Adèle Gascuel vient de faire paraître son tout premier roman, Les Nouveaux venus, qui ne va pas manquer de déstabiliser ses lecteurs. Également femme de théâtre, 2024 sera l’occasion de découvrir quelques-unes de ses dernières créations. En attendant de les applaudir, elle nous fait part de ses coups de cœurs du moment.
Un album de musique ?
Ghosteen, de Nick Cave : il arrive à toucher un endroit de très grande lumière sans jamais quitter un certain désespoir, d’une manière qui me touche énormément. C’est un album comme une prière, à la fois désarmante et évidente.
Une chanson ?
La première chose qui me vient, c’est Twinkle Twinkle Little Star ! Je suis parent depuis trois mois et avec ma compagne, on est plongées dans les chansons pour enfants…
Un clip ?
Je ne regarde jamais de clip… Éventuellement, je pense au court-métrage Rien de grave, des artistes Pierre Meunier et Marguerite Bordat, où des danseurs s’efforcent à danser un menuet dans la vase. C’est une métaphore à la fois drôle et juste de l’état de notre monde aujourd’hui.
Un film ?
Récemment j’ai été touché par Les filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania. J’ai trouvé fascinant le rapport entre fiction et réalité, ainsi que l’absence de complaisance et la tendresse qui se dégage pourtant du regard de la réalisatrice.
Une série ?
Unbelievable. Une mini-série qui dissèque les conséquences d’un viol dans une société où tout est fait pour que personne ne croit la victime – avec des actrices formidables.
Un documentaire ?
Nous, d’Alice Diop, pour l’intelligence sensible avec laquelle elle remet son histoire familiale dans un certain récit de la France, et pour la générosité qui se dégage des images qu’elle filme. Sans poser de jugement, elle rend justice.
Un roman / un essai ?
Donna J. Haraway avec son dernier essai, Vivre avec le trouble, a vraiment éclairé, bouleversé, nourri ma pensée.
Une bande dessinée ?
Je suis une grande fan d’Alessandro Pignocchi, toutes ses BD ! C’est très drôle et très politique à la fois, radical dans sa position écologique et pourtant doux… En plus, ses dessins sont magnifiques.
Une exposition ?
Je suis de près le travail du duo d’artistes “Art Orienté Objet”, qui creuse depuis plus d’une vingtaine d’années le rapport entre l’humain et l’animal, dans un travail qui mêle performance, sciences, pratiques rituelles et mystiques. Je n’ai pas pu voir leur dernière exposition aux Filles du Calvaire à Paris, Je suis contre, mais je ne peux que la conseiller !
Un photographe ?
Myr Muratet pour sa monographie Paris Nord, qui témoigne de la précarité dans les marges de Paris, tout en laissant la place, dans ses images, aux gestes de résistance et de persistance face à un environnement hostile.
Un spectacle ?
Carte Noire nommée Désir, de Rebecca Chaillon : une grosse claque pour parler des femmes françaises afrodescendantes et du racisme qui continue de traverser notre société.
Une recette de cuisine ?
J’ai un faible pour le chou-fleur rôti au paprika – une recette trop méconnue !
Une activité sportive ?
La randonnée, pour prendre le temps de s’oublier dans un paysage et laisser la pensée vagabonder avec les papillons, les pins et les bouses de vache.
Votre actualité ?
Mon premier roman, Les Nouveaux Venus, vient de paraître aux éditions Hors d’Atteinte, une super maison d’édition marseillaise. C’est un roman un peu SF, qui raconte l’arrivée d’un peuple étrange, peut-être extraterrestre, après une grande tempête dans Paris. Cela parle d'(in)hospitalité et joue aussi à secouer avec humour le monde occidental tel qu’il va.
Sinon je co-dirige avec Catherine Hargreaves la compagnie de théâtre les 7 soeurs. Nous créons cette année deux spectacles, Sirène 2428, une SF féministe que j’ai écrite, et Back to reality, un spectacle intime autour notamment de questions d’inclusion.
Merci Adèle !

J’ai très envie d’écouter, de lire et de regarder ce qu’elle propose. Merci, Julien !