Située à deux pas de la gare du RER C, le château de Chamarande est une demeure charmante dont l’origine remonte à la moitié du XVIIe siècle. Dans un parc de 94 hectares largement ouvert au public, l’exposition Ben est présentée dans le château et dans une dépendance.
Plus de 400 œuvres issues de la collection personnelle de l’artiste sont exposées dans ce très bel endroit. Abordant le monde comme un tout, Ben a signé bon nombre d’images et d’œuvres en trois dimensions, que nous pouvons admirer ici. Il est fortement indiqué de retrouver son âme d’enfant pour profiter de cette exposition, remplie de fraîcheur et de bonne humeur.
Le fondateur du mouvement Fluxus, qui fut l’un premiers artistes de rue et réalisa de singulières « œuvres » comme celle d’attendre à un arrêt de bus (!) ou de traverser le port de Nice à la nage avec ses vêtements et son chapeau (!) n’est assurément pas un artiste laissant indifférents les visiteurs d’une telle exposition.
Ainsi, « le trou » ou « le tas de pommes de terre » exposés et signés par Ben amuseront certains et agaceront d’autres. Pourtant, dans cette œuvre grouillante et foisonnante l’émotion trouve sa place, mais aussi l’ingéniosité et aussi une invitation bien réelle à admirer notre univers quotidien.
Une certaine beauté des objets simples est ainsi mise en valeur par le travail de Ben, qui a parfois retrouvé – ce qui n’est si simple que ça – une forme de spontanéité de l’enfance dans ses œuvres en céramique, assez récentes.
On pourra aimer aussi, comme nous-mêmes, la chambre aux fantasmes présentée dans une semi-obscurité ou l’invitation au voyage installée dans l’escalier du château.
Lors de la visite de presse, Ben était présent, drôle, vivant, émouvant, malicieux, prêt à raconter mille anecdotes sur sa vie et ses rencontres – c’est maintenant un homme âgé – et manifestement heureux de partager son art, donnant dans sa conversation presque un mode d’emploi pour aborder son œuvre si simple en apparence mais aussi bien complexe.
Nous avons beaucoup aimé cet instant de découverte qui est très sincèrement un coup de cœur.
Ben donne à voir, à regarder, à admirer tout ce que nous rencontrons dans notre vie de tous les jours, et nous invite à partager une vie de voyeur de l’art en contemplant ses écritures, ses miroirs et un invraisemblable bric à brac artistique.
Indispensable et tonique. Merci l’artiste !
« En ce temps, Ben vint à Chamarande et dit : qu’est-ce que je fais ici sur cette échelle à écrire sur ce mur dans ce château – dans ce parc – parmi ces arbres – à jouer au philosophe – parlant d’être libre mais qu’est-ce qu’être libre ? libre de s’exprimer – si l’art veut être libre – il lui faut ne pas avoir peur de choquer – de se contredire – de tricher – de tomber amoureux d’une grenouille – de parler aux arbres – de copier les autres – de se promener toute nue – de changer le monde en se grattant le nez – de décentraliser en accordant aux Basques Bretons Corses Occitans leur indépendance ! »
