Une dramédie attachante et virevoltante
Le Théâtre Marigny remet au goût du jour le classique de Broadway Funny Girl, avec une toute une troupe de chanteurs et danseurs épatants et une merveilleuse Fanny Brice, incarnée avec brio par Joanna Goodwin.
Pour celles et ceux qui l’ignoraient, la meneuse de revue américaine Fanny Brice a réellement existé. Vedette des Ziegfeld Follies, sa vie est adaptée en comédie musicale en 1964 à Broadway et elle est alors incarnée par Barbra Streisand qui doit sa starification avec ce rôle qui lui a longtemps collé à la peau. D’autant qu’elle l’a repris pour le film éponyme en 1968 (lui permettant de repartir avec l’Oscar de la Meilleure Actrice). Boudée lors des Tony Awards, la comédie musicale n’en fut pas moins un immense succès, même si elle n’a guère été reconnue dans nos contrées. C’est désormais chose réparée grâce au Théâtre Marigny, qui aime mettre en avant des spectacles du grand Broadway, comme il le fit avec Guys and Dolls récemment.

On découvre donc ici Fanny Brice, au sommet de sa gloire, mais en pleine tourmente amoureuse (son mari Nick Arnstein s’apprêtant à sortir de prison) et qui se remémore les grands moments de sa vie : les premiers castings, les premiers succès et surtout, son histoire d’amour avec Nick dont toutes les femmes raffolent et qui n’en a que pour elle. Une romance qui ne sera pas de tout repos, Arnstein ne réussissant guère dans ses affaires, tandis que Fanny triomphe.

Si toute la troupe d’une vingtaine de comédiens-chanteurs-danseurs est absolument exceptionnelle, évoluant dans des décors simples, mais efficaces, on ne voit que Joanna Goodwin qui incarne avec pétillance, émotion et talent, le rôle difficile de Fanny Brice, quasiment omniprésente pendant tout le spectacle. Jeune ou dans la force de l’âge, sur scène ou en coulisses, Joanna Goodwin se démultiplie, se transforme, s’épanouit ou s’éteint, en une fraction de seconde. Les numéros se succèdent avec énergie et inventivité, mais toujours demeure la présence de Joanna, même quand elle n’occupe pas la scène. Elle imprègne la rétine pour mieux éblouir à sa nouvelle apparition.

Sous une apparence de strass et de paillettes, de lumières et de gaité, Funny Girl est aussi une comédie musicale qui flirte avec l’émotion et le tragique. La deuxième partie se fait plus sombre, à l’image du couple central qui se délite, entre un Nick Arnstein qui ne supporte pas d’être entretenu par sa femme et une Fanny Brice, pionnière du féminisme, qui est prête à tout pour lui, même à travailler davantage et dilapider sa fortune. Un spectacle tout en contraste donc, qui met autant d’apparat dans le fond que dans la forme. A ne pas manquer, d’autant que le spectacle est prolongé !

Théâtre Marigny, Carré Marigny 75008 Paris
Jusqu’au 7 mars 2020, du mardi au samedi à 20h, le samedi à 15h et le dimanche à 16h.