Julien Santini est comédien. Ou fonctionnaire. Ou les deux. Il est aussi En disponibilité, titre de son spectacle, signifiant qu’il est en pause dans l’administration où il officiait, pour pouvoir s’adonner au théâtre. Et livrer un spectacle pour le moins étonnant, faussement nonchalant et terriblement attachant.
Quoi ? Telle est l’interjection qui nous vient après avoir vu le spectacle En disponibilité de et avec Julien Santini. À quoi avons-nous réellement assisté ? À une confession intime ? Non, pas seulement, car il y a beaucoup d’absurde, d’auto-dérision et des pointes de politiquement incorrect. À du stand-up ? Non plus ! Ce n’est pas parce que Julien se tient debout avec un micro à la main qu’il se livre forcément à un numéro de ce type. Il en reprend les codes (et d’ailleurs, il en joue brillamment le temps de quelques minutes), mais cela s’arrête là. Du one man show, alors ? Oui, davantage, on s’en rapproche, même s’il n’y a pas vraiment de sketch proprement dit, avec personnages et situations. Du théâtre, sans doute ? Oui, assurément (il y a même notamment toute une tirade de Racine).
Ce seul en scène est effectivement du théâtre. Sous ses airs de garçon peu sûr de lui, un peu maladroit avec voix peu assurée, se cache un comédien en puissance, capable d’être tout à fait quelqu’un d’autre en deux secondes. Julien Santini est un véritable acteur de composition et finalement celui qui nous parle, a tout du personnage inventé de toutes pièces, même s’il s’inspire de faits réels. Car il a beau nous conter sa vie, ses origines, ses hobbies et ses peurs, c’est un personnage qui nous invective et joue avec nous. Et la partie la plus intéressante du spectacle est sans doute celle où il décrypte par le détail ses activités dans la fonction publique où il détonne forcément.
C’est ce qui donne le titre au spectacle (un fonctionnaire peut en effet se mettre en disponibilité pendant quelques mois ou années le temps de mettre à bien un projet personnel et de réintégrer l’administration par la suite). On regrette simplement que cela n’arrive que dans le dernier tiers, tant il tient là une narration qui sort de l’ordinaire, étrillant les arcanes de la fonction publique avec une joie communicative. Ce qui ne gâche rien au plaisir de l’ensemble. Julien Santini peut poursuivre sa mise en disponibilité le plus longtemps possible, le théâtre lui ouvre déjà grand les bras.
À la Nouvelle Seine, 3 quai de Montebello 75005 Paris, les jeudis à 19h30 jusqu’au 16 décembre.

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