
Le Manoir de Paris propose régulièrement des animations spéciales qui renouvellent le stock de peurs pour ses visiteurs de plus en plus nombreux, avides de sensations fortes. Pour fêter son anniversaire, c’est l’univers clivant des clowns qui est mis à l’honneur jusqu’au 27 mai. Et ils ne sont pas là pour vous faire mourir de rire…
On appelle coulrophobie la peur des clowns. Viscérale, là depuis l’enfance, alors qu’on était traînés au cirque et qu’un énergumène au nez rouge, le visage peinturluré, le rare cheveu rouge ou vert et aux habits trop grands pour lui, colorés et peu assortis, surgissait avec des cris et mimiques sensés faire rire. Mais allez savoir pourquoi, les yeux écarquillés, on ne demandait qu’à partir sans demander son reste. Et ce n’est pas Ca l’oeuvre cauchemardesque de Stephen King et son clown croqueur d’enfants qui a arrangé les choses, bien au contraire. Récemment, flirtant sur cette phobie bien plus répandue qu’on ne le pense, la série American Horror Story lui a même consacré sa septième saison. Et le Manoir de Paris n’est pas en reste, loin de là, pour fêter son anniversaire en beauté.

Dans la file d’attente, des clowns surgissent de nulle part, les dents gâtées, l’oeil vitreux, les ongles acérés et au rire sadique qui vous hantera longtemps. L’accueil est chaleureux et n’est qu’un maigre apéritif par rapport à ce qui nous attend. Car une fois à l’intérieur du Manoir, point de salut, vous êtes livrés à vous-mêmes pour cette expérience immersive en plein coeur de l’horreur. Pensez donc, des clowns de partout, grimés de manière outrancière et aux moeurs très particulières (ils sont souvent misanthropes et anthropophages et surtout, évadés d’un asile psychiatrique), qui vous attendent, tapis dans l’ombre, pour hurler à vos oreilles tantôt les châtiments qu’ils subissent, tantôt ceux qu’ils aimeraient vous faire subir.
Ici, un clown sur échasses qui court comme un cabri à la recherche de chair humaine. Là, une apprentie clown persécutée qui ne demande qu’à être aidée. Au plafond, des cochons éventrés, des pendus qui se balancent, des corps en putréfaction et des lampes qui ont la fâcheuse tendance à s’éteindre quand un danger se présente. Les murs rétrécissent parfois, il faut se baisser, s’agripper à une cordelette de fortune pour trouver son chemin, les oreilles aux aguets car n’importe qui (et surtout n’importe quoi) peut courir à vos trousses, vous attraper le mollet ou susurrer à l’oreille une comptine diabolique. Avis à ceux qui ont peur du noir ou sont agoraphobes. Ce n’est pas pour vous, sauf si vous souhaitez braver vos terreurs, vaille que vaille.

De salle en salle, aux décors magnifiquement dérangeants et perturbants, tout l’attirail des cirques désenchantés d’où s’échappent des clowns psychopathes, est un régal pour les mirettes. Même si l’on a peu de temps pour admirer les détails des moindres objets, car il faut aller vite, très vite. Et l’adrénaline nous pousse à gagner la salle suivante de crainte de tomber sur une mauvaise rencontre. Qui arrivera, quoi qu’il advienne. Si on peut regretter qu’aucun scénario ne relie les saynètes qui nous sont présentées et où l’on participe à son corps défendant (les comédiens grimés ont le droit de s’approcher au plus près de vous, voire de vous toucher), l’ambiance délicieusement malsaine se suffit à elle-même. Au bout d’une quarantaine de minutes dans cet univers torturé, poursuivis par une clown à la tronçonneuse facile, un autre lieu vous attend.
Celui d’un hôtel laissé à l’abandon où directeur, groom et clients ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, gagnés par une folie contagieuse. Vous croyiez en avoir terminé, il restait le plat de résistance. Là encore, le décor est magnifique et l’on peste de ne pouvoir l’admirer plus longtemps. Mais il est question de survie, si l’on ne veut finir hachés menus par une horde de singuliers personnages. Jusqu’à un final en apothéose : après les lumières stromboscopiques où apparaissent de dangereux criminels, le noir complet. Oui, complet, où tout, absolument tout, peut arriver. Et on a beau savoir que tout est pour de rire (jaune), on ne rit plus. Le coeur en chamade, on cherche la sortie, les oreilles titillées par une nouvelle tronçonneuse en liberté. L’expérience est totale. On en sort heureux de vivre. Avec l’envie d’y retourner.
Réservations en ligne sur :
Le Manoir de Paris
18 Rue de Paradis
75010 Paris
