Trois Sébastien Castro pour le prix d’un !
Hommage au boulevard des années 1960-70, Une idée géniale est la nouvelle comédie signée Sébastien Castro, après le triomphe de J’ai envie de toi. Ou comment passer une soirée sous le signe du rire avec un Sébastien Castro qui se démultiplie en un vaste ballet de quiproquos et de portes qui claquent…
Le boulevard n’est pas mort, loin s’en faut. Certains de ses plus grands succès émaillent d’ailleurs les murs du théâtre Michel, qui se souvient des triomphes populaires de pièces telles que La Cage aux folles, Boeing Boeing ou encore Oscar, avec Louis de Funès. Des spectacles entrés dans la légende par la durée de leur succès et qui font désormais partie du paysage culturel français. Si certaines personnes font encore la fine bouche devant ces comédies qui n’ont d’autre objectif que de divertir le public, d’autres applaudissent à tout rompre quand le boulevard semble se réinviter et réinventer sur scène. À l’image du nouveau cru écrit et interprété par Sébastien Castro, Une idée géniale.
Le pitch est à l’avenant du titre de la pièce. Persuadé que sa compagne Marion a succombé au charme de leur agent immobilier, il utilise un sosie de ce dernier, comédien amateur, pour la confondre. Mais tout va aller de mal en pis lorsque le véritable agent immobilier va justement s’inviter avec Marion. Et que le frère jumeau du sosie, plombier de son état, va également être de la fête. Soit trois fois la même personne (ou presque) avec trois caractères différents sous le même toit. De quoi en avoir le tournis et les zygomatiques en action !
Il y a du Lily et Lily, un des plus grands succès de Jacqueline Maillan et du Dîner de cons dans cette histoire totalement absurde, dans laquelle Sébastien Castro livre une prestation époustouflante. Tantôt gentil benêt à la mémoire friable, tantôt arrogant et vil séducteur ou ouvrier terre à terre au jargon incompréhensible, selon le personnage qu’il interprète, il règne en maître sur ce spectacle dont il est l’attraction principale. Même si tout autour de lui, José Paul et Laurence Porteil sont à l’avenant, à la fois instigateurs de toute cette mascarade et victimes malgré eux de ce qu’ils ont mis en place (lui, pour savoir si sa compagne le trompe et elle, pour vérifier si elle doit succomber à la tentation ou non). José Paul propose d’ailleurs un personnage pas si éloigné de ceux de Louis de Funès, avec emportement facile et mépris des petites gens à la clé.
Mais Une idée géniale recèle une autre carte secrète que celle des multiples changements de Castro (réalisés avec maestria et quelques astuces). Celle du personnage de la voisine un peu trop fouineuse, totalement naïve et impulsive. Incarnée par Agnès Boury qui co-signe la mise en scène avec José Paul, chacune de ses apparitions vole littéralement les scènes des autres. Le monde semble s’arrêter pour la regarder se débattre avec elle-même tellement son naturel, ses gaffes, ses quiproquos et ses envolées comiques emportent les rires les plus francs. Difficile de n’en dévoiler ne serait-ce que des bribes, il faut être dans la salle pour savoir ce que c’est que de s’esclaffer aux larmes, au point de ne plus entendre les répliques qui ne peuvent, hélas, suspendre leur vol.
Si le dernier quart d’heure est un peu plus convenu et reprend les codes du boulevard des années passées (Marion tolère la machination de son compagnon lorsqu’il est question de mariage comme preuve d’amour ultime et d’excuse à sa jalousie maladive, donnant donc une vision un brin machiste du récit comme s’il était issu d’une autre époque), Une idée géniale est un régal d’inventivité et de répliques qui fusent, ne laissant aucun répit aux spectateurs. Le boulevard n’est pas mort, non, il vient de ressusciter.
Une idée géniale, au Théâtre Michel, 38 rue des Mathurins 75008 Paris, du mardi au samedi à 21h, le samedi et le dimanche à 16h30. Un spectacle à réserver en cliquant ici.
