
Quand Louise Michel attaque…
Quand la petite histoire rejoint la grande, quand le quatrième mur se brise régulièrement, quand Louise Michel devient Louise Attaque, cela donne ce drôle de spectacle, Cabaret Louise, loin de toutes les conventions théâtrales et où souffle un vrai vent de liberté.
Simone et Edouard tentent de faire un cabaret hommage à la figure de la Commune de Paris, Louise Michel. L’ennui, c’est que les deux comédiens sont aussi deux ex dont la séparation, récente, est encore douloureuse (surtout pour lui). Et quand ils tentent de faire avancer le spectacle, à renfort de chansons revendicatives et de démonstrations historiques, la réalité de leur relation en désuétude refait surface régulièrement, quitte à interrompre la représentation pour régler des comptes qui restaient à solder. Et il se pourrait bien que le régisseur ait à intervenir pour que le cabaret puisse reprendre son envol…

Si au début le fait de mêler Histoire et histoires peut dérouter, une fois le processus assimilé, on attend aussi bien l’une que les autres. A savoir l’avancée des barricades et comment s’est organisée la Commune de Paris, mais aussi comment Edouard et Simone vont bien pouvoir dépasser leurs différends pour faire avancer non seulement leurs relations, mais aussi le spectacle en lui-même. Un procédé de quatrième mur brisé coutumier de Régis Vlachos et Charlotte Zotto, qui en usaient déjà dans leur précédent spectacle Dieu est mort et moi non plus, j’me sens pas très bien.

Mais ici, en dehors de leurs nombrils exposés à la vue de tous (des photos de leur couple montrées sur un grand écran), ils s’intéressent surtout au passé, notre passé, sanglant, encore honteux, à travers la figure sacrificielle de Louise Michel. Dont on apprend de nombreux pans de sa vie : c’est à elle que l’on doit l’idée de l’école gratuite pour tous (et non Jules Ferry, dépeint ici sous ses plus mauvais jours), son histoire d’amour contrariée avec Théophile Ferré, son amitié avec Victor Hugo, les chansons et poésies qu’elle écrivait, sa déportation en Nouvelle-Calédonie, son enterrement à Levallois-Perret…

Entre deux tableaux qui retracent son combat, notamment contre Adolphe Thiers, des chansons de nos jours, de Johnny Hallyday à Louise Attaque, en passant par Moustaki, histoire de signifier que le combat n’est finalement pas encore terminé et que les barricades menacent de se monter à tout moment, comme cet intermède consacré à Mai 68…
Mise en scène inventive de Marc Pistolesi (à qui on doit Ivo Livi, Molière 2017 du Meilleur spectacle musical) et interprétation sans faille et possédée de Charlotte Zotto et Régis Vlachos, Cabaret Louise étonne et détonne, loin de toute convention. Et cela fait un grand bien et donne envie d’entonner le Temps des cerises une ultime fois.
Cabaret Louise, tous les mardis à 19h30 jusqu’au 30 octobre, au Funambule Montmartre, 53 rue des Saules, 75018 Paris.
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