Du 2 samedi au 3 dimanche décembre de 11h à 19h aura lieu à l’Atelier Sept en Art, 14 bd Jean Jaurès 92100 Boulogne-Billancourt l’exposition de Kyoko Dufaux. Les tableaux exposés seront composées d’une quinzaine d’œuvres, dont certaines récentes en grand format et quelques tableaux anciens en petit format. Les mousquetaires sont en réalité un chien, un singe et un oiseau. Les œuvres récentes en grand format sont faites à la peinture à l’huile. Kyoko est une artiste que je suis depuis un moment et dont j’adore le travail minitieux et poétique. Le vernissage aura lieu le 2 samedi décembre à partir de 17h, profitez en pour découvrir ou re découvrir les belles oeuvres de cette artiste !
Un texte de Tristan Jordis :
SOLITUDE FILANTE, la peinture de Kyoko Dufaux
La peinture n’a jamais cessé de jouer un rôle important dans la vie de Kyoko Dufaux. Dès le premier coup d’œil jeté à l’un de ses tableaux, chacun peut sentir monter des replis du souvenir, une émotion d’une simplicité poétique d’autant plus étrange et familière, qu’elle n’est entravée par aucune des barrières que l’âge s’évertue de dresser entre le monde et l’enfance. Cette continuité d’une figuration magique de l’imagination dans l’existence de l’artiste, nous rappelle que le langage des symboles a été crée pour répondre au besoin de s’évader des formes grégaires du réel et ce, afin de rejoindre, peut-être d’expliquer, celles des rêves, des visions, des fantasmagories merveilleuses qui ne cesseront jamais de vivre au fond de nous.
Kyoko Dufaux est née à Nagoya au Japon. Durant les heures creuses, qui s’étendent immobiles et interminables au début de la vie, l’influence du bouddhisme lui apprit à contempler la nature, à s’absorber dans ses formes inattendues et merveilleuses, dans ses couleurs vives ou déclinantes, dans l’étonnement féérique que suscite la parure des saisons.
Il faut considérer les peintures de Kyoko Dufaux comme un hommage à cette partie de nous-même qui ne peut que vouloir s’échapper des habitudes déterminées de l’existence, dont l’essence est l’expression silencieuse et solitaire d’une impossibilité qui nous habite, et qui inlassablement, joyeuse ou mélancolique, oppose à la standardisation des images du monde un fragment de liberté, un souffle calme de l’esprit, au milieu du vide qui l’entoure. Et la plus grande originalité de l’artiste réside peut-être en ceci, que la force qui habite sa créativité ne procède d’aucune négation, ne recherche aucune destruction, ne véhicule aucun sarcasme, mais qu’elle redistribue dans une immensité en suspend, lointaine et mystérieuse, les détails anodins de la vie de chacun.
Si l’inspiration naïve et toute puissante du Douanier Rousseau transparaît dans l’oeuvre de Kyoko Dufaux, elle est nuancée par l’évanescence allusive et subtile de la poésie traditionnelle japonaise, et plus particulièrement par la fascinante concentration méditative que l’on trouve dans les haïkus.
même chez quelqu’un ordinairement détaché des choses il trouble le cœur le premier vent d’automne
Saigyò Hòshi
Dans la peinture de Kyoko Dufaux se dégage cette espace inconnu où il devient possible, comme disait l’extraordinaire poète Rilke, « d’entendre chanter les choses ». Le Mexique, où l’artiste poursuivit ses études, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, où elle vécut, ont élargi la l’atmosphère de ses peintures jusqu’à leur permettre de restituer cette lumière du monde, qui nous apparaît aux instants de grâce et sous laquelle, le temps d’une illumination, se découvre, fugitive et malicieuse comme le sourire du Bouddha, l’harmonie secrète présente en toute chose.
Le compte de Kyoko à suivre : http://instagram.com/kyokodufaux/