DAU : L’expérience de l’URSS À PARIS

DAU © Phenomen IP 2019 - Photographer Olympia Orlova 7

 L’URSS À PARIS !

On entend parler de l’expérience DAU depuis des semaines, oeuvre unique et immersive… Les retours sont aussi opaques que les informations qui se laissent filtrer à ce sujet. On vous dit tout sur cet événement inédit.

DAU est tout d’abord une expérience difficile à croire : il s’agirait d’un groupe de personnes enfermées pendant plusieurs années dans un « institut de recherche » comme il en existait en URSS, avec reconstitution à l’identique. Ces personnes recréent une vie sociale avec les rôles de chacun dans la société (scientifique, policier, serveuse, bibliothécaire…). Le réalisateur Ilya Khrzhanovsky, à l’origine du projet, les a filmé dans des moments de leur vie. Cela peut paraître d’un ennui monstre, mais la qualité des films que j’ai eu la possibilité de voir m’a époustouflée. Sur 700h de film, les 5 que j’ai pu voir sont de l’ordre du chef- d’oeuvre. 

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Pour revenir à l’expérience en elle-même, les retards et problèmes logistiques ont empêché à de nombreuses personnes de vivre une expérience optimale, et certains ont pu se sentir frustrés : on aimerait tout voir. Quand on s’inscrit, nous remplissons un questionnaire qui sera la base de notre « guide » et un téléphone qui remplace le notre (mis dans une boite le temps de notre visite) nous dit d’aller à tel endroit à telle heure. On créée ensuite un VISA, qui nous permet d’entrer en DAU.  Il n’y a pas énormément de choses à faire : le principal est le visionnage des films, qui sont très longs mais nous mettent dans un rythme de vie que nous n’avons plus l’habitude d’aborder. Ils sont soit sous-titrés en anglais ou « doublé » avec une voix monotone, mais on profite quand même d’un jeu d’acteur sont-ils donc acteurs ? tous ?- d’une qualité exceptionnelle. Il s’agit d’une vraie déconnexion, où on laisse le hasard faire les choses . Parfois on se retrouve dans un énorme salle de théâtre en travaux à regarder un concert de piano, parfois on nous propose d’aller dans une « cabine d’écoute », où l’on se filme à raconter des souvenirs à des personnes inconnues qui ont été sélectionnées pour leur qualité d’écoute. 

DAU © Phenomen IP 2019 - Photographer Olympia Orlova 2

Sur place, aucun détail n’est laissé au hasard. Tout le personnel porte un uniforme, les aliments proposés sont comme ceux que mangent les personnages, on retrouve les cendriers et les bancs vus dans les films. Une certaine familiarité se créée. Malgré les heures de films visionnés, on se souvient des noms de tous les personnages, qu’on croise dans chaque film avec un rôle plus ou moins important, on entre dans leur vie et eux dans la notre. Ils ont aimé et ont souffert la torture devant nous.  On est content de sortir au bout d’un nombre indéfini d’heures…Y aura t-il des conséquences post-expérience sur notre vie ? 

Concernant les lieux, le principal est au Théâtre de la Ville : le théâtre du Châtelet est fermé pour travaux la journée et y aller pour admirer la vue du balcon est un must ! Pour le reste, je conseille de prévoir d’y rester après-midi et soir, car c’est là que commencent les concerts et autres « happenings » qui permettent de faire des « pauses » entre les visionnages des films. Il existe également une exposition de maquettes grandeur nature des lieux du tournage au centre Pompidou.

DAU © Phenomen IP 2019 - Photographer Jörg Gruber 5

C’est une expérience que j’ai adoré. J’ai aimé l’immersion, le fait de déconnecter avec ma vie et de laisser un rythme lent prendre le dessus sur celui de la vie parisienne sur-active. Je ne saurais que vous conseiller de découvrir cette oeuvre d’un nouveau genre, au moins pour voir les films (qui je l’espère seront par ailleurs visibles au grand public prochainement). 

Hillel

DAU, une oeuvre d’Ilya Khrzhanovsky

Jusqu’au 17 février au Théâtre de la Ville et au Théâtre du Chatêlet. 

 

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