La décadence est un mouvement très lent, très beau. Il peut s’agir d’une forme de suicide dans la beauté, une beauté tragique. Jacques de Bascher
Jacques de Bascher voulait exister, c’est-à-dire laisser une trace et transformer le monde. L’on pourrait croire, de prime abord, qu’il a existé à travers les autres. Pourtant, ce sont eux qui ont existé à travers lui. Ce seul-en-scène rythmé intelligemment vous invite, le temps d’une soirée, à une véritable plongée dans les années Palace et dans les arcanes de la création. Si le drame du sida côtoie l’effervescence culturelle, Gabriel Marc donne par Jacques de Bascher voix à ceux qui, toute leur vie, et souvent trop tôt disparus, sont restés dans l’ombre.
Si la fête, la persécution parfois et les excès sont convoqués, au milieu de ces euphories et désespoirs, l’humanité touchante se dévoile par moment dans une introspection lucide. Une palette large interprétée avec vérité. Le jeu de l’auteur et interprète est sensible et tout en finesse avec un soin particulier donné à la gestuelle et aux expressions. Nous voici, à travers son jeu excellent, plongés dans l’intimité de l’amant de Karl Lagerfeld et d’Yves Saint-Laurent.
Nous parcourons ainsi les années 70 et 80. L’atemporel Ravel rassemble par son Bolero les tesselles de la vie de Jacques, qui tantôt se confie, tantôt échange avec ses proches ou encore remonte le temps. Plus vrai que nature, Gabriel Marc convoque les personnalités de l’époque que Jacques de Bascher côtoyait. Diane de Beauvau-Craon, Inès de la Fressange, Loulou de la Falaise…
Le comédien occupe toute la scène au gré du spectacle et des scènes. Il évolue dans un décor réaliste et onirique à la fois, avec l’utilisation justement dosée de la vidéo pour les flashbacks ainsi que du son électro. Assis dans sa baignoire, son salon, ou près du téléphone, il nous offre aussi un lip sync new-yorkais qui complète une performance à l’énergie indomptable. Le chorégraphe du spectacle, Julien Mercier, fait partie de la troupe des Chico Mambos, qui a réjoui le public parisien avec les si créatifs Tutu et Car/Men.
Soulignons le travail d’écrivain de Gabriel Marc qui ressuscite Jacques de Bascher après un travail de recherche fait avec talent, amour et passion.
Jacques de Bascher, le destin d’un homme déchiré par son envie d’exister, d’être en lumière, d’être désiré ou bien tout simplement d’être aimé ?
Jacques de Bascher au Théâtre de la Contrescarpe jusqu’au 30 juin 2023
Adresse : 5, rue Blainville 75005 Paris
PROLONGATIONS JUSQU’AU 30 JUIN
• les vendredis à 19h
• les dimanches à 20h30
+ DATE EXCEPTIONNELLE MERCREDI 31 MAI À 19H
– Relâche exceptionnelle le 16 juin
SEUL EN SCÈNE ÉLIGIBLE AUX MOLIÈRES 2023
Pour venir :
– Métro : Place Monge (Ligne 7), Cardinal Lemoine (Ligne 10) RER B, Luxembourg
– Bus : Monge 47, Cardinal Lemoine 47, 89 et Panthéon 84.
Parking : Soufflot-Panthéon
