Issu de la nouvelle génération de la chanson française, Noé Preszow a été nommé cette année aux Victoires de la Musique dans la catégorie Révélation masculine. Il vient de sortir son premier album, À nous, qui fait la part belle à des textes ciselés. Avant de le retrouver sur scène prochainement, il nous livre ses coups de coeur.
Un album de musique ?
Aimer ce que nous sommes, de Christophe. Je l’ai découvert à sa sortie, grâce à un ami. À cette époque, j’étais dans une phase assez rock, genre Guns N’ Roses, Placebo, et tout ça. Je m’intéressais à l’énergie d’un morceau plus qu’aux textures, qu’aux ambiances et à la proximité de la voix. Cet album de Christophe m’a vraiment ouvert la porte sur un nouveau monde, celui du bricolage nocturne et de l’intimité toute-puissante. Cette façon d’exprimer, par couches musicales, les différentes couches dont l’être humain est fait. Ces tornades de guitares électriques entremêlées aux cordes, aux voix parlées, etc. Ça m’a permis de prendre mes distances avec les choses plus « terre-à-terre » que j’écoutais jusque-là, notamment en chanson française, et, sans lien direct, ça m’a permis de découvrir des choses comme Antony and the Johnsons.
Une chanson ?
People have the power, de Patti Smith ! Bien sûr !
Un clip ?
College Boy, de Xavier Dolan pour Indochine. C’est rare, une telle osmose entre une chanson et des images qu’on lui met par-dessus. On dirait presque que la chanson a été faite pour le clip, tellement le mélange fonctionne. Et ce mélange de violence et de poésie, sans que l’un empêche l’autre, c’est une grande réussite.
Un film ?
Il y a beaucoup de film dont le souvenir m’accompagne régulièrement, Mommy de Xavier Dolan, Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, Polisse de Maïwenn, Je tu il elle de Chantal Akerman ou La Loi du marché de Stéphane Brizé, mais un des films qui m’a le plus marqué récemment, c’est Sorry we missed you de Ken Loach. Le genre de film que j’ai envie de partager avec chaque personne que je croise, et surtout de ma génération. Il faut le voir.
Une série ?
Black Mirror, parce que cette mise en garde permanente vis-à-vis des nouvelles technologies me parle profondément. Et que c’est hyper bien foutu, sans chercher à être addictif, puisque chaque épisode se suffit à lui-même.
Un documentaire ?
Rolling Thunder Revue, le dernier film de Martin Scorsese à propos de Bob Dylan. Forcément savoureux !
Un roman ?
Je lis assez peu de romans. J’ai eu ma période Philip Roth et j’ai quelques romans fétiches, comme La Cloche de détresse de Sylvia Plath ou Un homme qui dort de Georges Pérec, mais je suis plus sensible à la poésie. Les romans impliquent souvent une forme de rigueur. Moi, j’ai besoin de picorer, sans devoir garder des noms et des faits en mémoire, donc la poésie me va mieux. Mais Un soir au Club de Christian Gailly, par exemple, m’a beaucoup marqué. Cette froideur, ce tranchant. Et l’obsession de la musique, toujours là, chez Gailly.
Une bande dessinée ?
Je ne suis pas un expert en la matière, mais je garde un excellent souvenir de C’est pas toi le monde, de Raphaël Geffray. Autant le récit que le dessin.
Une exposition ?
L’Intime & Le Monde, autour de trois artistes, Marianne Berenhaut, Sarah Kaliski et Arié Mandelbaum. C’était fin 2017 au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris.
Un photographe ?
La photographe Alix Cléo Roubaud.
Un spectacle ?
Rumeur et petits jours, du Raoul Collectif, troupe belge à l’engagement poétique-politique intime, radical et bouillonnant. Je les adore.
Une recette de cuisine ?
Une soupe avec à peu près tous les légumes que j’ai sous la main. C’est toujours bon.
Une activité sportive ?
La nage.
Une citation ?
« N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres » de Léo Ferré, dans Préface. Une phrase aussi absolue se passe de commentaire. Ce mélange de précision et de flou, d’arrogance et d’humanité, c’est du grand Ferré. Cette phrase m’accompagne depuis longtemps, et je m’y accroche comme à une bouée, tellement elle convient à tout ce que j’ai toujours traversé. Notamment sur mon chemin artistique. C’est fou, les gens exigeants envers les autres et qui oublient de l’être d’abord envers eux-mêmes. Et à la fin du même morceau, cette phrase : « A l’école de la poésie, on n’apprend pas, on se bat ! »
Une maxime dans la vie ?
« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ».
Votre actualité ?
Mon premier album, À nous, est sorti le 2 avril. Et bientôt la tournée, pour le faire vivre physiquement ! Je suis impatient de le faire découvrir et de moi-même le redécouvrir. J’adore le travail de réarrangement pour la scène, remplacer un piano par une guitare, explorer les textures, rallonger, raccourcir, etc. D’ici-là, je travaille sur la suite, j’enregistre beaucoup de matière. J’écris. Et pas seulement des chansons.
Merci Noé !

Un commentaire sur « LES COUPS DE COEUR DU CHANTEUR NOÉ PRESZOW »