Trois mises en scène de Laetitia Gonzalbes, également autrice, sont à découvrir en ce moment au Théâtre de la Contrescarpe : Péguy le visionnaire, Anna Karénine et Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde. Des pièces originales et percutantes dont elle a le secret. Voici son Paris.
Depuis quand êtes-vous à Paris ?
Je suis arrivée à Paris il y a 15 ans, suite à l’obtention d’un concours pour intégrer une école de danse professionnelle.
Votre premier souvenir à Paris ?
La place de la République. J’allais m’installer dans une chambre de bonne de 8m2 boulevard du Temple. A mon arrivée, place de la République, j’ai été envahie par un torrent d’émotions. Pour ce que représentait ce moment, mais aussi la symbolique de cette place. Je suis d’ailleurs toujours émue lorsque je passe place de la République. Pas pour mon histoire personnelle, mais plutôt pour cet idéal que j’aimerais que nous puissions un jour atteindre.
Paris vous le/ la définiriez comment ?
Je dis souvent à mes enfants : « Regardez autour de vous, rendez-vous compte, vous habitez la plus belle ville du monde ! C’est une chance ». J’ai grandi dans un magnifique petit village de l’arrière-pays niçois, Tourrettes-sur-Loup. Les montagnes, les rivières, les pierres posées une à une par les Romains, la mer… Grandir dans le beau, vous fait toujours rechercher la beauté adulte. Ces tours immondes dans lesquelles on parque des citoyens. Ces zones commerciales et industrielles, ces supermarchés, hypermarchés, « mégamarchés »… et autres inventions stupides de ce genre sont une véritable plaie pour nos sociétés.
Quel est votre ou vos endroit(s) favori(s) à Paris ?
Le parc Monceau, le Jardin du Luxembourg… J’aime beaucoup la balade à pied depuis l’Opéra Garnier jusqu’au Panthéon. Passer devant la Comédie Française, le Louvre, l’école des Beaux- Arts, longer les quais, le Pont des Arts, la cathédrale Notre-Dame de Paris (toujours une pensée particulière depuis l’incendie). La librairie Shakespeare et Company, puis pénétrer les quartiers des grandes écoles… C’est fascinant.
Quel est votre musée favori ?
Le musée Rodin. On y trouve la beauté (encore et toujours cette quête), la danse, l’esthétique, l’amour, un magnifique jardin, mais aussi la terreur et l’enfer. Je m’y sens bien et y trouve matière à réfléchir indéfiniment sur l’humain.
Un restaurant fétiche ?
Le restaurant BOCA au 11 bis rue Blanche, dans le 9ème. Très convivial, esprit tapas qui me va bien, puisque je suis d’origine andalouse et c’est succulent. Jolie décoration également. Idéal pour un chouette moment entre ami.e.s.
Une boutique fétiche ?
La Librairie de Paris, au 7, place de Clichy. Durant une manifestation des Gilets jaunes, le personnel avait dû barricader subitement le lieu, je me suis retrouvée seule cliente enfermée dedans, pendant environ une heure, cela semblait irréel. J’ai adoré ce moment.
J’aime aussi beaucoup la boutique Sfumato, au 92, rue des Dames dans le 17ème, un concept-store dans lequel je trouve toujours mon bonheur. Et Fanny, qui a créé cette boutique, est une femme sublime et très à l’écoute de ses clients.
Un salon de thé, un café, un brunch ou autre à recommander ?
Les terrasses de café de la jolie place Gustave Toudouze, avec un bon bouquin, un amoureux ou des copains.
Quel est votre quartier préféré ?
Le 9ème, le quartier des putes et des bobos. De la misère et du luxe. Des sexshops, des Folies Pigalle, de nombreux théâtres, des hôtels particuliers, des Grands magasins, l’Opéra Garnier, la Rome antique (l’Eglise Notre-Dame-de-Lorette) et la Grèce antique (la Madeleine). On peut tout vivre et tout rencontrer dans ce quartier.
Comment vous déplacez-vous à Paris ?
Principalement à pied, j’adore marcher dans Paris. C’est bon pour le corps et l’esprit, ce que je vois me remplit d’énergies positives. C’est aussi l’occasion d’appeler ma mère. Ou d’écouter une émission radio en podcast.
Que diriez-vous à Paris ?
Je te trouve quand même une petite mine et un peu engoncée dans tout ce béton. Refleurir te (nous) fera le plus grand bien.
Si Paris était une chanson / une musique ?
Une chanson d’amour, moderne et représentant une femme libre. French Cancan d’Inna Modja par exemple ?
Si Paris était une odeur ?
Malheureusement elle pue, l’odeur de Paris est quand même celle de la pollution. Pas de poésie là-dedans.
Votre saison préférée à Paris ?
Le printemps, lorsqu’on réinvestit les terrasses de café et se régale d’observer de nouveaux les jolies Parisiennes qui ont quitté les manteaux. Quel plaisir à chaque fois qu’il revient ce printemps ! Propice à l’amour.
Un bar préféré, un lieu la nuit ?
Voilà, c’est là que je me rends compte que je ne sors plus la nuit. Je vais y remédier, laissez-moi quelques mois de réaménagement dans ma vie et je saurai répondre à cette question !
Paris le matin ?
En semaine, le matin, je vois Paris du côté des mamans canes, accompagnant leurs petits canetons à l’école, d’un pas dynamique et dans des tenues strictes. Ça me fait souvent sourire de nous voir toutes et tous dans ce même rôle et même élan. Il y a de la comédie là-dedans.
Paris le dimanche ?
Il y a de la vie les dimanches à Paris et ça c’est très rassurant pour moi qui laisse beaucoup trop de place à la mélancolie et viens d’un petit village de province. Et les premiers dimanches du mois, beaucoup de musées sont gratuits !
Paris et vous ?
Une grande histoire d’amour à qui je ne peux pas promettre un toujours, sauf pour la force de son souvenir.
Merci Laetitia !