
Le Bûcher des vanités.
Au Théâtre Antoine, se joue un spectacle atypique qui fut un des grands succès du festival off d’Avignon 2018. Garden Party relate la décadence d’un groupe de jeunes nobles qui n’en ont que le titre, mais pas l’éducation. Loin de là…

Quoi ? Telle est l’interjection qui nous vient en bouche quand on sort d’une représentation de Garden Party. Quoi… Que venons-nous de voir exactement ? Difficile de le résumer tant le spectacle est inclassable, inracontable, indéfinissable. Ça vitupère, ça borborygme, ça grimace, ça court au ralenti, ça danse, ça chante, ça mange, ça boit, ça lance des objets au public, ça vole dans les airs en entonnant du Wagner, ça meurt et ressuscite, ça n’arrête jamais pendant plus d’une heure, laissant à peine le spectateur reprendre son souffle.
C’est un shoot d’amphétamines, un rêve (ou un cauchemar) hallucinatoire et surtout, une sacrée performance de la part de ces comédiens qui donnent de leur personne au point de finir en eaux, les costumes tachés de part en part. On pense à des films italiens où la fête cache les turpitudes, comme chez Fellini ou Sorrentino (dont la bande-son reprend deux musiques issues de la bande originale du magnifique La Grande Bellezza), où la joie n’est qu’éphémère, où la richesse ne fait pas le bonheur (mais y contribue tout de même grandement).

Garden Party est une critique féroce des grands de ce monde qui s’ennuient, au point de chercher toujours de quoi s’occuper, combler le vide, quitte à en venir à tuer ses propres congénères. La pièce commence d’ailleurs par une étonnante mise à mort de tous les protagonistes qui se mettent en joue et se tirent dessus les uns les autres, comme lors d’une partie de ball-trap. Mais leur supplice ne s’arrête pas pour autant, car ils revivent, inlassablement. Et reviennent encore plus enragés et féroces, sous les sourires de façade. Ces dames en profitent d’ailleurs pour se faire quelques retouches esthétiques à coup de piqûres de Botox, pendant que ces messieurs tentent de démontrer leur force, en vain.

La mise en scène est aussi inventive qu’elle semble volontairement sans queue ni tête, permettant aux comédiens d’avoir chacun un ou plusieurs moments de bravoure, de se mettre en avant dans ce bal tragi-comique qui se joue des conventions. Un spectacle étourdissant.
Garden Party, du mercredi au samedi à 19h.
Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg 75010 Paris