LA PRINCESSE PALATINE À SAINT-CLOUD

PRINCESSE PALATINE : LA PLUME ET LE SOLEIL

Portrait d’Élisabeth-Charlotte, duchesse d’Orléans, née princesse Palatine
Nicolas de Largillière (1656-1746)
Huile sur toile, vers 1680
Portrait de la princesse Palatine Atelier de Pierre Mignard (1612-1695) Huile sur toile, vers 1680
Collection P. Heinstein © DR
Nancy, musée des Beaux-Arts, inv. 217 © C.
Philippot

Pour le plus grand plaisir de ses visiteurs, le Musée des Avelines de Saint Cloud présente une belle exposition consacrée à une forte personnalité du 17e siècle, Élisabeth-Charlotte de Bavière, dite la princesse Palatine, femme de tête, épistolière de talent et épouse du frère de Louis XIV, Philippe d’Orléans. 

Dans une ambiance musicale et feutrée, cette exposition présente, entre autres pièces d’exception, une importante suite de portraits de la princesse et de son entourage. Le plus étonnant étant celui dû au pinceau talentueux de Nicolas de Largillière qui nous fait découvrir une princesse dans la beauté éclatante de sa jeunesse, vers 1680, au tour de taille plus contenu que sur une autre toile de Rigaud, beaucoup plus connue, réalisée une trentaine d’années plus tard. 

C’est cette image de femme vieillissante à la taille épaissie que le public garde en mémoire, et, malgré que ce dernier portrait ait été très apprécié par la princesse, qui loua la franchise du pinceau de l’artiste, il a tendance à faire oublier la princesse sportive, grande cavalière, passionnée de chasse, qui accompagna souvent le roi dans ses escapades cynégétiques.

La famille du Grand Dauphin
Pierre Mignard (1612-1695)
Huile sur toile, 1687
Collection Lastic – Château de Parentignat © Photo David Bordes / Tous droits réservés

Née en 1652, Élisabeth-Charlotte de Bavière était la fille du comte-électeur Charles-Louis du Palatinat et de Charlotte de Hesse qui se séparèrent tout juste après sa naissance. Le Palatinat – partie de la Bavière actuelle et du Haut-Rhin – avait pour capitale Heidelberg.

« Liselotte » se maria, par arrangement politique, à 19 ans avec Philippe d’Orléans, dit Monsieur, frère de Louis XIV. Dès son arrivée à la cour elle dû se convertir au catholicisme, apprendre le français et se familiariser avec l’étiquette de la cour. 

Épouse d’un prince du sang, elle devait être regardée comme une femme de haut rang. Elle donna trois enfants à son époux, dont Philippe d’Orléans, duc de Chartres (1674-1723) qui deviendra le célèbre Régent à la mort de Louis XIV. 

La vie de la princesse, soumise aux cabales des mignons entourant son époux, puis horriblement bouleversée par la destruction de sa ville natale Heidelberg par les troupes françaises, ne fut pas toujours facile, mais dotée d’une personnalité hors du commun, elle sut toujours tenir sa place face à Louis XIV qui appréciait sa personnalité et la soutint financièrement et politiquement.

Lettre de la Palatine à sa (demi-) sœur Comtesse (Raugräfin) Louise,
Marly, le 21 May 1715
Collection P. Heinstein © DR

Les 60 000 lettres publiées de la princesse Palatine forment aujourd’hui l’un des témoignages les plus importants et expressifs de la vie de cour au 17e siècle et nous apporte aussi un aperçu du vocabulaire de la princesse qui ne mâchait pas ses mots. Madame de Maintenon fut ainsi qualifiée par elle de quelques noms choisis tels « la vieille ripopée », la « guenon » ou la « vieille ordure. » On aura compris qu’elle n’aimait pas beaucoup cette compagne des derniers jours du souverain !

Elle demeura au château de Saint-Cloud, aujourd’hui disparu, demeure qu’elle adorait et dont quelques pièces présentées à l’exposition permettent d’en imaginer la structure. À cet égard la simulation en 3D du château à l’époque de la princesse est très plaisante et instructive. 

Passionnée par les gemmes, la Palatine réunit une importante collection de pierres gravées conservée aujourd’hui au Musée de l’Ermitage. Elle était aussi intéressée par les sciences, le théâtre, la littérature et disposait d’une importante bilbiothèque. Quelques volumes à ses armes sont présentés à l’exposition. 

Fille de Paname a beaucoup aimé la présentation claire et plaisante de cette exposition à taille humaine, qui nous permet de découvrir une femme étonnante, contrainte par l’étiquette de la cour mais étonnamment libre par l’esprit, vivant dans une époque artistique foisonnante mais politiquement instable. Élisabeth-Charlotte de Bavière ne renia jamais ses origines et demeura toute sa vie une intellectuelle à l’esprit brillant, une femme en quelque sorte « engagée » alors que la vie de cour lui imposait des règles souvent injustes et difficiles. L’écriture lui donna en quelque sorte la liberté du verbe et de l’esprit et le musée des Avelines rend justice à la Palatine en la présentant telle qu’elle fut, assez séduisante pour gagner l’amitié d’un roi qui ne l’accordait pas si facilement. 

Vue générale du château de Saint-Cloud
Attribuée à Adam Pérelle (1640-1695)
Gravure en creux rehaussée de gouache, 1680 Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. G 988.1.11 a
© Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

Une recommandation : si le temps le permet, rejoignez le parc de Saint-Cloud tout proche, après avoir visité l’exposition. Vous pourrez ainsi rêver à la Palatine dans ce domaine qu’elle aimait tant.

« L’air de Saint-Cloud me fait du bien. » 

Élisabeth-Charlotte de Bavière dite princesse Palatine, lettre du jeudi 5 août 1717.

Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud

Jardin des Avelines
60, rue Gounod – 92210 Saint-Cloud 01 46 02 67 18 musee-avelines@saintcloud.fr

www.musee-saintcloud.fr

Musée ouvert du mercredi au samedi de 12h à 18h
Dimanche de 14h à 18h
Fermé les jours fériés et du 21 décembre 2020 au 1
er janvier 2021 inclus

Entrée libre

SNCF : Arrêt gare de Saint-Cloud (ligne St-Lazare / Versailles, St-Nom-La-Bretèche ou La Défense / La Verrière), ou Métro ligne 10 : Arrêt Boulogne / Pont de Saint-Cloud, ou Tram 2 : Arrêt Parc de Saint-Cloud, puis Bus 160460467 : Arrêt Général Leclerc

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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