La comédienne Muriel Combeau a déjà tourné sous la direction de Gérard Oury, Coline Serreau, Patrice Leconte et Nicole Garcia. On a pu la voir récemment dans la série Un si grand soleil sur France 2 et elle sera prochainement à l’affiche du film Slalom, aux côtés de Jérémie Renier. En attendant de pouvoir la retrouver dans les salles de cinéma à leur réouverture, elle a bien voulu nous confier ses coups de coeur. Et ses coups de gueule !
Un album de musique ?
J’aime beaucoup Radiohead. Je pourrais écouter Creep de leur album Pablo Honey en boucle, sans m’en lasser. J’ai aussi beaucoup écouté Neil Young, fut un temps. Et en ce moment, je suis sur les Nocturnes de Chopin, pour reposer l’esprit.
Une chanson ?
La chanson que j’adore, même si elle n’est guère festive, c’est Le Mal de vivre de Barbara. Je l’aime énormément.
Un clip ?
Je trouvais Savoir aimer de Florent Pagny superbe visuellement. Il a été réalisé par Sylvain Bergère et qui a fait dernièrement un documentaire sur Serge Gainsbourg, Gainsbourg, toute une vie, qui est sublime.
Un film ?
Il y en a tellement… L’Important c’est d’aimer de Zulawski m’avait mis une claque aller-retour. J’aime énormément aussi le cinéma de Cassavetes. Il y a beaucoup de films qui ont marqué certaines périodes de ma vie, comme Sur la route de Madison qui nous dit qu’il ne faut pas s’empêcher de vivre sa vie, ne pas faire comme l’héroïne en somme. Je n’ai aucun souvenir des derniers films que j’ai vus, tant cela me semble lointain avec cette période… Je n’ai plus aucune notion du temps avec la Covid. Mais il en est un dans lequel je joue qui est un petit bijou, c’est Slalom sur les abus sexuels dans le sport et qui va sortir prochainement.
Une série ?
Celle que j’ai adoré, c’est Breaking Bad, avec ces deux acteurs absolument dingues. J’aime aussi When they see us ou Dans leur regard en français. J’ai failli ne pas aller plus loin que le premier épisode tant ce que vivent les deux adolescents principaux est injuste, mais j’ai poursuivi et c’est une véritable claque. Pendant le confinement, j’ai aussi beaucoup aimé Kalifat, sur Netflix, une réflexion sur une jeune fille qui fait de mauvais choix. Côté français, j’aimerais faire découvrir Genre humaine d’Eléonore Costes qui a beaucoup de talent et que l’on peut voir sur Youtube.
Un documentaire ?
J’adore les documentaires. Dernièrement, j’ai adoré Gainsbourg, toute une vie qui est magnifique. Il y a aussi The Gatekeepers. On suit des anciens du Shin Beth, le pendant du Mossad, qui témoignent et qui racontent qu’ils sont passés de la droite à la gauche. Et évidemment, Shoah de Claude Lanzmann, qui est un chef-d’oeuvre.
Un photographe ?
Le travail de Saül Leiter me bouleverse, je ne saurais pas dire pourquoi. J’aurais adoré une photo de lui, mais maintenant qu’il est décédé, cela coûte beaucoup plus cher.
Il y a aussi Christine Spengler que j’aime beaucoup, une photographe de guerre, qui a été notamment en Afghanistan habillée en burka, au Vietnam… Elle est ultra féminine et elle a vadrouillé sur tous les terrains de guerre. Elle est extraordinaire.
Une exposition ?
J’avais beaucoup aimé celle sur Lucian Freud qui était au Centre Pompidou. Je suis très sensible aux artistes torturés, comme Egon Schiele. Je suis aussi allée récemment au Louvre de Lens. Je suis toujours heureuse de me nourrir l’esprit avec de l’art.
Un spectacle ?
Avant le confinement, j’avais vu Le Dernier jour du jeûne de Simon Abkarian au Théâtre de Paris qui était une claque monumentale. C’est un spectacle sublime.
Un livre ?
Je suis une grande lectrice. Je lis vraiment beaucoup. Parmi les auteurs essentiels pour moi, Victor Hugo qui est ma passion absolue, surtout L’Homme qui rit ou Le Dernier jour d’un condamné. Un visionnaire humaniste… Qui n’aime pas Hugo, à part ceux qui ne l’ont pas lu ? Le dernier livre qui m’a saisie, c’est My absolute darling de Gabriel Tallent. Il y a des pages que je lisais qui m’horrifiaient et que je ne parvenais pas à lâcher pour autant.
Je recommande aussi Farouche liberté de Gisèle Halimi qui devrait être obligatoire à l’école ou La Dame en blanc de Wilkie Collins au suspense hallucinant, auteur qui a beaucoup inspiré Hitchcock et qu’il est impossible à lâcher. Sinon, j’ai adoré Belle du Seigneur, notamment pour cette relation maladive et la façon de voir le monde de Cohen. En ce moment, je suis en train de relire Les Essais de Montaigne et j’adore lire des bouquins de vulgarisation de physique quantique, ça me passionne.
Une bande dessinée ?
On m’a offert La Légèreté, un roman graphique, mais je ne l’ai pas encore lu, j’ai besoin de faire mes propres images avec un texte et inversement. Les deux ensemble, cela ne fonctionne pas chez moi, c’est très étrange.
Une recette de cuisine ?
J’adore cuisiner, même si là, j’en ai marre de manger chez moi le midi et le soir ! Une recette que j’affectionne, c’est le curry de cabillaud ou des saint-jacques marinées en émincé avec un peu d’huile de truffe, du citron, du tamaris… le tout bien mariné. C’est délicieux ! Je ne cuisine que du poisson, car je ne mange pas de viande. Mon curry est connu dans le monde entier, si, si !
Une activité sportive ?
Du yoga et de la danse orientale. Sinon, je marche.
Une citation ?
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » d’Albert Camus. Ca me suit, m’accompagne et m’habite. Je suis d’accord avec ça. Parler et mettre des mots justes sur des sentiments ou des situations, fait que l’on avance mieux.
Votre actualité ?
La sortie du film Slalom de Charlène Favier, avec Jérémie Renier, je suis aussi dans la série Nina qui va bientôt être diffusée. J’ai également un projet de pièce, mais je ne sais pas quand elle pourra voir le jour et j’ai tourné dans Le Déhanché d’Elvis, un premier long-métrage de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller, avec Karin Viard. Au début d’année, on a pu me voir dans Un si grand soleil, avec un beau rôle de garce, un personnage dingue et je me suis régalée. L’ambiance était formidable sur le tournage, j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’ai découvert les épisodes où je joue, en même temps que les quatre millions de téléspectateurs !
J’ai hâte que la vie reprenne, qu’on arrête avec toutes ces incohérences de lieux de culture fermés, mais pas les lieux de culte. Une incohérence absolue. Un pays qui sacrifie sa culture et privilégie la consommation, ça me fait peur. Un ticket de cinéma, de théâtre ou de musée pourrait servir de laisser-passer pendant la période de couvre-feu, cela ne mettrait ni la culture, ni les gens en danger. Qu’attend-on pour rouvrir la culture ? Bon là, c’est plus un coup de gueule qu’un coup de coeur. On va dire que c’est un coup de coeur pour la vie !
Merci Muriel !
