« BEYROUTH HOTEL » AU FESTIVAL OFF D’AVIGNON

Flaubert et stilettos rouges !

À l’image des duos de la Belle et la bête, de Miss Daisy et son chauffeur ou encore du Petit Lord Fauntleroy et son grand-père, chacun de ceux que nous offrent sur scène Nathalie Comtat et Olivier Douau, la pétillante réceptionniste face à l’écrivain perplexe, illustrent la rencontre improbable de deux mondes. Revues people d’un côté et Flaubert de l’autre, orient festif et occident désabusé, la frontière entre ces deux mondes semble bien tracée, et pourtant…

Si chaque personnage est représenté par un objet, ce sera pour lui le livre de Flaubert Madame Bovary et pour elle une paire d’escarpins stilettos rouge. Tour à tour, chacun s’expose et se cache sous ces symboles-là. Ces deux objets accompagnent le jeu fin et poétique des comédiens. L’interprétation virtuose de Nathalie Comtat est mise en valeur par le jeu et la mise en scène d’Olivier Douau. Il y a une subtile progression à travers les jours, qui passent par les changements de hauts de la comédienne.

Quand Monsieur Flaubert rencontre Madame Stilettos, si elle fait parfois taire le juke-box de manière vigoureuse, lui se cache derrière les phrases de Baudrillard pour s’exprimer, alors qu’il est écrivain lui-même et qu’il pourrait utiliser ses propres mots. Entre « Il n’y a pas de variation dans les salades variées » et « Un Français à l’étranger, c’est toujours chiant » nous sommes prévenus. Si, avec Baudrillard, nous pourrions nous interroger : « Pourquoi tout n’a-t-il pas déjà disparu ? », la pièce est émaillée d’étincelles de vie que la réceptionniste pressent chez son partenaire et qu’elle essaie de rallumer tout au long de la pièce.

Nous voyons deux destins qui se croisent lors de brèves rencontres, mais ce qui semble être une succession d’étincelles se transforme en étoile filante dont la lumière se distillera par le souvenir tout au long de leurs deux vies. Ces deux personnages vrais, qui deviennent complices, sont entourés d’autres figures invisibles, mais bien présentes, que le public apprend à connaître au fil du temps. 

Le texte de Rémi De Vos est savoureux. Nous vous laissons le loisir de découvrir les multiples touches d’humour de cette pièce notamment celle autour du mot « bon ». Enfin, si les personnages du réceptionniste et de l’écrivain ne portent pas de nom, peut-être est-ce pour que le public puisse s’identifier facilement à eux. À vous de décider !

Si nous avons eu la joie de voir cette pièce aussi touchante que drôle lors de son court passage parisien au Théâtre du Gymnase, vous pourrez la découvrir au Théâtre de l’Adresse au Festival Off d’Avignon du 7 au 30 juillet prochain.

Kendall et Falco pour Fille de Paname 

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