Découverte dans La Vie d’Adèle, la comédienne Baya Rehaz joue à la fois sur scène, à la télévision et au théâtre. Avant la fermeture des cinémas, elle était à l’affiche de Miss et elle triomphe sur France 3 tous les mardis dans la cinquième saison de Tandem, aux côtés d’Astrid Veillon. Entre deux tournages, elle a bien voulu nous confier ses coups de coeur…
Un album de musique ?
La Femme idéale, de Ben Mazué. Je l’ai écouté en boucle pendant des semaines et il m’a accompagnée et beaucoup inspirée pendant un projet d’écriture d’une série.
Une chanson ?
Your song, mais chantée par Billy Paul. Elle me met la pêche chaque fois que je l’écoute, je la trouve trop belle. Cette version est entraînante, dansante, elle m’emporte !
Un clip ?
Chandelier, de Sia. Je l’adore pour ce qu’il raconte et quand il est sorti, j’étais dans une phase de transition et cette histoire d’une jeune fille qui déploie toute son énergie dans un appartement vide, ça m’a parlé très fort. La chorégraphie est sublime, la danseuse est hyper expressive, c’est sublime esthétiquement… Ce clip a beaucoup raisonné en moi.
Un film ?
J’en ai plein ! Je citerais Opening Night et Une femme sous influence de Cassavetes qui sont dans mes films de référence pour la prestation de Gena Rowlands, mais aussi pour la manière dont ces films sont faits, de manière très artisanale, en contraste avec ce qui se faisait dans les productions hollywoodiennes de l’époque, faisant émerger leur voix propre sans se soucier des normes. Ce sont deux immenses films empreints de liberté et des odes aux femmes.
Sinon, pour la France, celui qui revient souvent chez moi, c’est Voici le temps des assassins de Julien Duvivier, qui date de 1936, avec Danièle Delorme et Jean Gabin qui joue un restaurateur des Halles. Danièle Delorme y a un rôle de femme forte rarement fait au cinéma et le film est génial dans sa retranscription des Halles de Paris de l’époque, de la France d’avant… Dès que je vois un film qui s’y passe, ça me plonge dans une espèce de nostalgie de cette époque que je n’ai pourtant pas connue.
Une série ?
Si je devais conseiller une série, ce serait sans aucun doute Euphoria qui m’a littéralement transportée. Je n’ai jamais vu une telle direction artistique, une telle audace dans l’écriture, la mise en scène, l’esthétique. Zendaya est exceptionnelle, une vraie révélation.
Autre série qui m’a marquée, c’est Sex and the City que je peux revoir des millions de fois et que j’ai toujours plaisir à regarder. J’ai grandi avec ces femmes fortes et ça m’inspire énormément.
Un documentaire ?
Des figues en avril, de Nadir Dendoune. La manière dont il a été fait me touche beaucoup. Le réalisateur a pris une caméra, filmé sa mère qui est venue d’Algérie pour élever ses enfants en France. Il met en lumière sa discrétion, son intimité. C’est un projet qui touche à l’universel. Je suis moi-même une fille d’immigrés, ma mère vient aussi d’Algérie et du coup, j’ai l’impression qu’il a filmé non seulement sa mère, mais aussi la mienne. Un très beau documentaire, vraiment poétique.
Sinon, j’aimerais beaucoup voir Leur Algérie de Lina Soualem qui a été récompensé récemment et où elle raconte l’Algérie de ses grands-parents venus habiter en France très tôt. Toutes les questions du déracinement et de l’exil, ça me passionne.
Un livre ?
Mémoires d’une jeune fille rangée et La Force de l’âge de Simone de Beauvoir, qui m’ont interrogée, bouleversée, ces livres restaient avec moi chaque fois que je les refermais et ils ne sont jamais loin de moi, pour leurs questionnements sur ce que c’est que d’être une femme, la féminité…
Dans le même style, il y a l’essai Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet qui décrypte le mythe de la sorcière. C’est passionnant.
Et le roman L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Elle raconte le parcours d’une famille en Algérie sur plusieurs générations, du début du XXe siècle à nos jours. Je pensais que c’était l’adaptation d’une histoire vraie et en fait non. C’est excessivement bien fait. Sans oublier L’Année de la pensée magique de Joan Didion, dans lequel elle raconte le deuil de son mari. C’est sublime.
Une bande dessinée ou un manga?
Zaï Zaï Zaï Zaï, de Fabcaro. Je l’ai beaucoup offerte. Elle est drôle, absurde, tout en étant hyper intelligente. C’est plus profond que ce qu’il n’y paraît. Mais j’aime tout le travail de Fabcaro.
Une exposition ?
Il y en a une où je suis resté longtemps à l’intérieur, c’était une rétrospective sur Romy Schneider à l’Espace Landowski de Boulogne Billancourt. On entrait dans son monde littéralement, avec ses notes sur les scripts, ses lettres, ses robes, ses bijoux… C’était ultra complet et c’est rare de pénétrer aussi profondément dans l’intimité d’une star comme ça. J’y ai passé tout l’après-midi, je lisais tout, je regardais les moindres détails. J’avais la sensation de mieux la connaître en sortant de là.
Un photographe ?
J’adore Doisneau pour sa manière de photographier les petites gens, de mettre en lumière l’invisible. C’est sublime, intime et fin, sans démonstration dans son travail. Sinon, j’aime aussi Martin Parr aux images colorées et plus pop tout en restant populaires et Sally Mann pour sa poésie et sa pudeur à travers ses clichés et films familiaux.
Un spectacle ?
Le Porteur d’Histoire, d’Alexis Michalik parce que c’est là que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. C’est donc un spectacle qui compte pour moi…
Sinon, il y a Le Père, de Florian Zeller, qui m’a bouleversée. Je me souviens qu’à la fin, je voyais tout le monde pleurer dans la salle. Une union d’émotion sublime autour d’une thématique difficile.
Et Cendrillon, de Joël Pommerat, qui m’a transportée pour son univers onirique, féérique et dingue. C’est magnifique et dur à la fois. C’est Cendrillon pour les adultes, je n’emmènerais pas des enfants aller le voir…
Un plat préféré ?
Le couscous de ma maman. Je n’en mange nulle part ailleurs que chez ma mère. Mais j’adore aussi un bon poulet rôti avec des frites.
Une activité sportive ?
Le pilate qui me correspond vraiment car il fait travailler la posture, la tonicité et ça demande de la patience et de l’investissement. C’est exactement ce qu’il me faut dans mon travail et ma vie de tous les jours. C’est génial !
Une citation ?
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront » de René Char. Ça me parle beaucoup.
Une maxime dans la vie ?
« Ever Tried. Ever Failed. No Matter. Try again. Fail again. Fail better » de Beckett. Il ne faut pas lâcher, se battre, apprendre de ses erreurs… Ça me correspond totalement.
Votre actualité ?
Actuellement, il y a la saison 5 de Tandem, qui est diffusée sur France 3, les mardis à 21h. Je viens aussi de finir de tourner des épisodes de la saison 6 et je vais bientôt réaliser des épisodes de la série En famille pour M6.
Et on peut me voir dans le film Miss qui était un vrai bonheur à faire. On est resté très liés depuis le tournage il y a deux ans. Une très belle aventure humaine.
Merci Baya !
Un commentaire sur « LES COUPS DE COEUR DE LA COMÉDIENNE BAYA REHAZ »