
L’acteur corse Jean-Philippe Ricci est à la fois au cinéma, à la télévision et sur les plateaux de théâtre. Il a joué sous la direction de Philippe Harel, Jacques Audiard, Olivier Baroux et on peut l’applaudir en ce moment dans Intra-Muros d’Alexis Michalik au Théâtre de la Pépinière. Entre deux représentations, il a bien voulu nous confier ses coups de cœur.
Un album de musique :
En ce moment je kiffe sur l’album des Viagra Boys, Street Worms, un groupe que j’ ai découvert par le biais d’une copine tatoueuse et c’est mon goûter du moment. Je n’ai jamais lâché la scène alternative et je suis toujours en recherche de nouvelles choses, bien que mes goûts musicaux soient très éclectiques, j’aime tout ce qui est bon en fait, du classique au trash metal.
Une chanson :
Il y en aurait une tonne à citer, mais si je dois en choisir une c’est Elsa de l’album Léo Ferré chante Aragon. Je suis très chanson à texte et celle-là c’est l’un des plus beaux duos qu’il y ait eu. Deux poètes que j’admire et qui me transportent très loin par leurs œuvres et leurs univers.
Un clip :
Witch Doctor, du groupe néerlandais De Staat, un clip assez incroyable et efficace.
Un film :
C’est pareil, il faudrait une bible pour tous les citer mais je vais revenir à mon premier amour qui a tout déclenché c’est Les Valseuses de Bertrand Tavernier. Au risque de choquer certains, je l’ai vu à 8 ou 9 piges et ça a été une révélation, parce que la liberté qu’insuffle ce métier m’a explosé à la gueule. Depardieu, Daewere et Miou Miou sont beaux, jeunes, fous et libres. C’est THE film qui m’a donné l’ envie de faire ce métier.
Une série :
The Leftovers, sans hésiter. Je l’ai découvert grâce à ma compagne, j’ai pourtant commencé les trois premiers épisodes en titubant et ensuite ça a été la chute libre, l’abandon total, j’ai été subjugué par la réalisation, le sujet qui est absolument universel, car ça touche à l’existence même, il y a tous les ingrédients qui me plaisent, une intrigue atypique, une écriture habile, c’est surnaturel, philosophique, psychologique, post-apocalyptique, c’est une série extrêmement talentueuse. La question aurait pu être “la série que vous auriez aimé écrire”, de plus la BO touche le ciel et pour ce qui est des acteurs, ça joue sa race ! Un pur chef d’œuvre !
Un documentaire :
J’ai regardé récemment le documentaire Sport d’ailleurs, sur Netflix et ça m’a fait délirer. Surtout le Calcio Storico à Florence, c’est un espèce de mélange de foot, rugby où tous les coups sont permis. Il n’y a pas d’argent, il n’y a pas de célébrité ni de gloire, il n’y a que la passion pour son équipe, ses potes, sa ville parce que ça n’a lieu qu’à Florence et pour faire perdurer ce sport traditionnel… C’est pas beau, ça ? C’est barbare, violent, dingue mais c’est pur… Et je sais pas pourquoi, mais moi ces gens me touchent !
Un roman :
Alors je vais en citer deux : Mon traître et Retour à Killybegs, du même auteur Sorj Chalandon. D’abord parce que l’oppression d’un peuple par un autre me touche particulièrement avec les dommages collatéraux que ça provoque des deux côtés et puis l’oppresseur est l’oppressé de quelqu’un d’autre, et vice et versa…C’est une petite fresque qui se passe entre 1977 et les années 2000, avec des flashs backs, entre le conflit britannico-irlandais, une histoire d’amitié, de fraternité, d’une cause commune et… de trahison. Les deux livres se suivent, le premier est le point de vue du narrateur et le second le point de vue du traître… La trahison est une chose fascinante parce qu’elle est beaucoup plus complexe que l’acte de trahir en lui- même. C’est une histoire humaine la trahison, c’est une histoire de frères… C’est quand même un sujet indémodable, non ? Sinon, Shakespeare ne se serait pas fait chier…

Une BD/ un manga :
Une BD, je vais dire Sin City : J’ai tué pour elle, de Franck Miller. J’aime les dessins, la noirceur de l’histoire et la noirceur des personnages… J’aime les anti-héros.

Pour le manga je vais en citer deux qui ont bercé mon enfance Goldorak, l’un des premiers dessins animés écolos… Il se battait contre les méchants pour préserver la planète bleue et Capitaine Albator, le Robin de bois de l’espace. Il est pirate, hors la loi et il défend les opprimés. J’étais déjà très sensible à l’injustice quand j’étais gamin.

Un photographe/une expo :
Je ne connais pas plus que ça le monde de la photo, mais je vais dire Guy Bourdin, parce que j’ai vu une expo de lui récemment. Il y a une esthétique fabuleuse accrochée à la folie de l’époque. Ses influences, ses grands champs de couleurs, la netteté, la femme… J’aime beaucoup ses archives, mais aussi ses campagnes, c’est parfois grinçant… Cette époque quand même… On n’avait pas peur de tenter ni peur d’être jugé et ça laissait une carte blanche totale à la création.
Un spectacle :
Je vais en citer deux, le spectacle de Redouane Harjane, Miracle, que j’ai vu à la Nouvelle Eve et j’ai ri pendant 1h30 non-stop, tellement le mec est dingue. J’aime tout ce qui est décalé.
Et Julien Santini dans Loser magnifique, que j’ai découvert au festival d’Avignon et qui va se produire à partir d’octobre à la Nouvelle Seine. Je le conseille à tout le monde. Ces deux-là, c’est exactement le genre d’humour qui me fait décoller et franchement, c’est très dur de me faire rire.

Une recette de cuisine :
Aaah ! Les pâtes à la boutargue. La recette que j’ai piqué a une amie Milanaise. Ail, persil, tomates cerises, un peu de piment et beaucoup de boutargue. Giorgia pardonne moi !
Une activité sportive :
J’ai toujours été un grand sportif à plus ou moins haut niveau, le foot car j’ai joué jusqu’en national 1 jusqu’à 19 ans, la boxe pieds-poings pendant 10 ans avec 2, 3 combats en amateur et maintenant le Jiu Jitsu brésilien qui me passionne au plus haut point. J’ai découvert le JJB, il y a deux ans maintenant et ça m’a piqué au cœur comme un tattoo. De plus je me suis inscrit au Gracie Barra Paris et c’est devenu une seconde famille. Quand je n’y vais pas, ça me manque… Et puis, je suis tombé sur un staff d’exception, Julien, Wilee, Damien, Lucas, Alex, Icaro, Cassio… Ce sont des gens passionnés, d’une disponibilité, d’une gentillesse et d’un savoir-faire hors pairs. C’est un club qui élève et pas que dans cette merveilleuse discipline.
Une citation :
« Let s Rock », du King.
Une maxime :
« Saute et le filet apparaîtra !!!! »
Votre actualité :
Je suis en ce moment dans la pièce Intra Muros, de et par Alexis Michalik que nous jouons au théâtre de la Pépinière à Opéra et que forcément, je conseille à tout le monde de venir voir, c’est un pur bijou d’histoire et tous les rôles sont d’une pure beauté, merci Alexis. J’y suis en alternance ce qui me laisse du temps pour les tournages.
Pour ce qui est de la télé, je suis dans la mini-série La Garçonne sur France 2 dont la diffusion touche à sa fin, mais qui sera encore un bon moment en replay.
Puis au cinéma, il y a Belle fille, de Meliane Marcaggi qui est encore en salle où j’ai un second rôle et Des feux dans la nuit, de Dominique Lienhard qui est en post-prod, avec Ana Girardot. Je dois enchaîner sur une série, mais je n’en dis pas plus… Superstition oblige…. Et je co-écris un long métrage que j’espère réaliser moi-même.
Merci Jean-Philippe.
