Chaque jour, chaque instant, est porté par les choix que nous faisons, bons ou mauvais. Mais si vous aviez la possibilité de revivre ceux qui ont changé le cours de votre existence, referiez-vous le même chemin ? Ou bifurqueriez-vous vers cet inconnu qui vous faisait alors tant peur ? Autant de questions abordées avec humour (noir) et beaucoup d’esprit, dans le spectacle Au jour de la colère, actuellement au Funambule Montmartre.
Suite à un accident de la route, Victor se retrouve entre la vie et la mort. Un entre-deux que l’on peut nommer Purgatoire et dans lequel il attend de savoir de quel côté va pencher la balance. Deux entités surgissent devant lui, afin de lui proposer de revivre les grands moments de son existence, autant professionnels qu’amoureux. Et qu’il puisse entrevoir là où il s’est trompé de chemin. Mais la vie aurait-elle été différente pour lui ? Tout ce qu’il a traversé ne méritait-il pas d’être vécu malgré tout ? Aurait-il été plus heureux s’il avait fait tel choix plutôt qu’un autre ? Et ce serait-il retrouvé dans la même position ou aurait-il vécu plus longtemps (mais pas forcément plus heureux) ?
Petit à petit, Victor se laisse prendre au jeu. Lui qui ne voulait pas se replonger dans son passé, le voici qui revit chaque situation qu’il connaît encore par coeur. Son inconscient a tout enregistré, les joies comme les peines, les réussites comme les erreurs, les choix subis et ceux dont il était le maître. Il passe alors, comme les spectateurs, par toutes les émotions, entre doutes, émerveillement, incompréhension, indignation, mais aussi rires.
Car derrière son sujet sérieux, Au jour de la colère est aussi une invitation à la légèreté, rendue possible par un texte ciselé et une interprétation sans failles des trois comédiens : Maxime Berdougo, parfait en Victor éperdu, Margaux Gorce, impeccable dans tous les rôles féminins qu’elle doit incarner et Jean-Roch Miquel, subtil, également l’auteur de cette pièce qui ne ressemble à nulle autre. Un dispositif scénique simple pour une thématique complexe, avec un écran, des projections et deux praticables cachant costumes et perruques nécessaires pour se promener dans les méandres de la psyché et des souvenirs de Victor.
Au jour de la colère apporte un peu de métaphysique au théâtre et est surtout une excellente piste de réflexions sur nos propres choix dans la vie. Une invitation à l’introspection, avant qu’il ne soit trop tard. Peu de spectacles proposent une telle opportunité. Il serait dommage de ne pas la saisir.
Au jour de la colère, au Funambule Montmartre (53 rue des Saules, 75018 Paris). Jusqu’au 26 février, du jeudi au samedi à 19h ou 21h (en alternance) et le dimanche à 20h.
