Quand la métaphysique peut-être drôle !
Sous les voûtes de l’Essaïon théâtre, se joue un spectacle aussi iconoclaste qu’inclassable, Dieu est mort et moi non plus j’me sens pas très bien, écrit et emmené par Régis Vlachos, en olibrius qui se pose beaucoup trop de questions, souvent pertinentes, piochant autant dans Nietzsche que dans… Michel Sardou pour récolter ses réponses !
“Dieu est mort” est l’une des citations les plus célèbres de Nietzsche que l’on retrouve dans ses Aphorismes. Mais c’est désormais également un spectacle ovni dans lequel Régis Vlachos s’interroge, à la manière d’un Hamlet dégingandé et hirsute, sur son existence et surtout celle d’une entité céleste. Car si cette dernière existe, permettrait-elle tout ce qui se passe en ce bas monde ? Tous ces grands tout et petits riens (ou l’inverse) qui bouleversent l’ordre (plus ou moins) établi, sont-ils le fruit d’une intervention divine ou simplement le fruit du hasard ?

Au commencement était l’enfance et le temps venu des premières questions. Puis, l’adolescence et ses chatouilles dans le bas-ventre qui démangent. Puis, les premiers émois et chagrins amoureux, la solitude qui l’emporte, tandis que les questions demeurent. Et ce petit garçon déjà déçu par la vie, dont l’existence est rythmée par la mort de ses proches et les séances chez son psy, décrète haut et fort que Dieu est mort. Un point c’est tout. Et entre deux sentences bien senties, le fantasme demeure. Celui d’une belle chanteuse de rock, qui intervient pour des intermèdes musicaux tendres ou rageurs. Celui de Jésus transformé en femme qui porte sa croix et donne lieu à des répliques aussi drôles que pertinentes. Il y a un peu de La Vie de Brian des Monty Python, un peu de subversif, mais jamais rien qui pourrait heurter cependant la sensibilité des croyants. Ils pourront parfois se sentir un peu gênés, mais n’hésiteront pas à rire de bon coeur aux atermoiements d’un protagoniste qui refuse de grandir, finalement, de peur d’être encore plus déçu.

Par ses allures de prophète désenchanté, Régis Vlachos amène peu à peu le spectacle vers plus de poésie, avant de repartir dans un désordre foutraque, de l’antithèse après la thèse, sur des chansons de Michel Sardou. A ses côtés, Charlotte Zotto, aux interventions salvatrices (et trop rares, finalement) séduit par un sens de l’à-propos et de la rupture. On chante, on s’interroge et on rit. Qu’attendre d’autre de mieux, finalement, de la part d’un spectacle ?
Dieu est mort et moi non plus j’me sens pas très bien, à l’Essaïon Théâtre, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris
Jusqu’au 24 juin (puis au festival d’Avignon), du jeudi au samedi à 21h30.
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