
Un spectacle à apprivoiser d’urgence !
Dans Le Lion dans la cage, Noémie Fansten raconte une enfance et une adolescence pas comme les autres. Derrière ses lunettes double foyer, c’est un autre monde qui s’offre à elle, celui de l’exclusion. Elle en a fait une force qui lui donne envie de rugir à la vie. Un seul en scène drôle et touchant.
Si vous êtes réfractaires aux artistes qui se racontent sur scène, ce spectacle ne sera pas pour vous. Car Noémie plonge au plus profond de son intimité, de ses premiers souvenirs d’enfance à sa vie de maman d’aujourd’hui. Mais pour les autres, Le Lion dans la cage est une petite bulle salvatrice, un cocon qui donne envie de s’y lover, au rythme de l’histoire douce-amère, mais empreinte de moments de folie, que nous conte Noémie. Son histoire. Qui finit par devenir universelle car on a tous plus ou moins connu le rejet au cours de sa vie.

Tout commence au berceau, quand la petite Noémie a l’impression que la fenêtre de sa chambre lui veut du mal. Il se révèlera qu’en fait elle est en train de développer un strabisme et avec lui, une hypermétropie et une presbytie qui vont la conduire, petite, à porter des lunettes double foyer et passer ses mercredis après-midi chez l’ophtalmologue ou l’orthoptiste, le kiné des yeux. Et de subir, à l’école, le doux surnom de « Serpent à lunettes ». Fort heureusement, la petite Noémie a du caractère, de l’humour à revendre et de la répartie. Si ses lunettes, qu’elle n’a même pas le droit de choisir, ne l’empêchent pas d’avoir des amis, elle est toujours la dernière choisie en sport et les histoires de cœur l’évitent autant que possible. Après avoir été opérée de son strabisme, c’est une nouvelle Noémie qui apparaît au lycée. Elle ne porte plus de lunettes et sa vie change du tout au tout. On la (re)découvre enfin et à elle de rattraper le temps perdu au sport et avec les garçons ! Jusqu’au jour où son strabisme revient, accompagné cette fois de son amie la myopie. Et c’est de nouveau l’éloignement des autres par de nouvelles lunettes…

Avec ce spectacle, on se replonge dans les années 1980 et 1990, avec références télévisées, musicales et culturelles de l’époque, surtout quand Noémie en vient à se comparer, malgré elle à Annette de Premiers baisers. L’écran derrière elle montre sa vision du monde sans lunettes, parfois stromboscopique, souvent floue et aussi colorée différemment. Car Noémie a une autre particularité, elle est synesthésique, c’est-à-dire qu’elle perçoit lettres et personnes sous forme de couleurs. Ce qui finit par faire beaucoup pour une seule personne !

Avec Le Lion dans la cage (exercice d’orthoptiste), Noémie se raconte certes, mais nous raconte tous. Car tout un chacun peut se reconnaître en elle, suivant ses propres particularités. Elle nous touche à de nombreuses reprises, mais son sourire toujours vissé sur son visage nous empêche de sombrer dans la mélancolie. Même, on rit de bon cœur à plusieurs reprises. Et on aurait (presque) envie de revoir un épisode de Premiers baisers, c’est dire !
De son histoire, Noémie Fansten a fait un livre, puis un spectacle et surtout une force, un appétit de vivre communicatif. Le lion est peut-être toujours en liberté, mais elle a réussi à l’apprivoiser. Il ronronne dans son coin, comme nous, devant ce seul en scène unique en son genre.
Les dimanches de décembre à 18h30.
Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville 75005 Paris