Dernièrement, on a pu voir le comédien Yannick Choirat au théâtre dans le sublime ça ira (1) fin de Louis de Joël Pommerat, au cinéma dans Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part et à la télévision, notamment dans Victor Hugo, Ennemi d’état, dans lequel il endossait le rôle-titre du grand écrivain. Avant de le retrouver sur scène et sur nos écrans, il nous livre ses coups de cœur.
Un album de musique :
52 reprises dans l’espace, de Philippe Katerine. Bon là, c’est vraiment pour le confinement, Philippe Katerine, c’est la joie pure, la connerie et l’art du “rien à foutre j’assume”. Quand je l’entends, j’ai systématiquement le sourire, parce qu’il me rappelle au dérisoire, à l’importance du futile, donc de l’humour ! Et en même temps, c’est un musicien génial. Je suis tellement admiratif de cet artiste et de sa liberté. C’est l’antithèse du “Mâle Alpha”. Mention spéciale pour la reprise de Ma Benz de NTM, justement !
Une chanson en particulier :
Blood orange de Champagne Coast. Découvert dans la BO de la série Euphoria, j’écoute ce morceau en boucle. C’est lancinant, c’est très post punk et en même temps, ça me rappelle mon adolescence et toute la scène New Wave. Et pourtant, je n’écoutais presque que du Rap. Ce morceau a un goût de fin de soirée interlope. Et qu’est-ce que ça manque les soirées !
Un clip :
Minou, de David Lafore, réalisé par Bruno Podalydès. Alors là… Je vous laisse regarder. C’est… Enfin moi ça me plie de rire. David Lafore est un chanteur français, poète, qui a lui aussi ce qu’on appelle communément “la connerie”. Mais pas que. On n’est pas loin de Katerine, évidemment, c’est cousin. Ce clip est tellement pourri, je suis fan. Le plus important étant de prêter une vraie attention aux paroles de cette chanson. En plus on retrouve Paris, avec des gens dans les rues, le parc du Luxembourg, Montparnasse… C’est un bol d’air quoi. Je vous invite sincèrement à découvrir ses albums.
Un film :
Border, de Ali Abassi. Quand la sauvagerie reprend ses droits. No comment.
Une série :
Euphoria sur OCS. Un état des lieux de l’adolescence américaine. Une réalisation magistrale (l’épisode 4 est ouf) pour une série sans concession sur les rapports des jeunes teenagers au monde, à l’amour, à la violence, à la liberté… C’est très noir, donc bon pendant le confinement, il faut être armé psychiquement.
Un documentaire :
Lourdes. C’est un documentaire réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlet. Je l’ai découvert il y a peu et j’ai découvert un monde qui m’est heureusement étranger, celui de la foi liée à la souffrance. Les portraits des protagonistes y sont magnifiques. J’en suis sorti bouleversé.
Un livre :
Le Park, de Bruce Bégout. Ce livre me fascine, il expose l’existence d’une sorte de “Park” d’attraction totalement fascisant rassemblant toutes les dérives des “Parcs” dans lesquels l’Homme tente de se distraire, sans manquer de s’y s’exterminer. A la fois drôle et glaçant.
Une bande dessinée :
Congo 1905. Le rapport Brazza, qui traitre du premier secret d’état de la Françafrique. Essentiel. Tout est dit dans le titre.
Une exposition virtuelle :
Ayant interprété cet illustre auteur dans une série intitulée Victor Hugo, Ennemi d’état réalisée par Jean-Marc Moutout pour France Télévision en 4 épisodes (actuellement disponible sur Dailymotion), je ne peux que conseiller cette exposition virtuelle qui retrace au travers ses manuscrits et ses dessins l’oeuvre et l’histoire de cet Ogre de la vie et Géant de la littérature.

Une recette de cuisine :
La tarte à la tomate, romarin et moutarde. C’est un plat d’été que j’attends avec impatience… Je dis ça, parce que j’essaie à la fois de ne manger que des légumes de saison et moins de viande (bien que je fus un sacré viandard) mais là, il y a vraiment urgence… C’est pas de la morale, c’est du bon sens, il faut manger raisonné. Moins de viande, local, de saison. Bref. C’est un peu comme pour le clip, je vis dans le fantasme de retrouver des sensations que je vénère : la chaleur, le soleil, l’extérieur, les grandes bouffes entre amis, les terrasses, la mer… Mais j’ai bien peur que cet été ne nous soit volé comme ce printemps, donc oui la saveur d’un plat d’été comme une Madeleine de Proust me sauvera du marasme.
La recette : Préchauffer le four à 180 degrés / Étaler la pâte (maison c’est mieux bien sûr) sur un moule de 26 cm / Précuire la pâte 5 minutes avec billes de cuisson pour éviter qu’elle gonfle / Répartir la moutarde forte (1cuillère) dessus puis les lamelles de tomates (4 tomates) / Dans un bol mélanger moutarde à l’ancienne (1 cuillère à soupe), crème de soja (200ml), sel, poivre, curcuma (1cuillère à café), puis verser la préparation sur les tomates dans le moule. / Ajouter 3 ou 4 morceaux de romarin et des olives noires / Enfourner 20-25 minutes à 180 degrés. Bon appétit !
Une activité sportive :
Le yoga, sans aucun doute. Yoga Vinyasa. J’ai découvert la pratique il y a deux ans et depuis, j’essaie d’aller régulièrement aux cours d’une prof formidable que je ne citerai pas, parce que sinon on va être 15 000… Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi “sportif”, mais j’y ai découvert aussi les vraies vertus de l’étirement et, pas de doute, la santé passe par les étirements.
Une citation :
“L’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps”, de Nicolas Machiavel.
On voit bien, aujourd’hui où ça nous mène. Et en même temps je crains terriblement une société aseptisée au point où nos libertés individuelles fondamentales seraient mises à mal au nom de la raison et de la prévoyance. C’est la porte ouverte à toutes les dérives, alors soyons vigilants sur tous les fronts : sanitairement, humainement, politiquement… Nous sommes confrontés à toutes nos contradictions avec ce virus. L’époque va nous demander beaucoup d’intelligence collective, de sensibilité et d’humilité si l’on veut encore, demain, pouvoir aller “chier dans les bois”.
Un conseil pour bien vivre son confinement :
Aimer.
Votre actualité à la reprise de la vie normale :
Un téléfilm qui passera à la rentrée et intitulé Un homme abîmé, réalisé par Philippe Triboit sur France 2. J’y tiens le rôle principal, celui d’un avocat d’affaire qui se fait violer. Le film raconte sa reconstruction après le drame. La série Laetitia, réalisée par Jean-Xavier De Lestrade passera aussi certainement à la rentrée sur France 3. Tirée du livre d’Ivan Jablonka, j’y joue l’adjudant-chef Frantz Touchais, qui a mené l’enquête avec son équipe lors de ce drame terrible qui avait défrayé la chronique en 2011. Une série ô combien nécessaire par les temps qui courent, quand les violences faites aux femmes se démultiplient.
Sinon, je dois tourner une adaptation du livre Les petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras pour le cinéma avec Élodie Bouchez, Azuro, réalisé par Matthieu Rozé. Puis, un unitaire pour France Télévision réalisé par Lou Jeunet. Mais tout ça est encore conditionné par la sortie du confinement bien sûr…
Quant au Théâtre, pour le moment je n’ai pas de projet vraiment défini, mais quelques pistes. Nous rejouerons ça ira(1) Fin de Louis de Joël Pommerat au TNP à Villeurbanne pour les 100 ans de sa création en novembre. C’est une reprise exceptionnelle.
Merci Yannick et bon confinement !
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