Journal d’un vieux confiné…Jour 18

En cette période de confinement, mon ami Rodolphe Trouilleux, qui vient de rejoindre le blog vous fait part d’un journal imaginaire : « Journal d’un vieux confiné  »  Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, etc, les surprises sont souvent au rendez-vous et c’est un plaisir de les partager.

 

Dix-huitième jour de confinerie

– Maman, y’a une grosse coccinelle qui bouge à la porte !- C’est quoi ces conneries ? Fais-voir ? Mais…En haut la grille de la rue, on voyait comme un insecte qui bougeait dans tous les sens…- Ah… Est-y bête celui-là ! Mais tu vois bien que c’est une fille avec un casque… !

Bon… J’avais pas mes lunettes, mais je me suis mis à rigoler… Maman elle est descendue voir la coccinelle. C’était une livreuse qu’avait laissé un petit paquet ficelé. Moi je croyais que c’était les saucisses que Maman avait commandé y’a trois semaines chez Gradoub, mais non, c’était autre chose qui faisait du bruit comme une breloque. Quand on a ouvert le paquet Maman elle a été bien contente : c’était son dentier tout réparé. Bon, pas comme neuf mais bien correct, sauf que les dents elle étaient pas de la même couleur partout et pis… Comment dire ? ça semblait un peu loupé tout de même…

Pour l’essayage, la Divine elle s’est enfermée dans les cabinets avec son paquet. Moi j’attendais avec la chienne devant la porte. Comme au spectacle, je m’étais assis, c’était un peu long… Enfin maman elle est ressortie et, d’un coup, l’ambiance elle s’est barrée en sucette. Ça lui faisait une figure un peu changée mais ça c’était pas grave : c’est quand elle s’est mise à parler que c’est devenu franchement bizarre, comme si son machin il vibrait et quelle pouvait pas le contrôler, un genre bégaiement et une voix comme si elle parlait du nez. J’ai pas pu m’empêcher de rigoler et l’Asticote elle a eu tellement peur et elle s’est mise à gueuler comme une vache. En même temps Maman elle s’est mise à pleurer.

Bref, le copain du Kiki c’était peut-être un artiste mais au lieu de nous refaire un truc pratique il avait fait un machin genre Picasso période bordel. Forcément, on a appelé le kiki dans la boîte en plastique et il a bien vu l’erreur. Bon… Il a un peu rigolé aussi en disant des trucs du genre que c’était une œuvre d’art qu’aurait de la valeur plus tard, comme les chiottes à un gars du Champ si belles qu’on les montre dans des musées maintenant.

N’empêche que Maman elle s’est vue abonnée au jambon mouliné purée pour un bout de temps encore et que ça la fait pas rigoler.

Faut renvoyer le dentier dans la boîte et téléphoner à la coccinelle pour qu’elle vienne le chercher. C’est bien du souci tout ça, et des complications qu’on n’a pas besoin avec la confinerie en plus. Bon, elle a fini par se calmer. On a téléphoné à la livreuse qui va venir tout à l’heure pour chercher la boîte. Comme quoi Simplet c’est pas fini. Pour moi, ça va un peu mieux alors j’ai pu mettre un slip et un marcel. Maman elle m’a rendu la monnaie de ma pièce en me disant qu’elle me préférait à poils que comme ça. Faut dire que je me suis vu dans la glace et que j’ai l’air encore moins correct comme ça… Mais c’est pas grave vu que je suis plus interessé au bénéfice de l’érotisse de Maman. Le sesque il y a bien longtemps qu’on l’a rangé dans l’armoire aux souvenirs, avec tout notre bazar de notre jeunesse quand on était beaux ou plutôt pas trop moches. C’est comme ça et c’est pas autrement faut s’y faire.

Hier on a passé une bonne soirée avec l’Asticote à regarder la mer des pétasses pendant que la Divine elle écoutait son Vincent Vincent et l’autre grue chanter comme des tartes. Y paraît que leur nouveau cédé il est bien comme tout, avec des bonux et des suppléments dans le collector. Pour me faire pardonner mes agaceries va falloir que j’achète le machin sur le ternet. C’est bien beau mais je sais pas me servir de la boîte en plastique alors j’ai plus qu’à trouver une combine pour commander. Mais les colis ça marche pas fort – vu qu’on a toujours pas les saucisses de Gradoub ! – alors, avec un peu de chance, ça va me laisser un peu de temps avant d’entendre la fadaises de l’autre chanteur à la manque.

C’est bien des misères tout ça. Pour le reste, on verra demain.

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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