“HEPTAMÉRON” AU THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD

(c) Simon Gosselin
Copyright Simon Gosselin

Heptaméron, œuvre écrite par Marguerite de Navarre, sœur de François 1er, est un texte intriguant, aux qualités indéniables, qui pourtant est inconnu du grand public. Benjamin Lazar nous permet de le découvrir avec son regard contemporain, et y associe la troupe des Cris de Paris.

(c) Simon Gosselin

Une délicate violence. Tels sont les mots qui me viennent pour parler de cette œuvre énigmatique proposée par Benjamin Lazar, qui repose principalement sur le ressenti. Car ici, on peut choisir d’aller voir Heptaméron pour sa valeur dramaturgique, historique ou pour se laisser perdre dans un spectacle où se mélangent de nombreux niveaux de lecture. Chacun choisira comment interpréter, et comment apprécier.

Nous entrons dans le cocon intime créé par Marguerite de Navarre et sommes prêts à entendre les « récits de la chambre obscure » : des drames amoureux qui pour la plupart, pourraient nous paraître datés. Cependant cette bulle dans laquelle nous nous trouvons nous fait apprécier à leurs justes valeurs ces récits chevaleresques où la femme est l’héroïne.

(c) Simon Gosselin

La scène, tout de bois et d’herbe, est construite comme une succession de tiroirs, qui s’ouvrent ou se ferment tout au long des différentes histoires qui nous sont racontées. Ici les comédiens -qui sont aussi chanteurs et musiciens- se déplacent au gré des péripéties, formant un chœur qui laisse à chaque fois la lumière à un nouveau coryphée.  Quelques accessoires viennent ponctuer la scénographie épurée et ainsi apporter une valeur symbolique à l’action. C’est toujours elle qui est présente et nous émeut alors qu’on a devant nous « qu’une fille en jean’s » qui déclame un texte ancien.

(c) Simon Gosselin

Toute la force de cette mise en scène est d’oser le contemporain pour se concentrer sur l’essentiel : la musique et l’harmonie des madrigaux. Intelligemment choisis pour illustrer les textes extraits de façon pertinente de l’Heptaméron, et mettre ainsi en exergue l’émotion authentique, puisée majoritairement dans les comédiens-chanteurs et leurs interactions.   

(c) Simon Gosselin

On ne cherche pas à comprendre ce que l’on voit et écoute : on se laisse porter par le texte qui tour à tour nous pique au cœur, fait perler une larme au coin de l’œil, révolte ou adoucit. Il se dégage une grâce, une empreinte de délicatesse…qui peut à tout instant se substituer par un flot de sang ou par la cruauté de l’âme humaine. Ne ratez pas ce plongeon dans le passé qui éveillera votre présent ! 

Hillel

Heptaméron , Récits de la chambre Obscure

D’après L’Heptaméron de Marguerite de Navarre

Avec la musique de Claudio Monteverdi, Luca Marenzio, Benedetto Pallavicino, Carlo Gesualdo, Michelangelo Rossi et Biagio Marini

Mise en scène Benjamin Lazar
Direction musicale Geoffroy Jourdain    

Avec
Fanny Blondeau, Geoffrey Carey, Malo de La Tullaye
et avec Les Cris de Paris : Virgile Ancely, Anne-Lou Bissières, Stéphen Collardelle, Marie Picaut, William Shelton, Luanda Siqueira, Michiko Takahashi et Ryan Veillet

Du mardi au samedi au Théâtre des Bouffes du Nord, dernière le samedi 23 février.

 

 

Laisser un commentaire