Dans un seul en scène drôle, émouvant et virevoltant, Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage, actuellement au théâtre du Marais, Marc Tourneboeuf s’impose comme un comédien (et auteur) à suivre. Le verbe haut et tout en verve, il nous emmène non seulement au Portugal, mais aussi en plein coeur de son palpitant…
En général, les titres à rallonge peuvent faire craindre le pire. Quand on en dévoile trop avec une formule légèrement alambiquée, cela peut être l’arbre qui cache la forêt, une diversion pour oublier que le reste ne suivra pas forcément. Que nenni ici. Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage est loin d’être une publicité mensongère. Le récit est effectivement poétique dans de nombreux endroits (il se termine d’ailleurs par du Pessoa), loin d’être “chiant” (de fait, on rit beaucoup), le personnage est réellement amoureux (même si à sens unique) et il nous raconte un voyage (qui comme Ulysse n’est pas forcément heureux). Un voyage non seulement au Portugal, mais aussi en son for intérieur, entre sa psyché et son coeur.
On a toujours une tendresse pour les loosers magnifiques, les Pierrot lunaires, les candides qui s’endurcissent. Ici, Marc Tourneboeuf incarne un jeune homme qui lui ressemble en apparence. Aux spectateurs de se faire leur opinion pour savoir s’il s’agit d’une autofiction ou d’un véritable travail d’imagination et de composition. Il joue un provincial monté à Paris dans l’objectif de se réaliser et tandis qu’il se confronte aux us et coutumes des gens de la capitale, il rencontre en boîte une belle Portugaise dont il va très vite tomber amoureux. Cela tombe bien, c’est réciproque ! Tant et si bien que sa promise l’invite à passer quelques jours au Portugal, à la rencontre de son patibulaire de père et de sa taiseuse de mère. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…
Passant de Charybde en Scylla que ce soit dans sa découverte de Paris, ou dans ses (més)aventures portugaises, Marc Tourneboeuf semble se démultiplier sur scène. Débit de parole mitraillette, jeux de mots à la Devos, inventivité à toute épreuve, mais aussi moments d’émotion et de poésie se succèdent. Et dans ce constat désenchanté sur l’amour, il parvient à imposer des moments de grâce et d’allégresse, avec un soupçon de politiquement incorrect. Pour sûr, cet auteur, comédien (et également metteur en scène pour d’autres spectacles) n’a pas fini de nous surprendre à l’avenir !
Au Théâtre du Marais (37 rue Volta 75003 Paris), les samedis à 20h jusqu’au 1er janvier 2022.
