Illustrateur dont le talent est reconnu dans le monde entier, Marc-Antoine Coulon magnifie de ses crayons affiches de films, couvertures de magazines ou devantures de boutiques de luxe. Avant de découvrir ses prochains qui vont encore une fois surprendre son public, il a bien voulu nous confier ses coups de coeur de toujours et du moment.
Un album ?
J’ai beaucoup d’albums de prédilection et ça change toutes les semaines, mais il en est un que j’écoute énormément en ce moment, c’est le dernier album de Doriand qui s’appelle Portraits. J’aime sa voix, sa personnalité. C’est quelqu’un de rare et d’élégant.
Une chanson ?
Si la bombe atomique devait exploser demain et que je n’étais autorisé à n’emporter qu’une seule chanson avec moi dans mon abri, ce serait Citta’vuota de Mina. Une chanson italienne des années 1960 qui est une pure merveille que j’écoute en boucle depuis que j’ai 4-5 ans. Elle est une source d’inspiration inépuisable pour moi. Je dessine beaucoup grâce à cette chanson, à l’univers fantasmagorique qu’elle déclenche. Je suis sous son charme et son envoûtement. Elle a une histoire extraordinaire aussi, puisque son interprète avait été interdite d’ondes pour être tombée enceinte sans être mariée et cette chanson marquait son retour du purgatoire après une année d’absence et ce fut un immense succès.
Un clip ?
Il y en a un qui me touche énormément pour en avoir suivi toutes les étapes car j’étais photographe de plateau à ce moment-là, c’est Les Baisers de mon coeur, le tout dernier clip d’Annie Cordy qu’on avait tourné au Moulin Rouge, au Sacré Coeur et dans les rues de Montmartre. Il reste un souvenir extrêmement chaleureux pour moi. C’est difficile de réécouter ce morceau maintenant qu’elle est partie, tant mes émotions sont restées intactes.
Un film ?
J’aime beaucoup le film à sketchs Les Sorcières, avec Silvana Mangano, c’est très esthétisant et baroque, avec des costumes somptueux. Elle y est magnifique. Très récemment, j’ai adoré Un autre monde de Sébastien Brizé avec Marie Drucker qui se révèle une excellente actrice dans un rôle très grinçant. On y retrouve aussi Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain. Le film était en sélection à la Mostra de Venise cette année.
Une série ?
En ce moment, je suis complètement accro à la série Grace and Frankie avec Jane Fonda et Lily Tomlin. Je ne me suis abonné que récemment sur Netflix et j’ai passé mon été à regarder cette série dont j’attends impatiemment la suite. J’aime le charme et la grâce de Jane Fonda dans cette série et cette écriture tragi-comique, prenant les spectateurs pour des complices.
Un documentaire ?
J’en regarde énormément, mais il en est un qui m’a énormément plu et dont je n’attendais rien a priori, La Nuit est à elles de Carole Wrona sur les chanteuses qui ont fait la nuit parisienne dans les cabarets de 1919 à 1939. Un documentaire passionnant et très bien construit, avec de belles images d’archives.
Une exposition ?
Le Modèle noir au Musée d’Orsay, une sublime exposition. Je suis admirateur de ce musée, c’est toujours un plaisir de l’arpenter et cette exposition était très riche et intéressante, graphiquement, artistiquement, on n’était pas dans la posture, il y avait du contenu intéressant indépendamment du message diffusé dans l’exposition.
Un spectacle ?
Je vais citer à nouveau Annie Cordy que j’ai suivie en tournée pendant longtemps. Elle concevait son métier de manière à occuper les yeux et les oreilles du spectateur, elle soulevait les salles immenses comme les petites, en un claquement de doigts. C’est difficile ensuite de ne pas s’ennuyer devant un spectacle quand on a connu le tourbillon qu’elle était. Elle avait cette magie de pouvoir faire voyager les gens, de faire imaginer un décor qui était pourtant absent. Un de ses plus beaux spectacles était au Petit Journal Montparnasse où elle nous avait fait la surprise et le bonheur de chanter Stormy Weather. Elle l’avait déjà interprétée dans les années 1950 à New York de manière parodique, mais là, c’était magnifique, elle vivait le texte intensément. Un très beau moment.
Un photographe ?
Il ne travaille plus beaucoup maintenant et il m’avait fait le plaisir de m’exposer quand il tenait une galerie, c’est Just Jaeckin. J’étais amoureux de ses portraits de femmes en cheveux suspendus, des images poétiques, avec un érotisme particulier. Cela m’a beaucoup inspiré dans mon travail par la suite.
Un livre ?
Il y a La Maison de papier de Françoise Mallet-Joris, que j’ai tellement aimé que je n’ai pas pu lire pendant six mois les trois dernières pages pour ne pas être séparé de ses personnages et abandonner cette histoire.
Plus récemment, Mémoire de soie, d’Adrien Borne. Ce livre m’a bouleversé. Il faut le lire à l’ombre des persiennes, l’été.
Une bande dessinée ?
J’ai une héroïne absolue depuis l’enfance : Natacha, hôtesse de l’air, que ce soit pour les couleurs, le cadrage, la mise en page, c’est très cinématographique… Ce sont ces personnages qui m’ont notamment donné envie de dessiner.
Un plat préféré ?
J’aime de plus en plus le salé et j’ai une grande tendresse pour les spaghetti à la carbonara et spécialement ceux du Pied d’Achille, un petit restaurant à Rome qui ne paie pas de mine, mais où l’on mange divinement bien.
Une activité sportive ?
Je m’impose une discipline sportive rude et régulière. Je fais de la natation et de la musculation.
Une maxime dans la vie ?
« Quand on voit le verre à moitié vide, je me dis chic, c’est moi qui ai bu l’autre moitié », d’Inès de la Fressange. Je m’efforce à ce que cette maxime soit mienne également.
Votre actualité ?
Je viens de signer la couverture du magazine Transfuge avec Justine Lévy. Pour Noël, je signerai la décoration des vitrines Tiffany’s, notamment à New York. J’ai illustré une exposition pour la Fondation Bardot et qu’on pourra voir en novembre. Et récemment, j’ai signé l’affiche du film Rose, avec Françoise Fabian.
Merci Marc-Antoine !
