Journal d’un vieux confiné…Jour 22

En cette période de confinement, mon ami Rodolphe Trouilleux, qui vient de rejoindre le blog vous fait part d’un journal imaginaire : « Journal d’un vieux confiné  »  Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, etc, les surprises sont souvent au rendez-vous et c’est un plaisir de les partager.

 

Vingt-deuxième jour de confinerie

Ce matin mal aux cheveux général.  Hier soir on a trop bu, trop mangé, et on a été franchement malades cette nuit. On a des vrais têtes de ressuscités avec Maman. Tout ça doit être de la faute à Gradoub, pourtant l’Asticote est toute ragaillardie. Nous, c’est comme si on avait pris vingt ans de plus, et comme habituellement on a déjà des têtes de fatigués… 

La coccinelle a livré la nouvelle version du dentier à Maman. Elle a des canines trop longues alors on dirait un vampire, comme avec les machins en plastique qu’on gagnait dans les tirettes à un franc quand on était mômes. 

Elle s’est regardée dans la glace et elle a rien dit alors j’ai pas fait de réflexion. Elle avait pas ses lunettes, alors je pense qu’elle a rien vu.  

J’ai évité de justesse la crise diplomatique avec des voisins qui, gentiment, défilaient pour nous remercier à cause des saucisses de la veille. A chaque fois c’était pareil, j’essayais de garder Maman dans le couloir derrière moi  mais y’avait rien à faire, fallait qu’elle rapplique le sourire aux lèvres. Les têtes des voisins à ce moment-là, y’en a même qu’on eu peur !  

Malheureusement, les moqueurs étaient de la partie, et j’ai appris que depuis y a des gens qui nous appellent la famille Dracula… Les cons ! 

De toute manière on s’en fout, y’a des choses plus graves en ce moment. 

« La mer, les fleurs, l’amour, le printemps » ; « j’ai dit je t’aime au soleil » ; « T’aimer c’est voir le ciel et les planètes », et j’en passe : alors qu’on n’arrive pas à se faire envoyer des trucs utiles, il a fallu qu’un livreur trouve notre adresse et dépose chez nous le nouveau cédé du Vincent Vincent ». La poisse ! Déjà que j’avais mal au crâne, les âneries de l’autre en plus c’était complet.

C’est la première fois que je voyais Dracula écouter des chansons d’amour en pleurant, vraiment top ! La Sarah Frisette elle crie aussi dans le disque, on dirait une vieille porte qui grince, si c’est pas malheureux de donner un micro à une engeance pareille. 

Avec Maman on a trié la boîte des photos et on a fait deux tas : les vivants d’un côté, les morts de l’autre, les pas très frais au milieu. On est un peu effarés parce que le tas des refroidis il fait près du double de l’autre. Enfin, c’est la vie, faut pas trop s’en faire. Comme on est joueurs on a tout remis dans la même boîte, comme ça, la prochaine fois, on recommencera. 

Le pull poncho africain est presque fini ; Avec ça j’ai l’air d’une vraie cloche mais Maman elle est contente. Bientôt je vais être obligé de le porter pour lui faire plaisir. Et maintenant elle veut me faire un pantalon d’intérieur à rayures jaunes et vertes ; C’est moi que je suis son cobaye y’a pas à discuter, mais c’est pas drôle. 

L’asticote elle est vraiment bizarre celle-là : vla t’il pas qu’elle a fait copain copain avec un vieux chat de gouttière bien dégarni du poil, un machin noir et blanc pas référencé dans les manuels de vétérinaire. C’est un peu elle en chat, c’est dire ! Maintenant il mange avec elle dans la même gamelle. Maman elle a voulu le brosser mais il était pas disposé aux câlineries, y’a que la chienne qui le lèche dans tous les sens, il doit pas être bien normal pour accepter ça. 

On s’est renseigné et comme il appartient à personne on l’a adopté, enfin c’est putôt lui qui nous a adopté, mais pépère il est pas disposé pour les caresses, c’est un dur, gentil, mais faut pas l’agacer.  Comme il miaule comme une vieille casserole, on l’a appelé Cui cui ; C’est vrai, c’est un drôle de truc, il est comme enroué. 

Enfin, avec tout ça, maintenant, je vis dans la maison de Dracula avec un chien pas fini et un chat déplumé qui fait cui cui. Y’a pas à dire, la confinerie ça conduit à tout !

Bon, c’est pas tout ça mais pour le reste on verra demain. 

masque

Copyright R.Trouilleux

rodolphe

 

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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