“Journal d’un café de Campagne” : un roman authentique sur la ruralité d’aujourd’hui

Inspiré du réel, ce « Journal d’un café de campagne » de Pierrick Bourgault nous entraîne sur les chemins d’une campagne subsistante, parfois rêvée, souvent réelle.  Il fallait connaître comme lui la province – les territoires, comme l’on dit vilainement aujourd’hui – pour écrire un tel roman sentant l’expérience et l’enquête de terrain.

Ce livre est à classer au rayon des fictions, certes, mais il a valeur de documentaire. Pierrick Bourgault est un fin connaisseur de ces cafés restaurants situés au cœur des villages ou le long des routes, de ces établissements qui accueillaient le représentant de commerce, le voyageur sans façon, avec une sincérité bien éloignée des établissements cadrés et sérieux de la capitale. Lieux pour dispenser des liquides, bien sûr, nourrir les populations sédentaires ou passagères, mais aussi – et surtout – lieux de convivialité, d’échanges, espaces pour s’arrêter, déjeuner, aimer, parler…

L’Hôtel de France fournit le décor de ce récit. Il existe ou a existé forcement quelque part, témoigne de la vie d’autrefois et déclenche forcément dans l’esprit de ses visiteurs – et des lecteurs – un brin de nostalgie.

Yann et Lin sont tous les deux des commerciaux perdus dans la routine épuisante des marchés à décrocher, des startup, de la finance. La vie qu’il mènent à Paris est absurde et c’est ce qui décide Yann à reprendre l’Hôtel de France occupé tout récemment par sa tante décédée.

Plein de courage et d’illusions, il s’engage dans l’aventure, un peu seul tout de même car sa compagne a choisi de poursuivre sa carrière.

Taïvannaise d’origine, elle vient les week ends et certains jours, et peut ainsi assister moralement son compagnon, qui fait ce qu’il peut pour réussir l’aventure. Ses contacts avec le maire, certains de ses clients, des stagiaires – on l’a obligé à faire un stage pour bien comprendre la gestion de son établissement et comment « planifier » son commerce – le conduiront sur des chemins sinueux et compliqués, administration oblige !

Le chant des oiseaux, le ruisseau passant tout près, l’odeur des herbes du jardin, beaucoup de bonne volonté seront-ils suffisants pour poursuivre cette tâche de tous les jours ?

Le maire, obsédé par la modernité, « il faut être de son temps » sera t’il conciliant et compréhensif ?

C’est ce cheminement que l’on découvre dans ce joli livre. Pierrick Bourgault, fort de son expérience, nous entraîne – aux côtés de son double – dans cette aventure où tout est vrai.

Un roman qui se lit avec intérêt et presque gourmandise, à recommander à tous les « rurbains » et tout ceux qui songent à tenter l’aventure d’une nouvelle vie à la campagne, éloignée des fumées et de la vie oppressante des grandes villes.

Il ne faut pas s’y tromper : la chlorophylle et les petits oiseaux ne sont pas tout dans nos campagnes, souvent désertées par une population en recherche de travail et de vie moderne.

Pierrick Bourgault, en expert, nous le démontre aisément dans ce roman, œuvre salutaire et originale. Qu’il en soit remercié.

Journal d’un café de campagne, de Pierrick Bourgault, éditions Ouest-France, 15 euros.

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Historien, auteur de nouvelles, conférencier, rédacteur au Journal Le Chat Noir, on me présente souvent comme le spécialiste de Paris secret et insolite, rappelant en cela mon livre éponyme. C’est un peu vrai mais Paris dans son ensemble me passionne depuis toujours. La ville d’hier et d’aujourd’hui, ses multiples histoires et faits divers occupent mon quotidien. Incorrigible piéton, je parcours les rues parisiennes en tous sens, et mes découvertes sont nombreuses. Qu’elles soient théâtrales, littéraires, gastronomiques, les surprises sont souvent au rendez-vous, et c’est un plaisir de les partager.

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