
Le digne héritier d’Argan !
Avis aux malades imaginaires ou à ceux qui aiment s’écouter : Hypo est pour eux ! Un seul en scène drôle et émouvant sur un jeune hypocondriaque incarné avec conviction par Lucas Andrieu.
Il n’a que 21 ans, mais Lucas Andrieu arpente les scènes de théâtre comme un comédien aguerri. Fort du succès de son spectacle Hypo tiré du roman éponyme de Christian Astolfi, dans le Sud de la France, le voici à Paris, au Théâtre de la Contrescarpe dans le 5e, pour tenter de séduire la capitale avec ce seul en scène atypique. Atypique déjà par son sujet : Hypo, un jeune hypocondriaque, donc, raconte ses turpitudes, de sa naissance à sa majorité. Il tente par tous les moyens de retrouver sa “Caverne” (le ventre protecteur de sa mère) et cette quête impossible le conduit à s’écouter de trop et percevoir des maladies en toutes circonstances, puisqu’il se considère dénué de toute armure et abandonné de tous. Et ses parents ne l’aident pas beaucoup : ils ne comprennent pas ses manies et tocs, le poussent à passer du temps avec celle qu’il surnomme Tatie Purée, une tante qui lui ressemble, armée d’un Vidal qu’ils compulsent ensemble. Pire, ils l’obligent à aller voir une psy qui ne fera que réveiller en lui ses premiers émois sexuels et quand un petit frère débarque, plus éveillé et moins timoré par la vie, c’est la cassure définitive. Et ce qui était jusqu’alors bon enfant se transforme, petit à petit, en drame familial.

On rit beaucoup des mésaventures névrotiques d’Hypo, que ce soit quand il imagine une fête foraine bourrée de maladies en pagaille ou quand il décrit son quotidien à l’école ou dans sa chambre, matérialisée par deux coffres à jouets desquels il sort des métaphores de son existence sous forme d’objets, nounours et autres poupées. Mais peu à peu, un malaise s’installe. Car l’hypocondrie du jeune garçon se révèle dans son incapacité à communiquer avec les autres et surtout avec ses parents. Jusqu’à le rendre parfois détestable, comme un antihéros qui s’auto-saboterait. Et c’est peu à peu l’histoire de cette écoute brisée qui se raconte. Car parents et fils vont devoir se séparer pour mieux se reconstruire. Comme un couple, à l’amiable, avec visites de courtoisie. On sourit alors jaune de cette situation qui semble inextricable.

Un malaise rendu palpable grâce à l’interprétation toute en douceur et subtilité de Lucas Andrieu, porté par une mise en scène là encore sobre mais efficace de Xavier-Adrien Laurent. Le pari semble donc déjà gagné et on espère que le spectacle trouvera le public qu’il mérite, tant son sujet est universel. Car ne cherche-t-on pas, finalement, à trouver l’amour coûte que coûte et quel qu’il soit : filial, parental, sentimental ou simplement de soi ? Le plus difficile en somme pour les hypocondriaques bien trop malins tels qu’Hypo…
Hypo au Théâtre de la Contrescarpe, le dimanche à 20h30, jusqu’au 27 mai.
5 rue de Blainville, 75005 Paris.
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