Actuellement au Théâtre des Champs-Elysées, quelle merveille que cet Opéra de Quat’sous, oeuvre de Bertolt Brecht et Kurt Weill mis en scène par Robert Wilson.

L’Opéra de Quat’sous se déroule dans le quartier de Soho à Londres, époque victorienne. Le gentleman-brigand Mackie-le-Surineur épouse Polly Peachum la fille du chef des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum, ce qui n’est pas sans le contrarier…
Dans cette mise en scène, Bob Wilson fait appel au Berliner Ensemble et c’est pour notre plus grand plaisir. L’époque victorienne semble bien loin et c’est dans une atmosphère de cabaret berlinois complètement décadent que nous allons assister au bal des bandits, des prostituées, des mendiants et même d’un chef de police aux allures du Nosferatu de Murnau.
Le metteur en scène signe une mise en scène sublime, à l’esthétique parfaite. Au delà de la beauté visuelle, l’humour est également présent. Entre les gestuelles saccadées, les danses convulsives et les démarches boitillantes et burlesques, soulignées par un bruitage outrancier, on ne peut que s’amuser franchement tout au long de l’opéra. Le cynisme de Brecht s’impose enfin pour rendre la pièce plus intéressante encore.

Si les orchestrations peuvent tout d’abord surprendre ( mais tout de même moins que le dernier opéra moderne que j’ai vu, à savoir le néanmoins très beau “Lear” d’Aribert Reimann d’après Shakespeare, mise en scène Calixto Bieito, direction musicale Fabio Luisi, à l’Opéra-Garnier en juin de cette année) on s’habitue étrangement vite, parce que finalement tout concorde dans cette ambiance excentrique.
Pour ma part, c’est un coup de coeur pour cet opéra expressionniste s’il en est.

Distribution et réservations sur le site du Théâtre des Champs-Élysées
1ère partie : 2h10 environ – Entracte : 20mn – 2e partie : 40mn environ
Opéra chanté en allemand, surtitré en français
tél : 01 49 52 50 50