A l’occasion de la sortie de son EP ce vendredi 29 avril, j’ai pu rencontrer la douce Juliette…
Est-ce que tu peux te présenter toi-même ?
Je suis musicienne, j’écris des chansons. Je les chante avec mon piano .. des chansons hyper romantiques, un peu décalées, de la “variet’ racée”… j’essaie en tout cas.
On ressent des influences musicales de la fin des 70’/début des 80′ : Michel Berger, France Gall, Véronique Sanson…j’imagine qu’on te l’a beaucoup dit. C’est un héritage que tu as recherché ou c’est inconscient ?
Les deux je pense. J’adore Michel Berger, son sens de la mélodie que je trouve extrêmement touchant et extrêmement puissant à la fois. Pour Véronique Samson, j’ai découvert sa musique cette année…mais en tout cas c’est un héritage qui me plait, c’est une famille de musique qui me convient. On me parle aussi de William Sheller, d’Alain Souchon… qu’on écoute encore aujourd’hui ! Un héritage très actuel au final, ça me va.
Justement dans “Cavalier Seule”, il y a ces influences mais aussi des sonorités plus récentes, on pense à Yelle par exemple… ça t’énerve toujours ces comparaisons ou ça te flatte ?
C’est un réflexe normal. Il y a des artistes qui appellent ça et d’autres non. Quand on parle de Christine and the Queens, on ne sent pas d’héritage particulier… on sent qu’elle a écouté de tout, beaucoup de hip-hop mais elle est avant tout un ovni. En tout cas les comparaisons ne me gênent pas du tout même si ce sont plus des portes que les journalistes font pour ouvrir l’écoute, pour donner des repères … ça ne me gêne pas car je fais vraiment partie de cette famille là. Quand tu parles de Yelle pour “Cavalier Seule” c’est drôle car à un moment donné quand j’ai composé la chanson je me suis dit “C’est marrant, Yelle pourrait la chanter”. On est un terreau de tellement d’influences, c’est ce qui fait la richesse d’un album.
C’est toi qui écrit et qui compose toute seule ?
Oui j’écris et je compose depuis longtemps. Pour les arrangements, je fais des maquettes moi-même et j’ai trouvé quelqu’un qui m’aide à les peaufiner, ensuite on passe en studio. Je travaille seule depuis longtemps et ça me va, c’est ainsi que je fonctionne instinctivement.
Tout à l’heure tu as employé le terme “décalé” c’est quelque chose que tu as voulu affirmer ? Par exemple tu dis à ton arrangeur :”sur ce titre, je veux un saxo” (ndlr : il vous faut écouter l’EP, surprise!)
Oui, c’était drôle cette histoire de saxo ! On a fait venir un saxophoniste pour un autre morceau mais comme on a fini avant, on l’a fait jouer sur d’autres morceaux et on a trouvé ça beau en même temps que l’on riait ! On l’a mis au départ un peu comme une blague et puis on s’y est attaché en se disant que ça rajoutait une ambiance à la chanson, téléfilm des années 80 (rires) On s’est finalement dit qu’il fallait absolument le garder … ça s’est fait très spontanément.
Il y a des musiciens actuels qui t’inspirent ?
En ce moment j’écoute le nouvel album de Christophe, celui de Philippe Katerine : j’adore la chanson “Un moment parfait” que je trouve magnifique. J’écoute aussi Fishbach, Nicolas Michaux avec “À la vie, à la mort”, il y a une tendresse que je trouve chouette… J’aime aussi beaucoup Blondino, je trouve le texte « Oslo » superbe.
C’est des gens avec qui tu aimerais travailler ?
Oui j’aimerais bien, je suis hyper ouverte. Aussi avec Flavien Berger, Mansfield.TYA… On est une génération où l’on a envie de partager, d’échanger … garder une spontanéité dans le travail c’est très important et très adapté à notre époque.
On sent que tu aimes les mots mais une certaine pudeur aussi …
Ça me fait plaisir que tu l’aies ressenti car oui c’est vrai, j’essaie ! C’est toute l’ambiguïté, si on y réfléchit, c’est surréaliste … de chanter devant tant de monde “pourquoi m’as tu quitté?” (rires) mais je suis particulièrement touchée par des artistes comme Alain Souchon qui ont cette pudeur des sentiments, ce petit voile qui laisse entrevoir autre chose, qui suggère …c’est toute mon éducation.
Même dans ta façon de chanter, il y aussi une certaine pudeur… quelque chose de très aérien, tu en as conscience ?
Au départ je vociférais dans le style théâtre allemand berlinois (rires) et finalement j’ai eu un déclic en allant chercher dans les aigus. J’aime bien travailler sur cette voix plus légère, plus aérienne, peut-être plus sacrée aussi…
De quoi t’inspires-tu pour composer ?
De tout, de ma vie, du cinéma, du film « Loulou » de Maurice Pialat (je suis une amoureuse de Gérard Depardieu !). Je lis énormément, je vais noter des bouts de phrases, tout me nourrit ! Mais surtout la littérature. En ce moment je lis “Chambre obscure” de Nabokov, c’est suave, insolent, ça me plaît bien, c’est inspirant.
Tu as participé à l’élaboration de ton clip ?
Je suis très attachée au travail de l’image. J’avais très envie de travailler avec Pablo Padovani (ndlr :Moodoïd) le réalisateur. On s’est fait quelques rendez-vous, je lui ai montré quelques idées puis confiante, je lui ai laissé carte blanche totale !
Cette queue de cheval qui revient sur la pochette et dans le clip, ça sort d’où ?
C’est l’idee de Théo Mercier avec qui j’ai travaillé pour la pochette. Pour le clip c’est une idée que l’on a eu avec Pablo Padovani… On a mis une queue à ce piano…à queue !! Un peu comme les surréalistes en prenant le mot au sens littéral, c’est plutôt joyeux. À long terme j’aimerais bien réaliser mes clips d’ailleurs, ça m’amuserait beaucoup.
Tu étais documentariste c’est ça ? puis la musique a pris le dessus ?
Oui j’étais réalisatrice de films pour Arte notamment et la musique a pris le dessus. Je suis très heureuse de l’accueil que reçoit ce disque pour l’instant. C’est très chaleureux, je suis contente que ça sorte enfin, que ça existe.
Juliette Armanet, Cavalier Seule. Sortie vendredi 29 avril.
Salut. Je n’avais jamais entendu parler de cette artiste avant d’atterrir sur ton blog. Merci pour cet article :) Je vais chercher des morceaux de la chanteuse sur YouTube ;)