se réveiller, je marche pour arriver au restaurant, environ 25 minutes avec mes écouteurs sur les oreilles, et j’observe Paris sortir du sommeil, parfois déjà pleine d’énergie, parfois plus calme. Ou alors c’est moi qui le suis et me donne à voir la ville différemment.
Paris le dimanche ?
Je ne vis plus à Paris désormais, je l’ai quittée pour Pantin, une ville à taille humaine en pleine mutation où on y a trouvé notre cocon. Cette ville n’est de loin pas aussi belle, mais tellement attachante. Donc le dimanche, je ne suis plus vraiment dans Paris, mais je garde le souvenir de l’incroyable marché d’Aligre, des villes parfois désertes, des quais nettoyés des voitures. Aujourd’hui, je vois la Villette, ce parc est immense, génial pour les pique-niques l’été et sa programmation et le canal, quelle merveille de perspectives et d’air.
Paris et vous ?
C’est une histoire très intime. Rien que de vous répondre, ça m’émeut beaucoup. J’ai toujours considéré Paris comme une personne, c’est un peu ma confidente, ma complice Paris, je la prends absolument comme elle est, et elle, comme je suis. Je comprends qu’on ait envie de la quitter, mais moi je sens que j’ai encore un bon bout de chemin à vivre avec elle. J’ai encore envie qu’elle me surprenne !
Merci Sophie !
