À l’occasion de la sortie de son EP, j’ai pu rencontrer Louis Arlette.
Bonjour Louis, est-ce que tu peux te présenter toi-même ?
Je m’appelle Louis ARLETTE, je suis auteur-compositeur-interprète. Je fais de la chanson française électronique au sens large, donc ouverte sur de nombreuses influences, mais avec un penchant prononcé pour la musique industrielle.
Quelle est ton parcours, ta formation ?
J’ai toujours été fasciné par le son et les instruments de musique en tous genre. J’ai appris le violon au conservatoire tôt, J’ai commencé à travailler en orchestre vers 17 ans, mais j’ai vite délaissé le violon classique, même si j’écoute toujours beaucoup de musique classique et j’ai gardé un souvenir très fort de mes expériences en orchestre…Les claviers et particulièrement les synthétiseurs m’ont eux aussi toujours fasciné. Une anecdote amusante : Un jour, (je devais avoir 10 ou 11 ans), ma mère à ramené une machine qui permettait de jouer toutes sortes de sons en la connectant à un clavier, avec une boîte à rythme dedans. J’étais littéralement ivre de bonheur, je me suis mis à tourner sur moi-même dans ma chambre en me demandant, « mais qu’est ce qui m’arrive? ». Par la suite j’ai fait un peu de jazz, et j’ai acheté un violon électrique, parce qu’enfant j‘avais vu Didier Lockwood en concert et j’avais été fasciné par les effets sonores qu’il utilisait. La découverte du violon électrique m’a libéré, c’était une vraie révélation. J’avais la sensation de pouvoir faire tout ce dont j’avais toujours rêvé. Des réverbérations, des échos, des distorsions. J’avais besoin de rompre avec le classique, je voulais que mon violon sonne comme une guitare électrique. Puis j’ai commencé à faire des séances en studio et cet univers m’a fasciné. Avant même de pénétrer dans un studio d’enregistrement je savais que je pourrais y rester des heures. Ensuite ça a été l’escalade, je me suis passionné pour le son en général, pour les synthétiseurs, pour les machines. J’ai étudié la musicologie quelques années, j’ai fait une école d’ingénieur du son, j’ai monté mon propre studio, j’ai fait de belles rencontres et de fil en aiguille je suis devenu réalisateur et producteur, tout en restant musicien et chanteur. J’ai toujours aimé rencontrer des artistes et travailler sur leur projet mais surtout échanger avec eux et faire des découvertes.
Ce mélange entre paroles françaises et musique électronique, c’était une évidence pour toi ?
J’ai beaucoup expérimenté avant d’y arriver. Ces années d’expériences en studio m’ont permis de développer mes goûts et de les affiner un peu à la façon d’un peintre qui apprendrait à se servir de tubes de peinture (les processus de la musique et des arts visuels sont très proches, on parle notamment de bruit blanc et de lumière blanche). J’ai le sentiment d’avoir cherché ce mélange pendant toutes ces années, et l’évidence m’est apparu une fois que j’avais réuni tous les éléments, que j’étais enfin prêt. J’avais aussi besoin d’être prêt à m’exprimer, d’avoir le désir, le besoin de me faire entendre. Le message est ce qui doit primer pour moi. On peut aussi comparer cette impression à une façon dont on élabore une recette de cuisine, il faut tâtonner, essayer des choses, parfois recommencer à zéro et une fois que tous les ingrédients sont correctement réunis, tout se fusionne parfaitement. Ce mélange me définit complètement, je suis fasciné depuis toujours par le texte, la littérature, la poésie, ainsi que par le son et la façon dont les deux peuvent interagir, se compléter, la magie d’une voix qui sort de hauts parleurs et qui est capable de nous parler, de nous rassurer, de nous bouleverser.
On pense forcement à d’autres groupes actuels (« Frànçois and The Atlas Mountains » par exemple) tu te sens faire parti de cette « nouvelle mouvance » qui ramène les paroles françaises sur de la musique électro ?
On fait partie intégrante de son époque, quoi qu’il arrive. Un peu comme un enfant lorsqu’il naît, un morceau, une fois qu’il est terminé, n’est pas seulement le morceau d’un artiste mais le morceau d’une époque. Quand à savoir si il vieillira bien ou pas, seule l’histoire pourra le dire. Mais en ce qui me concerne je me sens héritier d’une culture classique, je ne me revendique pas d’une nouvelle « mouvance » ou d’une « nouvelle vague » particulière. J’aime me considérer comme un électron libre.
Tu travailles avec Air et Nicolas Godin, est-ce qu’ils font figure d’exemples pour toi ?
Je suis très fier du travail que l’on a accompli ensemble et ils m’ont énormément apporté, ils m’ont beaucoup inspiré également. Nos histoires sont différentes à tous points de vue, on ne peut donc pas parler d’exemple à proprement parler. Mais je n’oublierai jamais ces années passées ensemble et la façon dont ils m’ont permis de profiter de leur immense expérience en matière de production, de composition.
Il y a d’autres musiciens actuels qui t’inspirent ou avec qui tu aimerais travailler ?
Il y a bien sûr de très nombreux artistes contemporains qui m’inspirent et me fascinent actuellement, et avec qui je rêverais de collaborer. Pour en citer quelques uns, chez les francophones : Christophe et ses expérimentations visionnaires, Stromae et ses morceaux incroyablement efficaces, à la fois populaires et savants. La voix bouleversante de Bertrand Cantat. Indochine est un groupe très important pour moi également. Parmi les anglo saxons, la voix de Thom York m’a toujours fasciné. Trent Reznor (Nine inch Nails) bien sûr, un de mes plus grands chocs musicaux, à tous les niveaux. Je suis également un grand admirateur de Björk.

Quelles sont tes majeures sources d’inspiration pour composer ?
Mes inspirations sont nombreuses. Musicales, littéraires, picturales, elles sont partout en réalité. Pour citer les noms les plus connus, voici une sélection non exhaustive: la new wave, avec des groupes comme Dépêche Mode, la musique électronique avec Kraftwerk, la musique industrielle, comme je disais je suis un grand admirateur de Nine Inch Nails, des Young Gods. La pop aussi avec Radiohead par exemple, j’ai eu la chance de participer à une séance en studio avec Thom York et Nigel Godrich qui m’a beaucoup marqué. La musique pop rock francophone avec donc Indochine, Noir Désir. La chanson bien sûr, avec Gainsbourg, Vian, Brel, le rap : NTM, I am, Doc Gyneco. La musique classique et aussi la musique contemporaine et expérimentale, avec des références certainement plus obscures que je ne citerai pas pour ne pas rentre cette liste encore plus indigeste.
Tu disais également tout à l’heure être fasciné par la littérature et la poésie ?
Dans la littérature, je suis fasciné par les auteurs classiques (comme Proust, Balzac, Hugo ou encore Flaubert par exemple) même si je lis aussi des auteurs récents. J’adore aussi la poésie, avec un faible pour Aragon, Villon, les poètes maudits bien sûr. Dans la liste de mes inspirations, il faut citer aussi les jeux vidéos ; je ne suis jamais redescendu du choc des premières Game Boy, et autres Nintendo. C’est l’époque ou on disait encore : » 8 bits! » Puis : « 16 bits! » Puis : « 32 bits! » « 64 bits!! » Et bien sûr j’utilise énormément ces effets de dégradation des » bits » dans mes morceaux. Et aussi la peinture, et même la bande dessinée qui est très importante pour moi. Elle a bercé mon enfance, rythmé mon adolescence, et elle m’accompagnera toujours (Hergé, Goscinny, Moebius, Crumb) même des mangas comme Dragon Ball, et j’en passe…
Pour t’avoir vu sur scène, j’ai trouvé une certaine épure plaisante dans ce concert, tu vas continuer dans ce sens ?
Pour l’instant, ma démarche sera de continuer dans cette simplicité la plus totale. J’ai envie de me concentrer sur l’essentiel. C’est une démarche qui est importante à tous les niveaux, qui me permet de mieux me connaître, de mieux savoir de quoi je suis capable et de me dépasser. Je n’exclus pas de m’entourer de musiciens même si pour l’instant, je continuerai à jouer tout seul sur scène avec mon fender rhodes, ma boite à rythme et mon synthétiseur. Ce strict minimum résume l’essence même de mon concept. Je n’exclus pas non plus de rajouter des éléments visuels à l’avenir, mais ce sera un gros travail et une grosse réflexion, et qui seront amenés dans un second temps.
Merci Louis,
Louis Arlette, 1er EP sorti le 14/09/2016 Le Bruit Blanc / WAGRAM Mixé par Stéphane « Alf » Briat / Masterisé par Chab |