Viaduc des arts, maison des merveilles

Depuis sa refonte en 1995 suite à la démolition de la gare de la Bastille et la construction du nouvel opéra, le viaduc des arts a consacré en majeure partie ses « voûtes » à un nouveau conservatoire parisien de l’artisanat d’art. Aujourd’hui, la société d’économie mixte Semaest est chargée par la Ville de Paris d’entretenir et de louer les voûtes à des artisans d’art et d’en assurer la promotion aux côtés de l’association des artisans du viaduc.

Le viaduc des arts est un lieu fascinant, regroupant des talents d’exception. Créateurs et artisans sont là pour partager leurs savoirs et produire des pièces de grande qualité, merveilleux objets de luxe et de tradition. C’est aussi un lieu d’apprentissage où se transmettent des savoirs et des tours de mains uniques. 

37 artisans d’art occupent ces voutes qui sont au nombre de 67 sur I,5 km, avenue Daumesnil, dans le 12e arrondissement. 

Dans les Ateliers du Viaduc des Arts, souffleurs de verre, ébénistes, designers mode et textile, paruriers, restaurateurs d’art, encadreurs, gainiers, luthiers, orfèvres travaillent et exposent. Ils créent, fabriquent ou restaurent les objets divers, composés de matériaux choisis, des plus simples aux plus précieux : ombrelles, tableaux, flûtes traversières… 

Fille de Paname a visité trois ateliers passionnants où travaillent des artisans…passionnés, qui n’hésitent pas à prendre un peu de leur temps pour communiquer l’amour de leur métier et expliquer très sympathiquement leurs savoir-faire. 

Des métiers au service du luxe mais aussi et surtout de la beauté créée par la main de l’artisan. Le merveilleux à sa place au Viaduc des Arts et peut avoir la forme d’un tableau ancien en cours de restauration, d’une extraordinaire petite robe noire en plumes ou d’un bol d’argent finement ciselé. Les siècles et les époques se mélangent, on assume l’héritage ici, mais on regarde aussi vers l’avenir, en créant et travaillant de nouvelles formes, des matériaux inédits. Le temps ne s’est pas arrêté au Viaduc des Arts et les artisans, riches des savoirs de leurs prédécesseurs, continuent d’avancer sereinement. 

L’atelier du temps passé

Ici, depuis une vingtaine d’années, on restaure les œuvres peintes et les arts graphiques avec toute la délicatesse et la subtilité nécessaire, en appliquant les règles de restauration les plus modernes. La pointe du pinceau peut ainsi redonner tout son lustre à une œuvre ayant traversé les siècles ou les années avec plus ou moins de bonheur. Le plaisir de restaurer est grand pour ces artisans qui reprennent la main des peintres créateurs, les accompagnant par la pensée mais ne récréant jamais. La compréhension d’une œuvre est essentielle avant toute intervention et les techniques scientifiques viennent au secours des restaurateurs, et les surprises sont parfois grande à l’examen. 

Copyright Ozanne

Ainsi, derrière un paysage daté de 1942 de facture assez quelconque, figurant une allée de château, est apparu à la radiographie un autre tableau, portrait de femme de trois quarts, œuvre post impressionniste des environs de 1890. 

La dérestauration, c’est-à-dire le retrait de la couche du dessus est une affaire pour le moins difficile. Le château de la Loire apparaissant dans la radiographie et le cachet du fournisseur de la toile laissent courir l’imagination. Affaire à suivre…

Copyright Matthieu Gauchet

On restaure tout ici, de la « croûte » familiale chargée émotionnellement aux œuvres majeures. La restauratrice, le restaurateur, sont des médecins de l’art et de la beauté. L’œuvre parfois malade entrant dans l’atelier en repartira nettoyée, rafraîchie, prête à traverser à nouveau le temps grâce aux talents magiques et raffinés des artisans. 

Atelier du Temps Passé Le Viaduc des Arts
3 avenue Daumesnil 75012 Paris 

+33 (0)1 43 07 72 26 

atelierdutempspasse@gmail.com

Du lundi au vendredi 10h-18h. Samedi sur rendez-vous. 

Maison Julien Vermeulen

Deuxième atelier, celui du plumassier. Déjà, en vitrine, nous avions été saisis par l’étrange beauté de la petite robe noire en plumes. A côté un tableau, de plumes également, surprenait par la grâce de sa réalisation. 

Photo Julien Fournié

Autour d’une table, des plumassières travaillent, maniant avec grande délicatesse les plumes colorées. Une autre robe se prépare, qui sera encore plus belle et étonnante que celle vue en vitrine. Le chef de cet atelier se présente avec gentillesse et humour comme le « dernier des mohicans » de la plumasserie. 

Un métier qui a bien failli disparaître et qui été repris in extremis par quelques jeunes gens aussi motivés que talentueux.

Les plumes, autrefois, qui ornaient les chapeaux – si nombreux ! – ont disparues. L’émancipation des femmes, le développement des transports en commun a réduit considérablement la clientèle. Heureusement, aujourd’hui, les métiers de la décoration et du luxe ont redonné un statut nouveau à ce matériau de la légèreté qu’est la plume.

Ici on ne travaille pas vraiment pour les spectacles, les costumes de plumes comme ceux du fameux Lido, renforcés de tiges métalliques pour leur solidité, demandant un autre type de manipulations. 

Aujourd’hui l’emploi des plumes d’oiseaux exotiques est interdit et seules les plumes de volatiles comestibles sont utilisées. Des autruches sont ainsi élevées en Seine et Marne, en Vendée… La création d’une filière plumes made in France est en cours. 

La plume se travaille comme la laine et tout se fait à la main. On coupe, on colore, on frise les plumes qui deviennent ainsi par la magie des artisans les ornements les plus subtils qui soient, au service de la légèreté et de l’art. 

Maison Julien Vermeulen Le Viaduc des Arts57 avenue Daumesnil 75012 Paris 

contact@maisonjulienvermeulen.com

Sur rendez-vous uniquement. 

Marischael orfèvre

La vitrine de l’orfèvre est volontairement sombre afin de mettre en valeur le matériau noble travaillé ici : l’argent. La cinquième génération d’orfèvres travaille ici. L’initiateur, le maitre, le personnage historique familial fut le grand père venu de Dunkerque. Orfèvre cuilleriste, il a formé son fils à ce magnifique métier dans l’ancien atelier de l’entreprise situé auparavant dans le marais, rue de Saintonge.

Photo Amal Buziarsist

L’orfèvre d’aujourd’hui assure la continuité du métier, à la suite de son père qui s’était spécialisé dans la restauration de l’argenterie ancienne. 

Aujourd’hui, l’artisan, accompagné de son épouse et de ses enfants, est fabricant, restaurateur et s’est engagé aussi dans création très contemporaine. On travaille à l’ancienne ici mais on n’ignore pas l’apport intéressant du matériel numérique. Sa fille, formée à l’école Boulle, maître d’art, crée sa ligne de bijoux et bagues sur mesure. Son épouse a développé les rangements, boîtes et sacs très pratiques. 

Photo Amal Buziarsist

On est passionné dans cet endroit surprenant par l’argenterie ancienne qui n’a pas de secret pour ces orfèvres qui restaurent des pièces simples ou d’exception pour les particuliers, musées… 

On se sent bien dans ce lieu qui nous présenté de façon très dynamique par l’artisan. Sans hésiter il nous conduit dans son atelier des merveilles, à l’outillage précieux, unique, forgé à la main. Sans hésiter il ouvre son coffre pour en extraire un moderne et étonnant diffuseur de parfum. L’argenterie, naturellement antibactérienne, et un matériau parfaitement contemporain qui peut être utilisé sans risque quotidiennement. 

Photo Amal Buziarsist

De la bague à la cuillère, du seau à champagne au coquetier, l’argent est ici magnifié par le travail compétent de ces artisans à la passion communicative. 

Marischael Orfèvre Le Viaduc des Arts 87 avenue Daumesnil 75012 Paris 

+33(0)142780763 info@marischael.com

Du lundi au samedi 9h-12h30 – 14h-19h

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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