La comédienne et chanteuse Céline Mauge réendosse son personnage scénique de Laughing Seabird pour la sortie prochaine de son deuxième album, The Transformation Place. En attendant le 28 mai qu’il puisse envahir les bacs, elle nous présente un premier extrait, ainsi que ses coups de coeur.
Un album ?
Dark Side of the Moon, des Pink Floyd, dans ma chair depuis mes 12 ans. Y revenir, c’est avoir à nouveau toute la vie devant moi et m’extasier perpétuellement devant un monument de l’Histoire de la musique. Me plonger dans un état que les mots peinent à décrire… un souffle, une grandeur, un absolu.
Un film ?
Un seul, c’est un exercice toujours un peu frustrant, surtout pour une passionnée de cinéma, mais il faut essayer de jouer le jeu… Alors, si c’est toujours pour supporter la période actuelle, je pense à Chambre avec vue de James Ivory, que j’ai enfin découvert récemment grâce à un cycle de la cinetek.com. C’est le premier grand rôle de Helena Bonham-Carter et elle est époustouflante. Le reste de la distribution aussi, bien sûr, ainsi que les décors, les costumes… C’est régal pour les yeux. Il m’a apportée une bouffée de beauté, de douceur, de légèreté, de finesse et de fougue à la fois… Pour précision, il est adapté du très beau livre de E.M. Forster, Avec vue sur l’Arno, tout à fait recommandable en ce moment également.
Une série ?
La dernière que j’ai vue, ça n’est pas très original mais quand c’est bon, il faut bien le dire et le redire : The Queen’s Gambit qui m’a emballée. Ça faisait longtemps que je n’avais pas regardé de série, ça devenait trop chronophage et au détriment des longs-métrages et de la lecture.
Sinon très actuelle – car traitant de pandémie et de complotisme, j’ai adoré il y a quelques années la série anglaise Utopia (pas le remake américain récent), et ma série culte reste Twin Peaks de Mark Frost et David Lynch… La troisième saison, qu’on a attendu 26 ans (!) est énorme !
Un livre ?
Pour ma part, me taraude en ce moment le besoin du voyage, composante essentielle à ma vie, et la lecture permet de pallier ce manque, de voyage dans l’espace aussi bien que le temps. Je pense donc à La Trilogie de la Mer Rouge de Henry de Monfreid que je lis morceaux par morceaux : un récit autobiographique stupéfiant qui prend place à la Corne d’Afrique. L’auteur s’est décidé à publier poussé par Joseph Kessel, un de mes écrivains vénérés.
Je pense également aux écrits empreints de spiritualité d’Isabelle Eberhardt, une jeune femme au destin si singulier, en Algérie à la fin du 19ème et début 20ème. Enfin à Magellan qui comme toutes les biographies exceptionnelles écrites par Stefan Zweig, nous embarque pour une aventure au long cours dans la vie dingue de cet homme-là… Finalement je me rends compte qu’il y a des points communs évidents et de nombreuses résonances entre ces trois œuvres…
Une vidéo youtube ?
C’est sympa et malin comme question ça ! Voyons voir, tiens, cette poilade – c’est le cas de le dire – qui nous fait bien rire depuis plusieurs années avec quelques camarades…
Un concert ?
J’étais à Chantilly pour le concert des Pink Floyd du 30 juillet 1994. Je dis parfois que c’était le plus beau jour de ma vie. Pour plein de raisons, oui, c’était dingue. Le soleil était radieux, on est arrivés à 11h du matin par le train avec de potes pour être sûrs d’être près de la scène et effectivement, barrières ouvertes à 16h, nous avons couru dans les grands couloirs d’accès balisés pour accéder à l’espace réservé au public et étions nickel à 20 mètres de la scène. Lorsque le premier son a retenti, une communion en plein air de 90 000 personnes devant ce groupe mythique et entre autres, Sam Brown aux choeurs. Quand je remets la vidéo, les larmes montent et une énorme vague d’émotion qui prend les tripes et la gorge. J’ai beaucoup de reconnaissance envers les artistes qui provoquent cela, ils ont donné du sens à ma vie.
Un plat préféré ?
Les tomates farcies !
Une citation ?
« Celui qui veut, trouve un moyen, celui qui ne veut pas trouve un prétexte », de Périclès il parait… Sinon, un peu sur le même sujet il y a : « Pas besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » de Paul Valéry.
Votre actualité ?
Mon nouvel album The Transformation Place va sortir le 28 mai prochain. C’est un album de folk pop avec aussi d’autres influences, notamment celtiques de par mes origines. Un travail patient et opiniâtre, épaulé par Manu – Emmanuel Heyner – un super musicien et arrangeur qui, entre autres, kiffe comme moi la musique des 70s. Ce que je raconte dans cet album, c’est à quel point malgré les empêchements, les impuissances apprises, on peut se battre et utiliser les contraintes pour construire notre épanouissement et en découdre avant tout avec le diviseur qui est à l’intérieur de nous ! J’invite à accueillir nos vulnérabilités comme autant de forces en puissance et de moteurs à nos envies. On ne sera jamais invincibles, mais on peut devenir indivisibles, unifiés. On va sortir d’ici le 28 mai, une Trilogie, jusqu’au titre éponyme de l’album : I Feel Fat / Vivre / The Transformation Place. Dans le premier extrait, I Feel Fat, j’aborde les manques qu’on tente d’assouvir, les palliatifs qui ne soulagent pas et qui nous enferment encore plus dans des blocages, des dépendances. Toutes les sollicitations qui tournent à l’injonction à convenir à ceci, à cela, l’image de la femme et aussi de l’homme qu’est-ce que c’est que tout ça, qui malgré nos prises de conscience nous façonne et nous mine parfois. À nous de ne pas être dupe, d’œuvrer à ressentir ce qui nous va bien ! Retrouver un contact avec un endroit à l’intérieur de nous qui ne laisse pas prise à cela. Je suis très heureuse du clip réalisé par Tristan Francia, il a vraiment réussi à exprimer ce que je voulais, avec humour mais quand même, on flippe un peu à la fin. Il y a un super travail d’image, de déco, de costumes, une équipe remarquable. Pour la suite de la Trilogie, le clip de Vivre sortira le 30 avril.
Merci Laughing Seabird !
