
Un stabilo et une femme !
Femmestabilo c’est une petite nana à houppette, malicieuse et audacieuse, qui écume les rues de Paris. C’est donc tout naturellement que nous avons pensé à elle pour notre rubrique “Les figures de Paris”. On la retrouve sur les encombrants du 19ème, 10ème, 7ème… qu’ils soient rive droite ou rive gauche, aucun d’entre eux n’en réchappe ! Esquissée en plein jour avec des marqueurs de couleur ou collée aux vieux frigos en déshérence sous forme de stickers, Femmestabilo imprime sa bonne humeur et son bon sens bien de chez nous jusque sous vos fenêtres. C’est avec curiosité que nous avons interviewé sa Créatrice, Sarah T. parisienne depuis toujours.
Comment est né le personnage de Femmestabilo ?
Femmestabilo est née par accident, dans un open-space boulonnais, un jour où je m’ennuyais terriblement au boulot. J’avais des Stabilo qui traînaient sur mon bureau. Pour tromper l’ennui, je me suis naturellement mise à tracer quelques lignes sur une feuille blanche. Au hasard des mouvements de poignet, les grands yeux et la houppette de Femmestabilo ont fini par apparaître. Quelques jours plus tard, je créais mon premier compte Instagram « Femmestabilo ». L’histoire était lancée !
Avant d’être un personnage de Street-Art, Femmestabilo est une héroïne BD…
J’ai commencé en dessinant des strips BD de quelques cases, postés quotidiennement sur mon compte Instagram. Au départ, je m’amusais dans mon coin, le dessin me permettait d’explorer une forme de création nouvelle, gratuite et sans enjeu. Et puis les gens ont commencé à accrocher : augmentation du nombre d’abonnés, reposts, commentaires, petits messages quotidiens de la part des lecteurs m’ont encouragée à développer la personnalité de mon personnage et à le faire vivre en le mettant en scène dans des situations de la vie de tous les jours, ou plus rocambolesques.

Peux-tu nous décrire Femmestabilo ?
Fille d’aujourd’hui, Femmestabilo mène sa vie tambour battant, comme une vraie warriorette ! La recherche de l’amour – la galère des applis de rencontre ! – les situations absurdes au travail, les amies toxiques ou merveilleuses, les expériences culturelles décoiffantes… les situations du quotidien sont autant de sources d’inspiration face auxquelles Femmestabilo – tempérament de feu ! – fait face avec plus ou moins de flegme… mais toujours avec élégance.
Ce personnage reflète-t-il ta vie ?
Je m’inspire évidemment de ce que je peux vivre au quotidien, mais toujours en transformant ! Mon entourage est aussi une source d’inspiration inépuisable. Une anecdote racontée autour d’un verre peut se transformer en strip le lendemain ! Mais encore une fois, toujours en essayant d’apporter à l’histoire originelle quelque chose en plus ou une lecture un peu différente. Donc non, il ne s’agit pas de ma vie. Femmestabilo n’est pas un journal intime qui transforme les lecteurs en voyeurs, fort heureusement… je ne voudrais de cela ni pour eux ni pour moi.
Comment dessines-tu ?
En musique ! J’adore Aznavour, les chansons franchouillardes et le chant lyrique, avec une forte affection pour le répertoire baroque. Quant à mes idées de strips, je les écris à la va-vite dans mon portable dès qu’une idée se pointe.

Une publication par jour, c’est un sacré rythme…
De plus en plus difficile à tenir. Je fais des pauses régulièrement depuis quelques temps. Le plus dur c’est de ne pas culpabiliser en se disant qu’on « abandonne » en quelque sorte son petit personnage… avec l’angoisse qu’il tombe dans l’oubli.
Aujourd’hui, on retrouve Femmestabilo dans la rue !
J’ai eu envie de donner à mon petit personnage une visibilité en dehors d’Instagram. Comme tous les parisiens, je croise régulièrement les œuvres de street artists qu’on ne présente plus (Jérôme Mesnager, Miss Tic etc…). Mais comme j’ai eu peur de finir mes jours en prison, j’ai opté pour une approche plus « safe », en dessinant sur les encombrants, nombreux, que je croise lors de mes promenades.



Tu explores le thème du dicton. Pourquoi ?
J’aime beaucoup ces petites sentences à la fois vide et pleines de bon sens qu’on peut sortir dans toutes circonstances pour clore une conversation avec panache. « A bon chat bon rat », « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle casse », « Bien mal acquis ne profite jamais » … c’est génial ! Je pense que ces petites phrases parlent à tout le monde, elles rassemblent et font sourire tout en faisant des encombrants de véritables chantres de sagesse populaire.
Outre Femmestabilo, quels sont tes projets aujourd’hui ?
Le dessin est une porte merveilleuse pour découvrir de nouveaux mondes. J’ai ainsi pu faire du live drawing au bloc opératoire de neurochirurgie à l’hôpital Lariboisière, et dans les cuisines du chef étoilé Stéphane Pitré, dessiner les motifs d’une partie de la collection de la marque de mode La Prestic Ouiston, participer à l’émission télé de Yann Moix « Chez Moix » sur Paris Première, faire du dessin d’audience, participer à l’aventure du journal Le Chat Noir… je souhaite continuer sur cette lancée, à découvrir de nouveaux univers. Prochainement, si la situation sanitaire le permet, j’ai peut-être une piste pour croquer sur le vif une jeune et talentueuse artiste lyrique… trop hâte !

Merci Sarah !