On a découvert le comédien Olivier Chantreau dans Les Lyonnais et la série Flics, portés par le réalisateur Olivier Marchal. Depuis, on le retrouve autant à la télévision qu’au cinéma, que ce soit dans Das Boot, Les Rivières pourpres ou Vers la bataille. En attendant de l’y retrouver prochainement, il a bien voulu nous livrer ses coups de coeur.
Un album de musique ?
En ce moment, j’écoute pas mal de musiques classiques. Un très bon ami à moi, mélomane, m’a fait découvrir le lied, un mouvement allemand. J’adore les Lieder de Schubert. J’écoute ça le matin.
J’adore Billie Holiday sinon, notamment l’album Lady in Satin. J’ai une vraie fascination pour elle. J’aime tout ce qu’elle fait, il n’y a aucune chanson à jeter, j’adore son grain de voix, son parcours, je l’écoute quasiment tous les soirs.
Une chanson ?
J’adore Barbara. Difficile de ne choisir qu’une chanson, mais j’aime beaucoup Göttingen, ce qu’elle y raconte d’elle de manière poétique, cette réconciliation d’avec son passé elle qui fut une enfant juive qui s’est cachée pendant la guerre.
Un clip ?
Je ne suis pas du tout consommateur de clips, mais j’aime trouver des moments musicaux dans des films, qu’ils soient des comédies musicales ou non, des moments volés où des acteurs se mettent à fredonner une chanson. Un film que j’adore, c’est La Belle équipe de Julien Duvivier avec ce plan-séquence au bord de l’eau, dans les guinguettes populaires, qui donne envie de rejoindre Gabin et les autres et de faire la fête avec eux.
Un film ?
J’adore le cinéma japonais, dont les films de Mizoguchi et Ozu. J’aime beaucoup par exemple L’Intendant Sansho sur le Japon féodal, en noir et blanc, qui est absolument tragique avec des destins brisés, des enfants abandonnés, des mères prostituées. C’est incroyable, poétique et bouleversant.
Ou Voyage à Tokyo sur des parents qui, dans le Japon d’après-guerre, demandent à leurs enfants de s’occuper d’eux, mais ces derniers ne sont pas à la hauteur de ce que leurs parents ont été pour eux. J’adore aussi Huit et demi de Fellini que j’ai dû regarder une vingtaine de fois.
Une série ?
Je n’en regarde aucune ! C’est parfois interminable et trop chronophage. Je suis donc exclu d’énormément de conversations à cause de ça, je me sens du coup très seul souvent, mais il y en a une que j’ai découverte pendant le premier confinement, c’était La Maison des bois de Maurice Pialat, sur Arte. Une sorte de film découpé en épisodes, dans la campagne française, pendant la guerre. J’aime beaucoup les dialogues, on se sent bien avec les personnages. J’aime de toute manière beaucoup le cinéma de Pialat. On est dans une sorte de temps long, comme dans un roman. C’est magnifique.
Un documentaire ?
J’ai quasiment tout vu de Wang Bing, un cinéaste chinois et j’avais notamment vu À la folie au cinéma, un film qui dure quatre heures, qui se situe dans un asile, dans une province chinoise. On suit donc ces personnages azimutés et le sordide devient presque poétique. C’est fin, c’est beau, c’est fantastique. Il y a aussi Mrs Fang de lui, sur une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cela avait créé une petite polémique car il avait même filmé sa mort. Il faut tout voir de ce réalisateur.
Un livre ?
J’adore Balzac et mon roman préféré de lui, c’est Illusions perdues, un roman monumental sur les désillusions d’un écrivain qui monte à Paris et rêve d’une grande carrière, qui va se compromettre, se trahir lui-même… C’est intéressant de le lire quand on veut se lancer dans une carrière artistique, comment on peut se compromettre à cause des pièges et le cynisme ambiant. Sinon, j’aime beaucoup Proust, Céline…
Une bande dessinée ou un manga ?
J’ai un souvenir d’enfance de Tom-Tom et Nana. Des petits garnements qui ne font que des bêtises. Je lisais ça tout le temps.
Une exposition ?
J’adore les collections permanentes du Musée d’Orsay, notamment celle des Impressionnistes et j’aime tout simplement l’édifice de ce musée. J’aime aussi, à Paris, entrer dans les églises, c’est toujours très beau architecturalement parlant, avec de très belles statues, de très beaux tableaux.
Un photographe ?
Je regarde peu d’expositions de photo, mais je citerais le film La Jetée de Chris Marker. Un film de science-fiction en noir et blanc, très poétique, avec un rapport au souvenir, à la mémoire. Sur un personnage qui se souvient de la mort de quelqu’un d’autre et qui se rend compte qu’il s’agit de sa propre mort. Et ce n’est pas vraiment un film, mais une succession de photographies.
Un spectacle ?
Les Estivants, de Gorki, à la Comédie Française, à la fois joviale et tragique. Il y a une quinzaine de personnages qui sont à la campagne et qui devisent sur la littérature, la poésie, la vie, la mort et comme dans plein de pièces russes, ça s’enflamme, ça crie, ça pleure, ça chante. J’avais adoré la performance de Loïc Corbery avec lequel j’avais tourné un film et qui m’a beaucoup impressionné dans cette pièce.
Un plat préféré ?
Je fais un très bon poulet au curry, c’est ce que je fais de mieux, je crois. J’aime tout ce qui est épicé. Sinon, je fais du poisson, des tartares et si j’étais très riche, je mangerais du homard tous les jours.
Une activité sportive ?
J’étais très sportif jeune, mais j’ai décroché. Je fais donc de la randonnée car j’adore marcher. Ca m’a été inspiré par les écrivains-voyageurs. J’aimerais beaucoup me frotter au chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Je vais peut-être le faire cet été. Il paraît que c’est une marche phénoménale, qui nous métamorphose.
Une citation ?
« Le génie, n’est que l’enfance retrouvée à volonté » de Baudelaire. C’est inspirant. Cela permet de ne pas trahir l’enfant qu’on a été. Quand on est acteur, le rapport à l’enfance est très important. C’est beau de tenir la main à son enfance. C’est ce que font des acteurs comme Depardieu ou Dewaere.
Votre actualité ?
J’ai tourné des téléfilms qui vont sortir et je vais entamer un tournage prochainement dans le premier film d’un ami d’enfance. On peut aussi me voir dans le film Vers la bataille d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux et je vais réaliser mon second court-métrage.
Merci Olivier !
