
Poupées de son
Un vent de Broadway souffle sur le théâtre Marigny. Succédant à Peau d’âne, la comédie musicale Guys and Dolls est un véritable événement, avec une vingtaine d’artistes sur scène qui servent une double histoire d’amour et de pègre, qui fait du bien aux yeux, aux oreilles et aux zygomatiques.
De nombreuses comédies musicales culte aux Etats-Unis ou en Angleterre peinent parfois à se faire entendre dans nos contrées. Voire restent totalement en dehors de nos frontières. Ou mettent un temps infini avant d’être enfin données. Ce fut le cas pour Sweeney Todd, Into the woods ou 42nd street et heureusement que le Théâtre du Châtelet (et son ancien directeur Jean-Luc Choplin) était là pour les faire découvrir au public (même si principalement parisien). Choplin étant désormais à la tête du théâtre Marigny qui s’est refait une beauté après une longue pause de travaux bienvenus, ces comédies musicales exceptionnelles mais trop méconnues, viennent enfin fouler nos scènes. C’est le cas de ce Guys and Dolls, totalement inédite en France, mais une véritable institution outre-Atlantique (elle y a reçu d’ailleurs cinq Tony Awards en… 1951). Peut-être en a-t-on une vague idée, grâce au film de Mankiewicz réalisé en 1955, Blanches colombes et vilains messieurs, avec Marlon Brando et Franck Sinatra. Et encore. Il était donc plus qu’urgent que le Théâtre Marigny comble nos carences.

Oubliez les comédies musicales avec moult décors clinquants qui apparaissent soudainement. Non, Guys and Dolls (version tournée européenne) est plus proche en cela d’un Chicago, où ce sont surtout les effets de lumière et des accessoires bien trouvés qui font l’affaire et cela suffit amplement. Ici, des immenses cadres lumineux comme ceux des miroirs des loges de théâtre, changeant de couleurs constamment. Saisissant et suffisant. Car ce qui compte et importe, c’est le talent des interprètes, tous danseurs, chanteurs et comédiens. Tous excellents, afin de servir une histoire d’amour qui fleure bon les années 1930.

Adelaïde est meneuse de revue. Elle est amoureuse de Nathan Detroit, truand à la petite semaine, qui ne se décide toujours pas à la mener à l’autel, malgré tout l’amour qu’il lui témoigne. Patron de tripot sans lieu pour organiser ses prochaines parties, il met au défi le parieur invétéré Sky Masterson de séduire la jeune et prude Sarah, missionnaire à l’Armée du Salut et de l’emmener en week end à La Havane. En jeu, une somme d’argent qui le tirerait bien de l’embarras. Mais c’était sans compter sur les sentiments qui allaient vite s’en mêler et… s’emmêler.

Quiproquos, imprévus et bouleversements amoureux sont au programme de ce spectacle qui amalgame amour et pègre avec une bonne humeur communicative. Ca chante, ça danse, ça joue la comédie, au rythme de standards tels que Luck be a Lady que le public ne manque pas d’entonner (d’autant que le spectacle, tout en anglais, est sur-titré en français). Le quatuor principal, porté par Ria Jones, Clare Halse, Matthew Goodgame et Christopher Howell, est un bonheur à suivre et leurs imbroglios amoureux fendent autant le cœur qu’ils emportent des sourires chaleureux et des applaudissements bien nourris. Mise en scène inventive, costumes et lumières chatoyants, numéros musicaux chorégraphiés (la scène d’ouverture vaut à elle seule le déplacement et il faut voir une vingtaine d’artistes virevolter en un ballet fluide et limpide), c’est Broadway tout entier qui se retrouve devant nos yeux, avec un orchestre live qui reprend la musique de Frank Loesser. Un spectacle à découvrir au plus vite, que l’on soit un mauvais garçon ou une colombe au cœur trop pur. Ou bien l’inverse.
Guys and Dolls au Théâtre Marigny, Carré Marigny 75008 Paris
Jusqu’au 27 juillet 2019. Du mardi au samedi à 20h, également le samedi à 15h et le dimanche à 16h.
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