
Un Opéra brillamment mis en scène par Laurent Pelly !
Charmée par le mythe de Tristan et Iseut dont la passion amoureuse naissait d’un philtre d’amour et d’un ensemble de quiproquos, le titre évocateur de cet opéra, l’Elixir d’amour, m’a tout de suite intriguée. J’avais entendu dire que d’après la légende, le compositeur Donizetti avait écrit la musique en 14 jours.
« L’on trouve un sujet agréable, le cœur parle, la tête anticipe et la main écrit », explique-il plus tard, dans ses correspondances.
Il ne m’en a pas fallu plus pour piquer ma curiosité et réserver une place. Cet opéra est en effet un véritable bijou enjoué, attendrissant et vertigineux. Il peut autant séduire les non initiés que les connaisseurs pour qui tout est un régal pour les yeux et les oreilles : décors cinématographiques, mise en scène théâtrale dans le moindre détail, distribution excellente et situations comiques euphorisantes.
L’histoire
“Auriez-vous par hasard le breuvage d’amour de la Reine Iseut ?” Acte 1 – scène 6
C’est l’heure des moissons, dans une campagne loin de tout. Au milieu, une motte de foin. Nemorino, une jeune villageois timide et naïf, observe la charmante Adina dont il est éperdument amoureux. La jeune femme raconte l’histoire de Tristan et Iseut aux villageois, ou comment un simple philtre a transformé la haine des deux amants en amour. Quand Adina se retrouve seule avec Nemorino, qui lui déclare une fois de plus sa flamme, elle fuit à vélo. Non mécontente de jouer avec ses sentiments, la jeune femme se dit incapable de recevoir tout cet amour. Volage, son cœur ne peut pas appartenir qu’à un seul homme. Le cœur de Nemorino se brise une fois de plus : il ne peut s’y résoudre.
Capricieuse, Adina se laisse aussi courtiser par le sergent Belcore, qui a une meilleure position sociale que Nemorino. Joueuse, elle l’écoute, mais ne semble pas plus intéressée.

On pourrait penser que le pauvre et gentil Nemorino n’a plus qu’à accepter son triste sort et la non réciprocité de ses sentiments ! Et pourtant, un charlatan ambulant, Dulcamara, pourrait sans le vouloir renverser la situation avec son prétendu philtre d’amour… Son arrivée est fracassante dans ce petit village à la campagne, loin de tout.
Tout est une question de pointe de vue et de “timing.” Patience, patience Nemorino : tout vient à point à qui peut attendre.

La mise en scène
J’ai adoré les décors (signés Chantal Thomas) qui servent de support à une dramaturgie travaillée dans les moindres détails par Laurent Pelly. Au début de l’opéra, Adina est allongée sur un matelas, sous un parasol, qui est lui-même perché sur une pyramide de bottes de foin. Elle lit Tristan et Iseut et conte l’histoire aux villageois. Puis, ce même décor sert à nouveau pour que Nemorino observe son adorée sans que celle-ci ne le voit. Ensuite, les villageois assistent à la déclaration du sergent Belcore à Adina, comme s’ils étaient eux même spectateurs/ voyeurs. Cette mise en abyme amplifie à la fois le ressort comique et nous captive dès les premières secondes.
J’ai aussi été très sensible à la lumière et aux autres décors tricotés à la perfection : l’auberge située à l’écart du monde, le camion du charlatan avec plein de breuvages farfelus, les voitures anciennes, les tréteaux pour accueillir la fête, la vespa, le tracteur délabré, tant d’ambiances qui nous plongent dans une merveilleuse campagne déserte.
L’opéra est très vivant et non dénué d’humour, nous ne sommes pas au bout de nos surprises dans les retournements de situation. La réussite de cet opéra doit aussi beaucoup au couple intrépide formé par Lisette Oropesa (Adina) et Vittorio Grigolo (Nemorino).
Vittorio Grigolo qui joue le rôle de Nemorino prend un plaisir monstre sur scène avec ses déhanchés endiablés et ses cabrioles. Il ne s’épuise jamais et donne beaucoup d’énergie, beaucoup de sa personne, tant au niveau de sa gestuelle que de sa voix. Il ne ménage pas ses efforts et a un véritable sens du comique. La naïveté, la gentillesse qu’il donne à l’interprétation de son personnage et sa façon de se mouvoir – même s’il en fait parfois trop – rend le personnage très attachant.
Lisette Oropesa dans le rôle d’Adina, est elle aussi très touchante. Au début délicate et indécise, elle ouvre son cœur au fur et à mesure que l’intrigue avance.
Je ne peux pas parler de l’excellente distribution sans parler de Gabriele Viviani en docteur Dulcamara avec son sourire carnassier. Son personnage prend un malin plaisir à tirer les ficelles de cette joyeuse comédie.

J’ai passé un merveilleux moment, c’est un opéra dont je me souviendrai longtemps, je recommande vivement !
Ne perdez pas une minute pour réserver, cet excellent opéra joue sa dernière le 25 novembre à l’Opéra Bastille !
OPÉRA BASTILLE
PLACE DE LA BASTILLE
75012 PARIS
Oh je l’ai vu il y a quelques années – également à l’Opera Bastille d’ailleurs – avec Roberto Alagna et c’était topissime !!!
Je comprends que tu en dises le plus grand bien!
Bon dimanche !
Merci pour le commentaire ! Oui c’est frais et délicat, un vrai bonheur !!