Attention, chef d’oeuvre ! Si vous n’avez jamais vu d’adaptation de texte de Koffi Kwahulé, lauréat 2018 du Prix des Lycéens Bernard-Marie Koltès (prix de littérature dramatique contemporaine), le spectacle “JAZ” peut être l’occasion pour vous de découvrir un grand auteur contemporain ainsi qu’un metteur en scène et des artistes bouleversants.
- Un show musical
On entre dans la salle et aussitôt, une lumière rouge ambiante nous plonge dans une atmosphère angoissante et mystérieuse. Arrive sur scène Ludmilla Dabo, portant une robe de tapis rouge et des talons vertigineux entourée des musiciens du Mister Jazz Band. Les choses semblent légères de prime abord : elle fait des blagues, chante des chansons, partage une liqueur avec un spectateur… Un vrai show qui repose sur sa vedette, éclairée de poursuites et qui éclipse les musiciens par sa grandeur. Rien que pour cette entrée en matière il faut saluer le talent de musicienne, chanteuse et comédienne, accompagnée par son jazz band, de Ludmilla Dabo.
- La plongée au cœur d’un drame
Soudain, les lumières changent et notre star de cabaret commence le récit de JAZ : elle fait tomber sa perruque et perds ses habits de lumière pour aller au plus profond d’elle-même. La frontière entre le personnage de Jaz et la comédienne Ludmilla Dabo est très infime tant le récit est habité. Elle dit elle même qu’elle raconte l’histoire d’une autre, pudeur nécessaire ou simples mots qui nous rendent le récit universel.
Le site de la compagnie Camara Oscura, qui produit le spectacle, offre ce beau texte, résumant bien ce qu’on ressent devant JAZ :
“Avec JAZ, Koffi Kwahulé nous conduit au coeur de ses intuitions et glisse vers le poème musical choc. JAZ est le récit d’un viol, où la parole devient un exutoire, l’acte nécessaire à une certaine forme de libération ; un chant tragique où toute la violence du monde vient frapper la beauté et l’innocence de l’être.
Le chant de JAZ c’est le corps reconstruit, arraché à la possession de « l’homme au regard de Christ ». Un corps musical qui bat de l’intérieur, une réappropriation de soi par la force de la création.”
Les musiciens sont là pour accompagner la lumière et le petit espace qui symbolisent les toilettes. Elles sont là, au coeur de l’histoire et jamais on ne sort du récit qui est extrêmement violent. En cette époque où les paroles se délient, où beaucoup de femmes osent raconter leur calvaire, ce récit de viol est plus que réel.
- Un spectacle époustouflant
Ici, tous les protagonistes de cette création sont en parfaite symbiose pour nous raconter, une heure durant, un point de vue de l’histoire cette femme. On assiste à une confession poignante, qui fait réfléchir à ce que peuvent endurer beaucoup de femmes dans le monde. L’interprétation de la comédienne et des musiciens, le texte sublimement mis en musique, la mise en scène intelligente mais sachant se faire oublier : tout se marie pour nous faire éprouver des sensations fortes à chaque instant, et c’est selon moi les critères d’un spectacle réussi. Chapeau donc à Alexandre Zeff, à qui la prose de Koffi Kwahulé semble réussir.
Jaz au Théâtre de la Cité Internationale
Texte de Koffi Kwahulé
Adaptation et Mise en scène : Alexandre Zeff
Avec Ludmilla Dabo et le Mister Jazz Band – Franck Perrolle (Guitare), Gilles Normand (Basse), Louis Jeffroy (Batterie), José Lois Olympio De Campos (Saxophone)
Scénographie, création lumière: Benjamin Gabrié
Création Sonore : Antoine Cadou et Gilles Normand
Dernières représentations:
jeudi 18 octobre | 19h
vendredi 19 octobre | 20h
samedi 20 octobre | 19h
Théâtre de la Cité internationale, 17 boulevard Jourdan 75014 Paris