Journaliste cinéma (TéléObs-Nouveau Cinéma, Première, Le Film français…), membre du Syndicat de la critique, Jean-Philippe Guérand est l’auteur de « Bernard Blier, Un homme façon puzzle », « Jean Rochefort, Prince sans rire », « Cyril Collard, la passion » et bien d’autres encore notamment sur James Dean, Woody Allen ou Jacques Tati. Voici son Paris.
Depuis quand êtes-vous à Paris ?
Depuis l’âge de six mois, mi-1958.
Votre premier souvenir à Paris ?
Le chemin de fer de petite ceinture qui menait de chez l’une de mes grands-mères (place Pereire) à l’autre (porte Dauphine) et avec lequel je suis allé passer le bac.
Paris vous le/ la définiriez comment ?
La ville qui ne dort jamais.
Quel est votre ou vos endroit(s) favori(s) à Paris ?
La place Dauphine.

Un restaurant fétiche ?
Le Val d’Isère, rue de Berri, à deux pas des Champs-Elysées. Aujourd’hui disparu, cet endroit était décoré comme un établissement situé dans une station de sports d’hiver. François Truffaut l’a immortalisé dans une scène de La peau douce.

Une boutique fétiche ?
Résonance : encore un magasin de déco porté disparu.
Un salon de thé, un café, un brunch ou autre à recommander ?
Le Café de l’Industrie dans le 11ème arrondissement. On peut y manger (presque) jour et nuit à un prix très raisonnable et servi par de charmantes étudiantes d’une efficacité redoutable. Son succès est tel qu’il possède des deux côtés de la rue Saint-Sabin et a même ouvert à un moment une petite boutique de lingerie en face.

Quel est votre quartier préféré ?
Le 12ème arrondissement, aux alentours du square Trousseau.
Comment vous déplacez-vous à Paris ?
En transports en commun.
Que diriez-vous à Paris ?
Que ses habitants devraient se montrer plus accueillants à l’égard des touristes qui les font vivre.
Si Paris était une chanson / une musique ?
Paris s’éveille de Jacques Dutronc (et Jacques Lanzmann)
Si Paris était une odeur ?
Celle de la pluie sur le pavé mouillé et des marrons chauds qu’on vend sur les grands boulevards l’hiver.
Votre saison préférée à Paris ?
Le printemps… comme partout ailleurs.
Un bar préféré, un lieu la nuit ?
Chez moi, quand il pleut et que je distingue la lumière des phares à travers les vitres opaques de mon salon. Un sentiment de douceur et de protection.
Paris le matin ?
Une boulangerie de quartier et l’odeur des viennoiseries qui sortent du fournil, sans qu’on sache toujours si les clients vont se coucher ou viennent de se lever.
Paris le dimanche ?
Brocantes et vide-greniers.
Paris et vous ?
Une longue histoire d’amour liée à ma fréquentation des cinémas depuis l’enfance et aux différentes images de Paris montrées à l’écran, avec une prédilection pour ces films hollywoodiens qui l’ont magnifiée à distance. Il fut un temps où je pouvais voir quatre films par jour et passer d’une salle à l’autre instantanément. Avec une tendresse particulière pour le Cinéma des Champs-Elysées, une salle située entre le George V et le Normandie où l’on ne diffusait que des classiques à raison de deux par séance, donc pour un prix modique qui attirait parfois des clochards (on ne disait encore ni SDF ni sans-abri) en quête d’un lieu où dormir au chaud. Des deux côtés de l’écran, face à la salle, des horloges murales donnaient l’heure en permanence. Autre lieu mythique : le Mac Mahon, avec ses cycles de comédies musicales et son gong qui résonnait au début de chaque séance. Et puis toutes ces salles portées disparues : les Acacias, la Boîte à Film, le Napoléon, etc… Aujourd’hui, malheureusement, Paris est en train de devenir une ville musée que les touristes réduisent à une carte postale.

