Vers l’infini et au-delà
La vie, la mort, l’amour. Trois des plus grandes préoccupations et interrogations de l’Homme : pourquoi sommes-nous sur Terre et dans quel but ? Qu’y-a-t-il après la vie ? Peut-on vraiment aimer sans rien attendre en retour ? Autant de questions existentielles qu’essaie de répondre avec intelligence, finesse et humour Eric-Emmanuel Schmitt dans sa nouvelle pièce, Hôtel des Deux mondes, actuellement à l’affiche au théâtre Rive Gauche.

On y suit l’arrivée fracassante de Julien dans cet établissement propre et bien tenu, surtout quand on sait qu’il a pour personnel deux anges aux charmes juvéniles. Comme les spectateurs, Julien est au début complètement perdu. Il ignore tout d’où il se trouve et comment il est arrivé dans cet ascenseur qu’il est impossible de rappeler. Les fenêtres sont opaques, il n’existe aucun escalier de service. On y entre, mais on n’en sort pas. A moins d’être rappelé. Mais par qui et pour quoi ? Il ne va pas tarder à l’apprendre, au contact des autres habitants de cet hôtel si particulier : un faux mage facétieux qui y vit depuis six mois, un président de société imbu de lui-même et Marie, une femme de ménage qui ne sait que faire de son inactivité. Sans oublier le Docteur S., tout de blanc vêtue, femme aussi belle qu’inaccessible et dont le mystère semble être le maître-mot. Entre rêve et réalité, Julien va devoir s’acclimater à ce Purgatoire quatre étoiles où il va devoir patienter, avant de savoir s’il va retourner sur Terre ou gagner un au-delà que personne ne connaît. Il y fera un voyage statique au bout de lui-même et y trouvera l’amour en la personne de Laura, brisée par la vie et débordante d’énergie.

Eric-Emmanuel Schmitt n’a pas son pareil pour parler métaphysique avec esprit et second degré. On l’a vu déjà dans L’Evangile selon Pilate, Oscar et la Dame rose ou Je suis une œuvre d’art. L’humain gouverne son œuvre. Il a une tendresse toute particulière pour lui, même s’il sait se montrer sévère en dévoilant toutes les bassesses dont il est parfois coupable. Pourtant, ce n’est pas à un Jugement dernier qu’il nous convie. Mais à la réélévation d’une âme trop blessée, qui a peur de s’épanouir et de se laisser aller. Schmitt nous invite à vivre, tout simplement. A aimer, si possible. A pardonner, tant qu’à faire. Surtout, il nous appelle à ne rien regretter, ne pas regarder en arrière et à aller de l’avant, coûte que coûte, même si pour cela, il faut faire le grand saut dans l’inconnu.

Pour nous accompagner dans ce voyage en nous-mêmes, on suit tout un aéropage de comédiens talentueux. Davy Sardou dont on découvre un visage plus grave, Jean-Paul Farré, ouragan d’émotions, Jean-Jacques Moreau, imbuvable impénitent, Michèle Garcia, émouvante et gouailleuse, Noémie Elbaz, le charme à l’état pur ou encore Odile Cohen, fascinante et déroutante. Entre bons mots et échanges plus douloureux, la mise en scène d’Anne Bourgeois se fait aussi douce et humaine que le propos, jamais écrasante ni sentencieuse. Et on aurait presque envie d’aller faire un séjour dans cet hôtel si peu conventionnel. Ne serait-ce que pour prendre le temps de réfléchir sur notre destinée.
Infos pratiques :
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Avec : Davy Sardou, Jean-Paul Farre, Jean-Jacques Moreau, Michèle Garcia, Odile Cohen, Noémie Elbaz, Günther Vanseveren, Roxane Le Texier
Mise en scène : Anne Bourgeois
Du mardi au samedi à 21h
Matinée le dimanche à 15h
(jusqu’au 13 mai)
Durée : 1H50
Tarifs guichet : 45€ (Carré Or), 36€, 27€
Adresse :
Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaité
75006 Paris.