
Le potentiel comique d’une adaptation de Foenkinos
Le livre culte de David Foenkinos a été adapté en pièce de théâtre et fut l’un des succès surprise du dernier festival off d’Avignon. Le Potentiel érotique de ma femme pose désormais ses tics et ses tocs au Théâtre 13, côté Jardin. Une comédie joliment absurde et délicieusement drôle.
Quelle famille ! Le père ne parle que de sa moustache (effectivement impressionnante). La mère est une fanatique de soupes maison. Le frère, Ernest, ne parle qu’avec des phrases à l’emporte-pièce et le petit dernier, Hector, collectionne tout et n’importe quoi. Il collectionne même l’idée de collectionner. Autant dire qu’à table, au moment du… souper donc, on ne parle que de ses passions personnelles et rien d’autre ne filtre. Jusqu’au jour où Hector, après un grave accident, rencontre Brigitte et l’épouse. Et va se découvrir une passion bien plus dévorante que toute collection au monde : le pouvoir érotique de sa femme, pendant qu’elle nettoie les carreaux…
David Foenkinos fait partie de ces écrivains dont chaque roman suscite à la fois succès public et critique et donne envie d’être transposé sur grand écran. Ou ailleurs, comme ici. L’écrivain s’en donne lui-même à coeur joie, lui qui a réalisé au cinéma sa propre adaptation de La Délicatesse. Ici, il a donné carte blanche à Sophie Accard et Léonard Prain. La première met en scène et interprète une Brigitte faussement pudibonde, tandis que le second, interprète un narrateur omniscient qui participe, façon homme invisible babillard, aux (més)aventures de Hector. Un élément de scénographie qui rappelle un peu Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik, mais qui fonctionne tout aussi bien.

Hormis le couple d’amoureux (mais chaste), les autres comédiens campent la galaxie de personnages qui gravitent autour de Brigitte et Hector : un couple d’amis aux moeurs particulières, un médecin un peu trop enjoué, un beau-frère fanatique de vélo… A eux d’emporter les rires et les répliques qui claquent et fusent, en contraste avec la fausse timidité de deux protagonistes qui ne demandent qu’à exploser sans y parvenir. La fameuse délicatesse de Foenkinos, encore et toujours, qui transpire de toutes les scènes d’un récit rendu théâtralement palpitant. Et si tous les comédiens emportent l’adhésion (Léonard Boissier en candide collectionneur, Anaïs Merienne en mère éplorée qui découvre la soupe en sachet, Jacques Dupont en père un peu trop moustachu), ce sont les apparitions survitaminées de Benjamin Lhommas qui sont les plus attendues et surprenantes.
Le Potentiel érotique de ma femme a donc tous les ingrédients pour en faire la comédie à succès de cette rentrée et ce n’est pas par hasard qu’elle affichait souvent complet au dernier festival d’Avignon. Avis donc aux collectionneurs… de fous rires et d’émotions !
Le Potentiel érotique de ma femme, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Jusqu’au 7 octobre.
Théâtre 13/Jardin, 103 A boulevard Auguste Blanqui 75013 Paris.