“ILIADE + ODYSSÉE” À LA SCALA

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Pour sa première saison de réouverture, La Scala nous offre le bonheur de vivre une aventure en deux parties, avec une relecture moderne et pleine de fraîcheur des célèbres Iliade et Odyssée.

Nous connaissons tous plus ou moins les épopées que sont les récits de l’Iliade et de l’Odyssée. Même si peu d’entre nous ce sont aventurés à les lire, nous avons tous en tête des scènes connues : le cheval de Troyes, Ulysse et le cyclope, Pénélope et sa tapisserie… C’est donc avec grand plaisir qu’on a, le temps d’une soirée où s’enchaînent les deux oeuvres, le plaisir de redécouvrir ces textes mythiques durant trois heures intenses.

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Ici le maître mot est simplicité. Simplicité de la mise en scène : nous avons cinq comédiens sur scène, vêtus à l’identique, qui se fondent chacun dans les divers personnages, incarnant indifféremment les deux sexes. Ce qui ressort donc n’est plus leur individualité en tant qu’homme ou femme, mais leur talent à nous faire “switcher” à la vitesse de l’éclair entre chaque rôle. Simplicité de la scénographie, épurée :  un parterre de chaises, qui à des moments stratégiques sont agrémentées, presque toujours sur le corps des comédiens, d’éléments organiques tels que le sang, la terre, l’eau, le feu… Cela vient appuyer la dramaturgie et apporte de l’intensité à des scènes qui le sont déjà par leur dimension épique. Cependant nous avons également beaucoup de légèreté, notamment lors de scènes divines où les dieux, telles les stars de l’Olympe, décident du sort du peuple de “mortels” comme de la couleur de leurs chaussettes.

Les deux oeuvres, même si elle gardent continuité dans la mise en scène, sont très différentes. Leur contenu en est pour beaucoup et Iliade nous laisse découvrir une multitude de personnages, des scènes de bataille sanglante,  des morts à la pelle : chaque personne décédée est nommée, on prend soin de nous faire l’inventaire des personnes qui ont péri dans cette stupide guerre. 

Odyssée quand à elle est plus un récit de voyage, les dieux qui jusqu’ici avaient le contrôle se trouvent mis à mal par la volonté sans faille d’Ulysse de retrouver les siens, et de sa famille de résister aux pressions pour l’attendre.

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Finalement, le fond a surtout une valeur éducative, et mériterait d’être enseigné de cette manière. N’oublions pas qu’il s’agissait à l’origine d’une transmission orale, et le texte résonne en nous sans pour autant appartenir à un personnage : dans Odyssée, Ulysse est interprété par tous les comédiens, clin d’œil à la tradition du chœur grec qui est de plus en plus d’usage dans le théâtre contemporain.

Pour la forme, même si les procédés sont déjà vus, la pureté de leur usage, et la fraîcheur des interprète nous convainc : que c’est bon de voir la relève de la scène théâtrale française, dans ce quintet harmonieux, où l’ego s’efface pour laisser place à l’émotion et à la puissance dramatique.

Bravo pour avoir fait confiance à Pauline Bayle, qui nous laisse espérer de nouvelles oeuvres aussi radicales.

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Hillel

Iliade + Odyssée 

d’après Homère
adaptation et mise en scène Pauline Bayle

avec Manon Chircen, Soufian Khalil, Viktoria Kozlova en alternance avec Najda Bourgeois, Mathilde Méry et Loïc Renard.

Jusqu’au 2 juin 2019 à la Scala.

13 Bd de Strasbourg, 75010 Paris

 

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