On ne présente plus le comédien Xavier Lemaître, que l’on a pu voir récemment à la télévision dans les séries et téléfilms Crime à Saint-Afrique, Lupin et Jugée coupable. Avant de le retrouver dans de gros projets internationaux, il a bien voulu prendre le temps de nous faire part de ses coups de coeur.
Un album ?
J’ai des goûts plutôt éclectiques, ça va du métal aux polyphonies corses traditionnelles, j’écoute beaucoup FIP Radio. Mais je suis fan depuis ma jeunesse de Depeche Mode, je vais les voir chaque fois qu’ils viennent en concert en France. J’adore leur album Songs of Faith and Devotion sorti en 1993 et qui est un marqueur pour moi.
Sinon, je recommande l’album Gracious Mama Africa de l’artiste Dezarie, qui est formidable, du reggae un peu roots. Une voix cristalline sur de superbes rythmes.
Une chanson ?
Pleasure, Little Treasure, de Depeche Mode de leur album Music for the Masses qui donne la pêche et rappelle la nécessité qu’il faut prendre du plaisir pour n’importe quelle raison.
Et il n’y a pas très longtemps, j’ai découvert la chanson Goodbye du groupe Koudlam et qui est un peu électro et disco.
Un clip ?
See You All, du même groupe Koudlam qui est impressionnant alors qu’il semble n’avoir été filmé qu’au téléphone portable et où l’on voit deux bandes de hooligans s’affrontant en bataille rangée. C’est très violent, hallucinant, mais c’est à voir. Pareil, pour leur clip Alcoholic’s Hymn qui lui aussi est étonnant. On y voit des gens dans des pubs anglais qui ont l’air au bout de leur vie.
Sinon, il faut voir Rich bitch du groupe sud-africain Die Antwoord, chantant en anglais et en afrikaans. C’est totalement décalé, la chanteuse y explique haut et fort qu’elle ne cherche qu’à faire de l’argent, c’est très drôle.
Un film ?
Il faut aller au cinéma, car c’est l’occasion de voir du grand spectacle. Récemment, j’ai adoré Bac Nord qui a eu un joli succès mérité car la mise en scène de Cédric Jimenez est incroyable. En coups de coeur sinon, je recommande vivement de voir ou revoir Une journée particulière d’Ettore Scola, bouleversant de sensibilité et de pudeur avec Marcello Mastroianni et Sophia Lauren qui sont perdus dans leur solitude dans un monde au bord du chaos. C’est très touchant et poétique.
Et sinon, comme je suis un grand romantique, je revois régulièrement Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, car il y a une bonne vulgarisation des alexandrins et une performance stratosphérique de Jacques Weber dans un rôle pourtant secondaire.
Une série ?
Je regarde peu la télévision, mais j’ai beaucoup aimé la première saison de Validé de Franck Gastambide qui est très bien faite. Je me souviens aussi avoir adoré la série Chernobyl avec cette catastrophe qui continue de nous impacter et la série explique vraiment bien les processus qui ont conduit à cet accident épouvantable.
Et si on veut se faire plaisir, il faut revoir Absolutely Fabulous de Jennifer Saunders, c’est génial. Ou The Extra de Ricky Gervais qui est à pleurer de rire, totalement politiquement incorrect.
Un documentaire ?
Il faut absolument voir Anvil. L’histoire d’un groupe de hard rock canadien qui a influencé plein de groupes majeurs et qui a eu un gros succès avant de retomber dans l’oubli. Ce sont des artistes toujours passionnés, certains sont perchés et tout à coup, apparaît dans leur vie une attachée de presse italienne qui veut les relancer et leur organiser une nouvelle tournée. C’est très drôle et ultra touchant. J’espère qu’après ce documentaire, ils ont pu se relancer, c’étaient de telles stars à leur époque !
Une exposition ?
Il faut sortir, il y a tellement d’expositions à voir ! Récemment, j’ai vu l’expo Botticelli au musée Jacquemart-André, ainsi que l’incroyable collection des frères Morozov à la Fondation Louis Vuitton, une concentration d’oeuvres hallucinantes qu’on n’a pas souvent l’opportunité de voir… Et quand on a la chance d’habiter à Paris, il ne faut pas hésiter à revenir dans les grands musées comme celui d’Orsay et le Louvre. J’aime y retourner de temps à autre, même si j’agace ma femme et ma fille aînée, car je peux rester très longtemps devant une œuvre d’art…
Une œuvre d’art ?
Je suis toujours bouleversé par la sculpture en marbre blanc poli, L’Aurore de Denys Puech que l’on peut voir au musée d’Orsay. Une jeune femme à peine nubile, agenouillée et qui semble sourire aux visiteurs en écartant le rideau de ses cheveux. C’est tellement poétique !
Un spectacle ?
Je suis allé voir le spectacle Viens on se marre de Jéremy Lorca au Palais des Glaces. C’est très drôle et très sensible en même temps. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ri autant devant un one-man-show. C’est un comédien d’une justesse d’écriture et d’une sincérité incroyables. Il assume totalement son homosexualité et décrit sa propre vision des choses, du féminisme à sa propre sexualité en passant par la dépression, le véganisme, la mode. Ce n’est pas politiquement correct, mais cela ne verse jamais dans la vulgarité. C’est un artiste qui mérite vraiment qu’on le découvre. De manière générale, il faut aller au théâtre, surtout quand on a la chance de vivre dans une ville où il y en a autant.
Un photographe ?
J’aime beaucoup le travail d’Irving Penn, aussi bien ses natures mortes que ses photos issues du milieu de la mode, c’est d’une grande poésie, d’une magnificence absolue.
Sinon, il y a aussi David Sims qui travaille beaucoup pour Vogue et fait notamment des photos de mode. C’est un ami de ma femme et on a la chance d’avoir quelques photos de lui chez nous. Ou Laurent Darmon qui est un ami et qui est spécialiste de l’expression de la grimace joyeuse. Ou encore Matthieu Dorthomb avec qui j’ai eu la chance de travailler.
Un livre ?
J’aime beaucoup les romans de Daniel Pennac. Mais il faut lire le roman Le Cauchemar de Socrate de Stanislas Graziani, un scénariste et réalisateur qui a écrit un livre comme il ferait un film. On y suit un politicien moderne qui se retrouve dans la Grèce antique. C’est hilarant.
Il faut lire aussi Je ne suis plus inquiet du comédien Scali Delpeyrat qui est poétique, sensible, drôle aussi. C’est une succession de nouvelles qui apparaissent sans rapport et qui finalement, retranscrivent les états d’âme d’un personnage qui n’est ni plus ni moins que lui-même, entre névroses et petites habitudes, sans oublier son histoire familiale. De la poésie pure en prose.
Une bande dessinée ?
Je ne suis pas très BD j’avoue et pourtant j’ai un coeur de gosse. Mais quand j’étais enfant, j’étais fan de Rahan. C’était l’homme de la providence, découvrant le monde par hasard, rencontrant des tribus aux différentes problématiques… Il faut relire sinon Reiser, Claire Bretécher, Soeur Marie-Thérèse des Batignoles…
Une recette de cuisine ?
Un plat que je fais et que je réussis plutôt bien, c’est le congri. C’est d’origine cubaine et je l’arrange un peu à ma sauce. Un plat complet de riz, de légumes et un peu de viande. C’est plein de couleurs et de joie. Du riz dans lequel on fait revenir des poireaux avec de l’ail et des oignons, on ajoute un morceau de patate douce, des haricots rouges, du jambon en petits morceaux. Et une fois que tout est rissolé, on ajoute des épices et on laisse mijoter dans du lait de coco avant de rajouter de la banane plantain. Un plat familial, convivial, à partager.
Une activité physique ?
J’envisage de revenir vivre près de Bordeaux, ma région natale. Quand j’étais plus jeune, je jouais beaucoup au rugby, je faisais du surf l’été. Là, je continue à faire du rugby touch. Ça se joue à cinq contre cinq, c’est sans contact et tout le monde est le bienvenu, quel que soit son gabarit. Les joies du sport collectif sans se faire mal !
Une maxime dans la vie ?
« Ce qui est important, ce n’est pas ce qui nous arrive, mais la manière dont on le prend » que j’ai faite mienne et que je partage souvent à mes enfants. On peut avoir vivre une mauvaise journée par exemple, s’énerver, alors que ce n’est pas si grave.
J’aime aussi la prophétique « La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toute réflexion pour ne pas offenser les imbéciles » de Dostoïevski. C’est quand même assez effroyable maintenant de devoir faire attention en permanence à tout ce qu’on dit pour ne plus offenser qui que ce soit…
Il y a aussi « Le bonheur est toujours à la portée de celui qui sait le goûter » de La Rochefoucauld. Et c’est très vrai. Il faut savoir se contenter de ce qu’on a.
Votre actualité ?
J’ai eu la chance de tourner dans la saison 2 de la série Agent Hamilton, tournée en quatre films indépendants, avec Jakob Oftebro et Nina Zanjani. Une série d’espionnage scandinave, dans laquelle je joue le rôle du méchant, un milliardaire qui veut faire sauter la base navale de Toulon. Et j’ai aussi joué dans la série Les Sentinelles qui sera diffusée sur OCS. J’ai aussi de nombreux projets à venir dont je préfère ne pas parler pour le moment. Et je me suis mis sur Instagram, moi qui ne suis pas sur les réseaux sociaux !
Merci Xavier !
