Journal d’un vieux confiné…Jour 47

En cette période de confinement, mon ami Rodolphe Trouilleux, qui vient de rejoindre le blog vous fait part d’un journal imaginaire : « Journal d’un vieux confiné  »  Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, etc, les surprises sont souvent au rendez-vous et c’est un plaisir de les partager.

 

Quarante septième jour de confinerie

C’est sûr, le voyage, ça sera pas pareil avec la vioque, vu qu’elle est pas des plus faciles à supporter. Mais on fera ce qui faut, bien attachée sur son siège à l’arrière, avec sa boutanche d’eau et ses biscuits, ça fera la rue Michel. Je me rappelle une virée avec elle dans le Sud. Elle avait bien quinze ans de moins et des réserves de vacheries en plus. Elle avait pas arrêté de dégoiser sur ses voisins de palier, des gens pas comme il fallait avec des tas de mômes qu’elle disait. Et puis elle avait enchaîné avec la bignolle qu’était une vaurienne qui couchait avec la terre entière, une moins que rien, qu’elle disait, bonne qu’à traîner ses poubelles et s’allonger pour laisser passer les bonshommes. 

Au bout d’une heure avec Maman on avait la migraine, et comme la belledcoche elle voulait s’arrêter à tous les espaces pipi caca sur l’autoroute, on avançait pas trop vite. Mais elle se plaignait aussi de ça, disant que Maman elle savait pas conduire, qu’elle se traînait, et tout le reste. Manque de bol la Divine elle avait le pied au plancher. Faut dire que pour la vitesse elle est championne, personne peut la doubler, elle fonce !

Heureusement que j’avais amené des sommifères dans mon sac. Au moment du repas de midi dans un restaucroûte, j’ai attendu qu’elle aille se laver les pognes pour glisser trois ou quatre cachets dans son apéro. Après le café on est remontés dans la bagnole et elle s’est écrasée comme une bouse, en ronflant. C’était enfin le bonheur dans la caisse, et on commençait à souffler. Enfin, on croyait ça… Manque de bol, je m’étais trompé de cachetons et au lieu de lui donner des pilule Doudodo je y’avais collé des dragées Mouca, des machins pour faciliter le transit comme y disent.

On n’a pas été déçus quand elle a commencé à gargouiller du bide en se réveillant et qu’on a continué à se poser dans tous les airs où qui y a des cabinets. Et je donnerai pas de détails sur l’ambiance dans l’intérieur de la bagnole mais faut dire quand même qu’avec toutes les fenêtres ouvertes c’était à peine respirable !

Bon, au moins elle nous saoulait plus avec ses commentaires d’oiseaux mais je m’en voulais un peu quand même, faut être humain, même avec sa belle-mère. 

En attendant la nouvelle virée elle est bien chez nous avec la Tatiana qui s’occupe bien d’elle et qu’aimerait bien s’occuper de moi aussi. Elle est détendue, elle mange bien et elle regarde sa télé toute la journée, des vieux films noirs et blancs, des séries du vieux temps et des trucs intellos dans la chaîne des parlementaires. L’autre jour elle s’est passionnée pour un débat sur l’économie du nougat et l’industrie de la moutarde, ou de la vinaigrette, enfin je sais plus. 

Pour le côté Chirac elle me laisse un peu tranquille depuis que Maman elle lui a dit comment j’avais avalé la pilule de l’histoire du Léon. Y paraît même qu’elle en est pas revenue et que je suis remonté dans son estime. Faut dire qu’elle reste un peu basse tout de même comme elle était – l’estime – au moins au niveau du quatrième sous-sol. 

En tous cas, le Cui cui y peut pas la voir la vioque. Du genre sournois il a essayé de la griffer aux jambes et y s’est arrangé plusieurs fois pour bouffer dans son assiette. C’est terrible de voir ça, quand elle entre dans le salon salle à manger l’autre il est tellement hérissé qu’on le reconnait plus ! Y parait qu’il y a des animaux comme ça qu’aiment pas les vieux, enfin surtout les vieilles biques dans son genre. Ça doit être un mec bien, le matou. Avec les enfants c’est une crème et y parait qu’il a même fait copain copain avec le mistigri de la Calamité Jeanne qui lui donne toujours des croquettes de luxe pour faire ami ami. 

Demain y a le tailleur qui vient pour prendre mes mesures pour les godasses et les tongs réversibles, ça va être bien d’avoir des neuves pour pas avoir mal aux pinceaux. Ah il va être beau notre voyage !

Et pour le reste on verra demain !

Copyright R.Trouilleux

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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