Journal d’un vieux confiné… Jour 11

En cette période de confinement, mon ami Rodolphe Trouilleux, qui vient de rejoindre le blog vous fait part d’un journal imaginaire : « Journal d’un vieux confiné  »  Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, etc, les surprises sont souvent au rendez-vous et c’est un plaisir de les partager.

Onzième jour de confinerie

Même si c’est tous les jours dimanche en ce moment on a vu le ouiquande arriver. Mais aujourd’hui on n’ira pas au Céprix comme d’hab avec la Divine vu que le placard aux mangers il est plein comme un boudin.Côté activité elle sait quoi faire : pour le moment comme elle est un peu cassée elle a arrêté le yoga, mais elle me branche avec le Kiki pour qu’il me file de ses recettes de gâteaux. Enfin, il me raconte aussi de ses histoires de familles tuyaux de poils et ça me fait bien rigoler !

L’asticote me suit partout, même aux cabinets, à tel point que je crois que c’est moi qui suis son chien. C’est terrible, mais quand elle me regarde avec ses yeux de clébard, ça me fait comme des étoiles dans la tête, une espèce de chaleur qui me prend partout et qui fait du bien.

Maman elle est un peu jalouse mais l’autre elle sait la manier comme c’est pas croyable, surtout au moment de la gamelle. Bref, avec l’asticote on forme une belle famille maintenant. On est tous cassés par la vie et un peu moche mais c’est ça qui nous rapproche.

On n’était moins tartes, même assez beaux quand on s’est mariés, y a trente ans maintenant. Tiens, justement, comme on n’a du temps pour rien faire, j’ai sorti l’albume de mariage, le rose avec des fleurs vertes et deux colombes en relief dessus.Elle était belle Maman et moi pas trop mal. Elle avait acheté une belle robe à la Redoute et moi je portais le costard des occasions spéciales que m’avait prêté l’oncle Alfred.Il était un peu grand mais avec des épingles de nourrices ça avait fait l’affaire.

C’est pas croyable mais j’avais les cheveux longs à l’époque ! Depuis j’en ai perdu les deux tiers et j’ai gagné un aérodrome à mouches, c’est comme ça.Maman elle a pas trop changé, mais elle était du genre mince comme un haricot vert. Moi elle me plaisait bien. Maman elle trouve qu’on a l’air un peu benêts tous le deux mais c’est toujours comme ça avec les jeunes mariés. Elle, sur les photos, elle sourit tout le temps. « C’était le plus beau jour de ma vie » qu’elle dit, son jour de princesse rien qu’à elle, c’est sûr.Par-contre le prince charmant il avait mal aux panards avec ses godasses toutes neuves, des machins vernis bien chers et que j’ai porté qu’une fois.

Là, sur cette photo on voit nos parents qu’étaient tous vivants à l’époque, sauf papa. La belledoche elle s’était collé un truc sur la tête dans le genre pot de fleur qui l’arrangeait pas vraiment. En plus elle avait une rage de dent, ce jour-là elle a fait la gueule tout le temps de la cérémonie.A la mairie quand on s’est passés les alliances, les deux mères – la mienne et celle de Maman – elles pleuraient comme des madeleines – Faut dire que ça devait leur rappeler des souvenirs, et aussi au beau père. Lui, il pleurait pas et il rigolait pas non plus. J’ai su après qu’il ma dit qu’il pensait que c’était à ce moment-là que sa vie avait changé. Y pensait s’embarquer pour le bonheur tranquille et la maison du rire mais, dès le lendemain, c’est plutôt dans le charriot d’un train fantôme qu’il est monté, avec Maryse – ma belledoche – aux manettes !

Ah elle lui a mené la vie dure au Philippe ! – mon beaup – Il devait bosser, ramener le pèze à la maison et fermer son clapet. Il a tout de même eu le temps et l’autorisation de lui faire trois mouflets, deux gars et une fille. Une maniaque du ménage la Maryse, que si elle avait pu se faire greffer des plumeaux à la place des doigts, elle l’aurait fait ! La cérémonie des patins, chez eux, c’était incontournable. C’est bien simple j’ai toujours glissé chez mes beaup, jamais marché normalement. Avec la belledoche ça n’a jamais gazé entre nous, j’aime pas les mégères et je me suis toujours arrangé pour l’agacer, du genre à faire tomber régulièrement mes cendres de clops par terre. Ça la rendait folle.

Enfin, bref, à la mairie c’était bien et les copains et copines y nous ont applaudis. Un beau jour quand même, avec un soleil de folie. On est allés au parc de Moulinsart pour faire des photos. Ma mère elle avait embauché un photographe pour la journée, c’est pour ça qu’on a un bel albume. C’est pas mal, surtout pour le groupe devant la mairie, sur l’escalier… Faut dire… Mais tiens, pour le reste on verra demain.

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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