« RUSALKA » À L’OPERA BASTILLE

Rusalka 18.19 (c) Guergana Damianova 18.19 - OnP (14)
(c) Guergana Damianova

Une production comme Rusalka à l’Opéra de Paris, est toujours un événement.  Un spectacle de cette qualité n’est à rater sous aucun prétexte…

Le conte d’Andersen  La Petite Sirène, est connu pour sa cruauté et pour être un des plus populaires de la culture occidentale.  C’est de lui qu’est principalement inspiré le «triste conte de fée moderne » Rusalka d’Antonín Dvořák, hommage à la culture tchèque et au folkore du pays.

Rusalka 18.19 (c) Guergana Damianova 18.19 - OnP (69)
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Dans cet opéra la figure féminine est omniprésente : Rusalka, nymphe des eaux qui souhaite rejoindre le prince qu’elle aime, Jezibaba la monstrueuse sorcière qui  l’aide mais lui confisque sa voix, et enfin la princesse étrangère qui lui vole son prince. Et c’est là que la mise en scène de Robert Carsen, qu’on ne présente plus, nous fait comprendre l’intrigue de façon plus profonde : les 3 figures se ressemblent, les chanteuses même se confondent : on parle bien ici d’une interprétation psychanalytique du conte.

Sur scène, c’est un bonheur : la ressemblance entre les femmes, mais aussi l’effet « miroir » des situations est accentué par une symétrie parfaite entre les deux mondes, chaque tableau nous montrant la réciprocité dans des dimensions différentes (horizontale, verticale…). Je n’en dévoile pas plus mais chaque changement de décor est impressionnant, repoussant les limites du possible, défiant ainsi les lois de la gravité. Un jeu avec les éléments (notamment l’eau et le feu…qui a une puissance impressionnante, pourtant du fond de l’énorme salle on a senti la température monter !) est aussi là pour rappeler les contrastes entre les personnes, les situations, mais aussi « l’ironie » qui s’en extrait.

Rusalka 18.19 (c) Guergana Damianova 18.19 - OnP (5)
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En plus d’un opéra au livret simple à comprendre et à la musique très agréable à entendre -très accessible au grand public-, cette mise en scène est une pure satisfaction visuelle…et d’une précision millimétrée. Cela est très rassurant visuellement, et compense l’immense drame dont on connaît l’issue dès le début. Mention spéciale à Camilla Nylund qui interprète une Rusalka parfaitement surnaturelle, on y voit le personnage d’Ondine de Giraudoux.

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Rusalka a ce qu’il faut de drame et de tristesse des rapports humains et la musique a ce talent de mettre dans un état mélancolique, qu’on retrouve beaucoup dans la culture slave de d’Europe de l’est. Je vous invite à plonger dans ce bel opéra et à vous laisser porter par des émotions qui atteignent presque tous les sens : on voit et on entend de belles choses fort délicates et  le thème omniprésent de l’eau est incroyablement mis en musique.

Hillel

Rusalka à l’Opéra de Paris

Conte lyrique en trois actes.

Composé par Antonin Dvorak, livret de Jaroslav Kvapil

Mis en scène par Robert Carsen

Direction musicale Susanna Mälkki

Jusqu’au 13 février à l’Opéra Bastille

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