« Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » écrivit un jour André Malraux dans Les Conquérants. Clara Malraux la rebelle est une lecture théâtralisée qui nous invite dans l’intimité de deux femmes de sa vie. Car parle-t-on aujourd’hui suffisamment de Clara Malraux et de leur fille Florence ?
L’autrice Betty Hania leur donne la parole le temps d’une soirée, dans une mise en scène de Norbert Mouyal. L’on découvre lors de ces échanges, tantôt à bâtons rompus, tantôt plus posés, le regard de deux femmes sur les époques qu’elles ont traversées à l’ombre d’un géant. Scènes de la vie quotidienne familiale et de la vie politique dans lesquelles espaces publics et privés, Histoire et petite histoire s’entremêlent et effleurent les thèmes du pouvoir et de la création.

Savez-vous pourquoi Clara et André Malraux ont choisi de prénommer leur fille Florence ? Ou bien quel animal fétiche André Malraux avait-il ? Enfin, par quelle prise de position de Florence a-t-elle provoqué une rupture de sept ans entre elle et son père ?
Les deux comédiennes nous font traverser leurs époques et la complexité des sentiments humains. Les rapports mère-fille sont interrogés, tandis que l’absence d’un père et d’un mari ravivent les douleurs de chacune.
Bérengère Dautun interprète Clara, la rebelle, qui aime l’amitié et l’amour. Son amour de la liberté lui rend insupportable la présence de son premier époux qu’elle accuse de l’avoir effacée, de lui avoir « préféré l’art et la mort ». Mais sa préoccupation constante de l’état de santé de son ancien mari et sa manière de parler de lui nous font comprendre qu’elle l’aime toujours.
Nathalie Savalli incarne Florence, qui, si elle semble plus retenue, n’en éprouve pas moins toute une palette d’émotions et rappelle ses importants combats qui l’ont parfois dressée face à son père.

Ce spectacle est un cri d’amour et d’absence de l’être aimé, malgré toute sa complexité et les reproches qui peuvent lui être faits.
Mère et fille évoquent leurs combats pour que la femme et l’homme soient égaux en droits. Cette pièce est aussi une reconnaissance du rôle fondateur que Clara joua dans la construction de la personnalité de l’homme de lettres et d’Etat que fut André Malraux.
Ce bijou en attente d’une salle est à découvrir sans tarder dès qu’il sera programmé.
Agnès Falco pour Fille de Paname
